Elle vous manquait, la voici : la chronique trimestrielle de Jérôme Pellistrandi, qui sera publiée également dans le Casoar. Mille mercis à lui. O. Kempf
Chronique septembre 2012
L’été aura été marqué par la crise syrienne et un certain immobilisme de la communauté internationale face à cette guerre civile. L’échiquier régional est tellement complexe que le moindre dérapage se transformera en une crise majeure aux effets non contrôlables. De plus, le calendrier international n’est guère favorable avec d’une part les élections présidentielles américaines du 6 novembre et d’autre part, la crise économique obligeant à de profondes coupes dans les dépenses publiques dont celles consacrées à la défense. Personne, du moins en Occident, ne prendra le risque de s’engager dans une nouvelle aventure militaire.
Pendant ce temps-là, l’Iran poursuit son programme nucléaire et les derniers rapports de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) ne sont guère optimistes en considérant que Téhéran a même accéléré ses travaux. Israël pourrait être tenté par une frappe préventive, alors même que le Président Obama est d’abord concentré sur les questions économiques pour garantir sa réélection. Autre foyer de tension, l’Asie du sud-est, où les rivalités Chine-Japon-Corée du Sud s’exacerbent notamment sur les mers pour le contrôle des ressources. Là encore, l’arrivée programmée d’une nouvelle équipe de dirigeants chinois devra être examinée de très près. Quel sera son programme ? Croissance économique et prospérité seront-ils compatibles avec une politique de bon voisinage, ou nationalisme et puissance seront-ils au contraire les futurs mots d’ordre à Pékin ?
Autre théâtre où la France est directement engagée, le Sahel, avec la quasi partition du Mali et le durcissement des Islamistes vis-à-vis des populations locales. Là encore, les choix seront difficiles et nécessitent que tous les acteurs africains s’investissent y compris militairement.
Etats-Unis
Le programme de construction du nouveau porte-avions USS Gerald Ford se poursuit avec la pose fin mai du bulbe d’étrave du navire, achevant ainsi une première étape se concrétisant par l’achèvement complet de la structure de la quille du bâtiment. L’admission au service actif est toujours fixée en 2015. Ce porte-avions de la nouvelle classe CVN 21 aura des dimensions impressionnantes avec une longueur de 335 mètres et un déplacement de 95000 tonnes. Il pourra mettre en œuvre un groupe aérien de 60 appareils.
Le prochain CVN, l’USS John Kennedy, sera opérationnel en 2020, son assemblage ayant débuté en février 2011. L’hélicoptère lourd de transport CH 47 fête ses cinquante ans. Le célèbre Chinook a été construit à plus de 1200 exemplaires et est en service dans 18 pays.
BRIC
Brésil
- Officiellement, la conception du premier SNA brésilien a démarré début juillet. La fin de cette phase d’étude est prévue en 2016 et la construction débutera alors pour une mise à l’eau en 2023 et une admission au service actif en 2025. Cet effort majeur s’appuie sur le programme des Scorpène construits avec l’aide de la France. DCNS est le partenaire majeur de la modernisation de la sous-marinade brésilienne.
- La Force aérienne brésilienne vient de recevoir 3 nouveaux hélicoptères d’attaque MI 35 de fabrication russe, disposant dorénavant de 9 appareils de ce type.
Russie
- Moscou a engagé les études pour se doter d’un nouveau bombardier stratégique à l’horizon 2025. L’objectif serait de remplacer la flotte actuelle composée de 63 TU 95 et de 13 TU 160 dont la conception date des années 70. D’ici là, les deux familles d’appareils seront modernisées avec le changement de leurs systèmes de vol. Le point faible restera la motorisation, dans la mesure où les turbopropulseurs et les turboréacteurs ne sont plus produits depuis la chute de l’URSS.
- Le troisième prototype du chasseur de cinquième génération T 50 a entamé les essais en vol du futur radar à antenne active. Pas à pas, le T 50 progresse avec un début de livraison désormais envisagé autour de 2015.
Chine
- Le 16 juin, Pékin a procédé avec succès à un lancement habité avec la première Taïkonaute chinoise. L’arrimage avec un module en orbite a démontré que les Chinois maitrisaient les techniques du rendez-vous spatial. Le programme des vols habités Shenzou s’inscrit dans une logique de puissance tout à fait analogue à ce que l’URSS et les USA connurent dans les années 60.
- De l’espace aux grandes profondeurs océaniques, la volonté chinoise est identique. Ainsi, à la mi-juin, un submersible d’exploration avec 3 hommes à bord a atteint la profondeur de 6000 mètres dans la fosse des Mariannes dans le Pacifique, démontrant sa capacité à travailler dans les grands fonds marins.
- Pékin aurait passé commande de 55 hélicoptères lourds MI 17 auprès de l’industrie russe.
Inde
- Dans sa course avec Pékin, New Delhi essaye de rattraper son retard. Son programme de porte-avions en est un exemple. Le PA Vikramadiya de construction russe – ex Gorshkov – vient d’entamer ses premiers essais à la mer. Il avait été mis en service en 1987, puis vendu à l’Inde en 2004. Le plan initial prévoyait une mise en service en 2008. Le retard sera d’au moins cinq ans. Parallèlement, le premier porte-avions de construction nationale, le PA Vikrant, est en cours d’assemblage depuis février 2009 avec l’aide de l’entreprise italienne Fincantieri. Un nouveau retard a été annoncé cet été et le navire ne sera pas opérationnel avant 2017, alors que la date encore en vigueur au printemps était 2014. Ces difficultés traduisent une certaine inadaptation des chantiers navals indiens à construire des bâtiments complexes, en raison du manque d’ingénieurs et surtout de techniciens qualifiés.
- A l’inverse, le programme d’avions de patrouille maritime se déroule bien avec le premier vol effectué en juillet du deuxième Boeing P8 destiné à la marine. La cible est de 8 P8. Le P8 est dérivé du Boeing 767 et succède au P3 Orion.
- En juillet, un nouveau tir d’essai du missile à capacité nucléaire Agni I a eu lieu.
Asie
- L’instabilité croissante de la zone a amené le Japon et l’Australie à signer un accord de coopération pour le partage du renseignement, l’ « intel-sharing » afin de faire face aux ambitions de Pékin.
- Le deuxième porte-aéronefs de la marine australienne, le HMAS Adelaïde, a été lancé début juillet en Espagne. Il a été transféré cet été vers l’Australie pour y être achevé à flot. Son admission au service actif est fixée en 2015. Le premier navire, le HMAS Canberra, avait été lancé en février 2011.
- La Nouvelle-Zélande a annoncé un budget de la défense 2012-2013 de 2,2 milliards de dollars en quasi stabilité. Compte-tenu des évolutions stratégiques en cours dans la région, la Navy et l’Air Force verront leurs moyens augmenter tandis que ceux de l’Army vont légèrement baisser. Ainsi, les 6 avions de patrouille maritime du type P3 Orion vont être modernisés, tandis que 2 avisos (OPV) vont être achetés. Par ailleurs, les vénérables hélicoptères Iroquois seront remplacés par les NH 90.
- La Corée du Sud s’apprête à annoncer son choix pour son futur avion de combat. 3 appareils sont en concurrence pour une commande de 60 engins : le F 15, dont Séoul possède déjà 60 exemplaires acquis depuis 2002, le F 35 et l’Eurofighter Typhoon. Nul ne doute que le lien spécial avec Washington sera préservé. Le montant prévu portera sur plus de six milliards de dollars. Séoul a également engagé un nouveau programme portant sur l’acquisition de 36 hélicoptères de combat. Là encore, 3 candidats ont été sélectionnés : le Boeing AH 64 Apache, le Tigre d’Eurocopter et enfin le T 129 de fabrication turque.
- Singapour souhaite s’équiper de 4 sous-marins, pour lesquels le Scorpène français semble être en position favorable.
- Cette course au sous-marin s’est ainsi concrétisée à la fin août par la mise à flot par la Russie du premier exemplaire de la classe Kilo destiné au Vietnam. Hanoï avait commandé en décembre 2009 6 sous-marins à livrer d’ici 2016. Ces Kilos permettront aux Vietnamiens de mieux être présents face à l’expansion de la marine chinoise. La patrouille maritime est aussi modernisée avec la livraison début septembre du premier appareil de type C 212-400 commandé auprès d’EADS. 3 C 212-400 sont ainsi prévus avec un système de mission de conception suédoise.
- L’Indonésie souhaiterait se doter de chars de combat fournis par l’Allemagne. Les Leopard 2 A4, d’occasion, seraient ainsi vendus entre 800000 et 1,5 million d’euros pièce.
Maghreb
Maroc
- Rabat a reçu la totalité des 24 avions de combat F 16/D.
- Pour la marine, la FREMM en construction à Lorient va bientôt débuter ses essais à la mer pour une livraison en 2013. La troisième frégate du type Sigma de construction néerlandaise, sera quant à elle, livrée cet automne.
Algérie
- marine algérienne a confié l’entretien de certains de ses navires à l’industriel espagnol Navantia. La modernisation se fera en Espagne, à El Ferrol, alors même que Navantia voit son plan de charge fortement réduit.
- L’Egypte aurait trouvé un accord avec l’Allemagne pour la fourniture de 2 sous-marins U 209.
- Israël pourrait se doter d’un second escadron d’avions F35A avec une vingtaine d’avions supplémentaires. De même, une dotation de 6 à 8 convertibles V 22 est à l’étude pour le déploiement rapide de troupes héliportées.
Afrique subsaharienne
- Le Cameroun a commandé un avion de transport CN 235 à Airbus Military pour ses besoins en transport aérien militaire.
- Les besoins accrus en contrôle des zones littorales amènent les pays côtiers à renforcer leurs capacités de surveillance. Ainsi, le Bénin a pris livraison du troisième patrouilleur construit par le chantier naval français Océa. Ce navire mesure 32 mètres et peut atteindre la vitesse de 30 nœuds.
- Simultanément, Océa achève 3 vedettes de 24 mètres pour le Nigéria.
- L’Afrique du Sud recevra ses 4 derniers avions de combat Gripen d’ici la fin de l’année. La prochaine étape dans la modernisation de ses armées touchera la marine avec le projet d’achat de trois corvettes pour lequel l’Adroit développé par DCNS est candidat. Ce nouveau navire armé par la marine nationale y a effectué d’ailleurs une mission dans le cadre du soutien à l’exportation.
Défense dans le monde
- Le Kazakhstan a confirmé qu’il était un gros client d’Eurocopter avec une nouvelle commande portant sur 20 hélicoptères EC 725, complétant ainsi un achat de 45 engins du type EC 145. Les ressources pétrolières de la mer Caspienne lui offre ainsi de vastes possibilités de financement.
- La Colombie envisage d’acheter à nouveau des canons pour son artillerie. La cible serait de 12 LG1 MK III de 105 mm proposés par NEXTER. En 2010, l’industriel français avait déjà vendu 20 canons. Pour la marine, ce sont 2 sous-marins d’occasion qui viennent d’être rachetés à l’Allemagne. Les 2 U 206 avaient été mis en service en 1974 et 1975 par la Bundeswehr et ont subi une remise à niveau et une tropicalisation avant de rejoindre le nouveau port d’attache.
- La livraison au profit de l’Arabie Saoudite des premiers véhicules Aravis produits par NEXTER devrait débuter en fin d’année. La première tranche comprend 73 engins. Une deuxième porterait sur 191 blindés. Simultanément, une troisième tranche de 32 canons de 155 mm Caesar viendrait compléter le parc des 100 Caesar déjà acquis, faisant de ce pays le premier utilisateur du canon français.
- Le Qatar a exprimé son intérêt pour l’acquisition d’hélicoptères de combat Boeing AH 64. 24 engins seraient achetés pour un montant de 3 milliards de dollars. Un temps, l’hélicoptère Tigre d’Eurocopter avait été étudié.
- La pandémie grippale H1N1 de 2009 a finalement fait plus de morts que prévu. L’OMS avait annoncé environ 18500 décédés de ce virus, or les études épidémiologiques ont montré que le nombre de décès était dans une fourchette entre 150 et 575 000 morts ; les moins de 65 ans ont représenté 80% des morts. Le Sud-est asiatique et l’Afrique cumulent 51% des morts pour 38% de la population mondiale. L’échec de la campagne de vaccination qui avait été faite en France ne doit donc pas occulter le fait qu’une pandémie grippale reste possible et que ses conséquences pourraient être dramatiques, notamment dans le cadre d’une mutation du virus H5N1 autrement plus létal.
Défense en France
- Les besoins en transport maritime stratégique restent centraux dans la capacité d’engagement des forces. Ainsi, la compagnie maritime CMA-CGM, dont le siège est à Marseille, a été retenue dans le cadre du prochain contrat d’affrètement. 5 navires vont être construits pour répondre à l’appel d’offre. 2 de ces 5 navires seront en permanence employés par le ministère de la défense.
- En juin, la DGA a notifié le programme de la future radio tactique Contact. Le poste Contact sera amené à se substituer à l’actuelle famille des PR4G. Ce programme majeur entre dans le cadre de la numérisation des forces et du renforcement de l’interopérabilité. Une première tranche de 4400 postes est prévue avec une livraison à partir de 2018. Contact s’appuie sur les principes de la radio logicielle et pourra également être exporté comme le PR4G actuel. Le montage des radios sera effectué notamment à Cholet.
- Fin juillet, 2 hélicoptères NH 90 ont été livrés avec le 7° exemplaire destiné à la marine et le deuxième pour l’ALAT.
- Un démonstrateur de radar très longue portée (TLP) va être construit d’ici 2015. Le TLP devrait être capable de détecter des missiles balistiques ayant une portée jusqu’à 3000 km. Ce TLP pourrait participer à la Défense antimissile balistique de l’OTAN.
- La DGA engage les études sur la prochaine génération de satellites militaires destinés à remplacer à partir de 2019 le système Syracuse III actuellement déployé.
Armée de terre
- A la fin juin, le 400° exemplaire du VBCI a été livré. Le programme a débuté en 1996 et les premières livraisons ont débuté en mai 2008. La cible reste fixée à 630 VBCI pour un montant total de 2,86 milliards d’euros. Le coût unitaire est de 4,53 millions d’euros. Le dernier exemplaire devrait être livré d’ici la fin 2015. A ce jour, le VBCI n’a pas été exporté, malgré l’intérêt de certains pays dont l’Espagne. Le VBCI doit rester en service jusqu’en 2040.
- 993 Petits Véhicules Protégés (PVP) ont été livrés sur un total prévu de 1133 engins.
- Le système Félin destiné à l’infanterie et commandé en près de 22600 exemplaires a déjà été déployé avec près de 7200 systèmes livrés aux régiments d’infanterie.
- Le programme de Missile Moyenne Portée (MMP) destiné à remplacer l’actuel Milan a fait l’objet de plusieurs propositions des industriels. La cible serait de 3000 nouveaux missiles d’ici 2020.
- En juin, la DGA a commandé 5 drones supplémentaires Sperwer pour l’armée de terre. Ces drones seront livrés d’ici la mi 2013 et sont fabriqués par Sagem. Les Sperwer subsistant verront aussi leurs modules GPS remis à niveau.
Marine
- Le premier tir d’une torpille MU 90 à partir de la FREMM Aquitaine a eu lieu début juillet, marquant un nouveau jalon dans la mise au point du navire. La deuxième FREMM destinée à la marine sera mise à l’eau à Lorient en octobre.
- Quasiment à la même période, la DGA a procédé au premier tir du missile de croisière naval (MdCN) dérivé du SCALP mis en œuvre par les avions Rafale. Le MdCN équipera les FREMM ainsi que les SNA Barracuda. Il a une portée de plusieurs centaines de kilomètres.
- Le premier quai flottant destiné aux FREMM a été installé à Brest. Cette construction en béton est pour la première fois sur 2 étages afin de mieux séparer les différents flux : véhicules, marins, eau, électricité,…
- Le quatrième L-CAT destiné équiper les BPC sera livré en octobre, marquant ainsi la fin (temporaire) du renouvellement de la batelerie de la marine.
Armée de l’air
- Début juillet, l’armée de l’air a mis en service son nouveau Centre de coordination mobile permettant la coordination des tous les intervenants dans la troisième dimension sur un théâtre.
- Dans le cadre de la modernisation de la formation initiale des pilotes à Salon de Provence, un nouveau cursus a été mis en place avec l’externalisation du parc avion désormais constitué de monomoteurs Cirrus SR 20. Cassidian, filiale d’EADS, est en charge de ce contrat. 20 appareils sont prévus.
- Le premier Rafale Air devant être modernisé a été convoyé puis pris en charge par les Ateliers Industriels de l’Air de Clermont Ferrand. Les AIA travaillent également sur le retrofit des 10 premiers Rafale de l’Aéronavale qui avaient été mis sous cocon.
- Le Transall R 18 qui avait participé à l’opération sur Kolwezi en 1978 est arrivé définitivement au Musée de l’air au Bourget.
Gendarmerie
- Le transfert de la Direction Générale a eu lieu cet été avec une installation dans le fort d’Issy les Moulineaux qui a été entièrement rénové. A terme, 1500 gendarmes et civils travailleront au siège de la DGGN.
- Une brigade fluviale a été créée à Metz pour faire répondre à l’accroissement du trafic fluvial (marchandises et tourisme) sur le réseau mosellan.
- Une dixième vedette d’intervention maritime dans la bande côtière des 5 nautiques a été livrée début juillet. 2 autres bateaux sont encore attendus d’ici la fin de l’année
- Les terminaux Tetrapol des véhicules d’intervention de la gendarmerie vont être équipés d’un équipement GPS permettant de les localiser dans le cadre de leurs missions par les PC opérations.
Service de Santé des Armées
- Le Salon Eurosatory a été l’occasion de montrer pour la première fois une nouvelle production spécifique au SSA avec du plasma lyophilisé utilisable au profit de blessés.
- La première pierre des nouveaux locaux de l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées (IRBA) doit être posée courant septembre à Brétigny. Ces locaux accueilleront les entités actuelles de Grenoble et de Marseille dans le cadre de la restructuration du pôle recherche du SSA.
Sécurité
- Le remplacement de certains bombardiers d’eau devient urgent avec le choix d’un futur appareil polyvalent. Airbus Military a ainsi proposé son avion cargo C 295 qui serait capable de larguer 6 tonnes d’eau. Au début de l’été, les personnels navigants ont fait grève pour souligner l’obsolescence et la réduction des moyens dévolus à la lutte contre les feux de forêt.
Industries de défense
- Le constructeur naval Piriou, implanté à Concarneau, s’est associé avec DCI pour lancer la production d’un Bâtiment de Formation Maritime (BFM), l’Almak, qui sera basé à l’Ecole navale et qui sera utilisé pour l’instruction des élèves officiers étrangers formés par DCI sur ce site. Le navire sera livré dans un an et pourra accueillir 16 stagiaires.
- Panhard aurait exporté une quinzaine de véhicules du type PVP auprès de la Roumanie. Le PVP a déjà été vendu au Chili et au Togo. Ce type de commande à l’exportation est crucial alors que les commandes françaises risquent de s’achever. Pour Panhard, l’avenir va d’ailleurs passer par une association avec Renault Vehicules Trucks (RTD), permettant aux deux constructeurs de disposer ainsi d’une gamme de produits très complète.
- L’établissement de la DCNS à Saint Tropez vient de fêter ses cent ans. Il est spécialisé dans la production de torpilles. Actuellement, il prépare la future torpille lourde F21 qui devra équiper les SNLE et les SNA Barracuda à partir de 2015.
- Le carnet de commande de DCNS atteint 14,2 milliards d’euros et représente un plan de charge d’environ cinq ans.
Europe
Royaume-Uni
- Malgré la très forte contraction de l’effort de défense, Londres n’a pas renoncé à certaines ambitions stratégiques, notamment dans le domaine de la dissuasion nucléaire. Ainsi, fin mai, un premier contrat a été passé avec BAE Systems pour l’étude du design des futurs SNLE destinés à remplacer les actuels 4 Vanguard. Le montant est conséquent avec 350 millions de Livres. Cette nouvelle génération appelée provisoirement « Successor » devrait entrer en service à partir de 2028. En 2016, une décision définitive, la « main gate », sera prise notamment sur le format : 4 ou 3 SNLE. L’objectif est d’assurer la pérennité de la dissuasion nucléaire britannique jusqu’en 2060 ! En juin, un autre contrat majeur a été passé auprès de Rolls Royce pour 1,1 milliard de £. Il s’agit de construire le septième exemplaire du réacteur destiné au 7° SNA de la classe Astute, le HMS Ajax. Le contrat inclut également le prototype du réacteur PWR3 pour le futur SNLE Successor.
- Le SNA Turbulent a été retiré du service à la mi-juillet à Plymouth, après 28 ans de vie opérationnelle.
- Les avions de ravitaillement VC 10 viennent de fêter leurs cinquante ans de service. En 2013, ils seront remplacés par les Airbus A 330 MRTT.
- Le programme de l’avion de combat F 35, estimé à 138 appareils pour les besoins britanniques, représenterait environ 24000 emplois et générerait 30 milliards de Livres pour l’économie nationale.
Allemagne :
- Berlin envisage désormais de se doter de drones armés d’ici 2015.
- Le projet de combattant du futur, Gladius, poursuit sa route avec une commande de 300 systèmes individuels. 10 équipements avaient déjà été livrés pour des expérimentations. Gladius doit permettre au fantassin de mieux s’intégrer dans un environnement numérisé et de bénéficier également d’interfaces avec les véhicules de combat l’accompagnant.
- La frégate Köln, tête de série de la classe 122, a été retirée du service actif le 31 juillet après 28 ans de mise en œuvre. Les navires de cette classe seront remplacés par les nouvelles frégates de la classe 125 entre 2016 et 2020.
Espace
- Arianespace a tiré sa 64° fusée Ariane V début août. Ce tir marquait le cinquantième succès consécutif du lanceur européen. Au mois de novembre, la conférence interministérielle de l’ESA doit statuer sur le futur du lanceur européen avec deux options possibles, soit une version modernisée, Ariane 5 ME, soit un nouveau lanceur, Ariane 6.
- La sonde américaine Curiosity s’est posée avec succès le 6 août sur la planète Mars. Cet exploit technologique montre à la fois l’audace conceptuelle de la Nasa ainsi que sa maîtrise technologique, malgré l’abandon des vols habités depuis plus d’un an.
- Au cours de l’été, la NASA a également effectué la revue du design de son futur lanceur lourd SLS destiné à mettre en orbite de très lourdes charges à l’horizon 2020.
Défense européenne et OTAN
- L’Eurofor de Florence a été fermé et dissout cet été. Cet état-major avait été créé en octobre 1995 et regroupait quatre pays : la France, l’Espagne, le Portugal et la nation-hôte, l’Italie. L’Eurofor a été très peu engagé en opération : Joint Guard en 2000-2001 en Albanie, Concordia en 2003 en ex-Macédoine puis Althéa en 2006-2007 en Bosnie-Herzégovine. Il avait également pris le commandement du battlegroup 1500 lors du tour d’alerte du deuxième semestre 2011. Bref, une idée généreuse mais qui n’a pas abouti en raison de l’absence de réelle volonté politique d’employer cet état-major. Cette dissolution a été une forme de soulagement, notamment en raison des économies induites.
- Le programme des sous-marins de l’Espagne se poursuit plutôt laborieusement sous le double impact de la crise budgétaire que connaît le pays, mais aussi sous l’effet des difficultés techniques que rencontre Navantia, le constructeur. A la mi-juin, la jonction des sections arrière du premier S 80 Isaac Peral a été effectuée aux chantiers de Carthagène. La livraison est toujours prévue pour mars 2015. Les S 80 avaient été commandés en 2004 pour une première entrée en service en 2014. A terme, l’armada souhaiterait acquérir 2 S 80 supplémentaires. Le S 80 est proposé à l’exportation, en concurrence avec les Scorpènes français, dont il est d’ailleurs issu. Toutefois, il semble peu réaliste qu’un pays ne l’achète tant qu’il n’a pas été mis en service dans la marine espagnole. Le désarmement structurel espagnol s’est accéléré avec le retrait du service de plusieurs matériels au cours de l’été ; ainsi, le patrouilleur Chilreu, ancien chalutier reconverti en 1992, a été désarmé. Le sous-marin Siroco de la classe Agosta a lui aussi été désarmé après 29 ans de service à la mer représentant 2300 jours de mer. A ce jour, l’armada ne dispose plus que de 3 sous-marins S 70 en attendant le premier S 80. De plus, le S 73 Mistral va connaître son quatrième grand carénage pour un montant de 25 millions d’euros, le rendant indisponible pour environ une année. Pour l’armée de terre, les obusiers automoteurs M 109 de 155mm ont été stockés pour une durée de 2 ans, en attendant un éventuel abandon. De même, en l’absence de financements pour les remplacer par de nouvelles batteries Patriot, 6 batteries Hawk vont être prolongées. L’Ejercito disposera ainsi de 36 lanceurs triples Hawk et d’une batterie Patriot à 4 lanceurs. Pour l’armée de l’air, c’est l’Eurofighter qui est remis en cause avec l’annonce probable du retard de l’achat de 12 exemplaires. Madrid est censé disposer de 87 appareils pour un montant de 9,255 milliards de dollars. L’armée de l’air vient aussi de retirer du service un avion de patrouille maritime du type P3A Orion, après 39 ans de service. Ce vénérable appareil construit en 1965, avait été transféré aux Espagnols en 1973. Au final, le budget du ministère de la défense est en baisse de 8,84% par rapport à 2011.
- La Belgique a lancé le processus d’acquisition de deux patrouilleurs pour sa marine. Ces navires, d’une longueur de 55 m, pourront atteindre la vitesse de 20 nœuds et seront armés par un équipage d’une trentaine d’hommes. Par contre, en raison des retards sur le programme NH90 dans sa version navalisée, les 4 derniers hélicoptères Sea King vont être prolongés jusqu’en 2014 avec des pièces détachées rachetées à la marine australienne qui vient de retirer du service ses propres Sea King après 35 ans d’emploi.
- La Suède étudie une version navalisée appelée Sea Grippen dans le cadre de la future génération de son chasseur Grippen NG. Le Sea Grippen pourrait intéresser des pays comme le Brésil.
- Faute de budget suffisant, la Roumanie envisage de prolonger la carrière de ses MIG 29 jusqu’en 2018.
- Le Canada a fini de recevoir l’ensemble de ses 17 avions de transport tactique C 130J.
- La Pologne, quant à elle, a commandé auprès d’Airbus military, 5 avions cargo CN 235 supplémentaires. Au total, Varsovie disposera de 16 CN 235.
- Le programme A 400M connaît des difficultés à cause de son moteur, le TP 400. Le premier exemplaire destiné à l’armée de l’air française ne sera plus livré fin 2012 mais plutôt à la fin du printemps 2013.
L’Europe est bien rentrée dans une glaciation stratégique traduisant son effacement inéluctable voire irréversible sur la scène internationale. La crise économique majeure, l’affaiblissement du sentiment européen et le sentiment que les risques ne sont plus aux frontières entraînent désormais un véritable désarmement structurel du « vieux continent ». Le retrait en cours du théâtre afghan et les relatifs succès contre la piraterie dans l’Océan Indien peuvent donner une illusion de puissance. Mais hélas, il ne faut pas être dupe et bien faire cet amer constat. La révision du Livre blanc sera l’opportunité de poser clairement le débat et de savoir si la France veut encore peser dans le Monde. Une baisse drastique de notre effort de défense se paierait par une perte d’influence notable et surtout par la fragilisation de notre position au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Renoncer par défaut serait un scénario catastrophe inenvisageable. Il n’en demeure pas moins que le statut de membre permanent du Conseil de sécurité impose une exigence accrue. Et là, un effort de pédagogie est indispensable notamment vis-à-vis de Bruxelles et des instances communautaires totalement déconnectées des réalités stratégiques du Monde. A défaut de vouloir réellement participer au règlement des affaires mondiales, il ne faudrait pas que la technocratie européenne freine le peu d’ambition qui reste.
Dans les semaines à venir, Washington, Tel Aviv, Téhéran, et Damas risquent bien de focaliser tant l’attention que les tensions. Une étincelle pourrait mettre le feu au baril de pétrole !
Jérôme Pellistrandi
Sources
- Air et Cosmos
- Le Marin
- Cols Bleus
- Mer et Marine
- Portail des sous-marins
- Janes