Infortunés fortunés

Pourquoi, dans les années quarante, certains de nos pères ou grands-pères ont-ils résisté à l’occupant allemand ? Eh bien, tout simplement pour empêcher la France de devenir une province du Reich, pour pouvoir continuer à parler français, pour ne pas devenir Allemands.  Pauvres Jean Moulin, Pierre Brossolette, et tant d’autres, morts pour rien, faute d’avoir compris que, dans l’avenir, des hommes n’auraient qu’une seule patrie, l’argent !

Craignant de se voir dépouillés d’une partie de leurs revenus ou de leurs biens, certains entrepreneurs fortunés auraient décidé d’abandonner la nationalité française. Ils oublient que, si leur réussite est due à leur travail et à leur talent, leur pays natal leur a procuré éducation et environnement favorable et que ce sont des travailleurs français qui ont fondé la valeur de leurs marques. M. Fillon comprend leur démarche. Et alors ? Même si on comprend les raisons qui peuvent conduire un miséreux à voler, il n’en demeure  pas moins que ce vol demeure un vol. De la même manière, même si on peut lui trouver des raisons, la fuite de ces déserteurs conjugue la lâcheté à l’ingratitude.

Un contribuable soumis à la taxe de 75% en préparation et ayant juste franchi le seuil millionnaire se retrouverait, impôts payés, disposant de quelque 1700 euros par jour, davantage que le revenu mensuel moyen de ses compatriotes. Ce rapport de un à trente devrait lui préserver une certaine aisance. Mais, et c’est peut-être là où le bât blesse, il ne serait plus en mesure de prendre part à la compétition des propriétaires de yachts privés d’une longueur dépassant 75 mètres, course dont le vainqueur serait actuellement ce pauvre Bernard Tapie. 

Et si ces brillants sujets supportent fort bien de ne plus vivre en France, ils ne vont pas, le plus souvent, jusqu’à se risquer dans des pays non francophones.