note: 8/10
Je cultive une vision assez manichéenne des films d’amour. Vous avez d’une part ceux dont les scénarios seraient susceptibles de vous arriver, puis ceux qui paraissent tout droit sortis d’un roman de Nicholas Sparks. Ce mec c’est un peu le Marc Lévy de la comédie romantique. Toutes les histoires qu’il écrit se ressemblent et ça en fait de très bons films du dimanche. Tenez, par exemple, j’ai regardé The Lucky One le week-end dernier. C’était vraiment niais (j’adore la BO), pourtant the Lucky One ressemble à un tas d’autres films qu’on a – nous les filles – en dvd sur une étagère et qu’on se repasse avec les copines en bouffant du popcorn et en gloussant comme des dindes. (ma liste: Love Actually, The Holiday, The Notebook, PS: I love You, Price and Prejudice)
D’un autre côté, il y a ces films un peu rêches, sans effets spéciaux dans les sentiments. Des histoires sans happy end, sans fin tout court. Le film reste en suspens comme un miroir de nos vies. Ceux où la réalité n’est pas photoshopée, où les protagonistes sont bourrés de défauts (aussi de qualités) et qu’on a du mal à mettre dans une case (bon ou méchant?).
Take this Waltz est le second long-métrage de l’actrice et réalisatrice canadienne Sarah Polley, après l’acclamé Away from her (un petit bijou que je conseille également). L’histoire est racontée du point de vue de Margot, jouée par la lumineuse Michelle Williams. Margot et Lou (Seth Rogen), un couple en apparence sans histoire, mariés depuis cinq ans, vivent dans une banlieue de Toronto. Elle, est journaliste freelance, a des aspiration d’écrivain, mais on la sent un peu paumée dans ses envies. Lui écrit des bouquins de cuisine et plus particulièrement des recettes de poulet. On relève très rapidement une grande tendresse et une complicité enfantine au sein de leur couple mais il y a quelque chose qui cloche. Enfin, surtout chez Margot. Dès le début du film, elle explique qu’elle n’aime pas être entre-deux, qu’elle a peur d’avoir peur. C’est pour ça qu’entre deux correspondances d’aéroport, elle emprunte un fauteuil roulant. Ca la rassure. Et dans la vraie vie, elle fait comment?
On peut dès lors imaginer la pagaille provoquée par l’irruption de Daniel (Luke Kirby) dans sa vie, un inconnu croisé un week-end, qui se retrouve dans le même avion de retour qu’elle et qui s’avère habiter en face de chez elle. Daniel est ce qu’on peut appeler dans une vie “le coup de coeur impromptu qui vient foutre le pagaille dans un couple”
Ce film raconte le bordel de l’amour, il est plein de désirs et d’attirances. Il montre la solitude et l’effritement des sentiments. Il affiche la tentation et l’appétit d’autres horizons. Parfois on a l’impression que la réalisatrice a taillé une tranche de vie pour la mettre en image, sans mettre de gants. Des scènes crues, des dialogues sensuels, des scènes poétiques, des situations cocasses se succèdent comme s’il pouvait nous en arriver de semblable. Le tout servi par des acteurs justes et attachants.
On balance entre comprendre Margot et la rejeter. Elle bien humaine après tout dans son indécision.
Après le visionage du film, vous serez forcément hanté par la chanson Video killed the radio star (The Buggles) mais aussi Take this Waltz de Leonard Cohen dont la chanson a indéniablement inspiré le titre de ce film.
En attendant la sortie du film le 31 octobre prochain en France, voilà quelques chansons tirées du film pour vous mettre dans le bain.