J’interviens régulièrement, depuis près de 20 ans, sur des dossiers à caractère dit corporel, de tout type : accident domestique,accident de sport, accident de la circulation et accident du travail. Ces dossiers ont un point commun : des conséquences corporelles pour la victime. Les accidents, et plus spécifiquement les plus sévères, se caractérisent par un chamboulement de la personne et une trajectoire d’avenir qui évolue soudainement et dramatiquement. Les dernières découvertes sur le cerveau le corps et le système immunitaire, démontrent, si c'était nécessaire, que la personne accidentée ne sera plus la même.
Rien ne sera véritablement plus « comme avant ».
Paradoxalement, les débats permanents sur la difficulté d’homogénéisation de l’indemnisation des victimes évoquent toujours les termes « d’indemnisation et/ou de réparation ».
Les expériences acquises sur le traitement direct de plus de 300 dossiers et indirect de plus de 3000, montrent que le besoin essentiel d’une victime est de se reconstruire et de retrouver un désir d’avenir.
La notion de résilience est bien celle qui doit servir de guide pour accompagner cette personne dans ses besoins. L’indemnisation et la réparation ne sont donc que des éléments parmi d’autres pour cet objectif. N’est il pas temps de replacer le débat dans ce bon sens qui correspond à notre esprit, à notre biologie? Les autorités, les assureurs, les associations de victimes, les médecins, ne devraient ils pas repenser leur approche de l'indemnisation et de la réparation sous cet angle.
Boris CYRULNIK nous dit que "l'entourage" est primordial, il cite un chercheur (dont je dois retrouver le nom...) qui a mis en évidence qu'une personne privée de parole pendant trois semaines, voit sa zone corticale de la parole s'atrophier...Elle dépérit. Comment permettre à la victime de retrouver une nouvelle trajectoire de vie sur la base réaliste de ce qu'elle est, et de ses nouveaux besoins?
L'argent reste un moyen important certes, mais sans empathie, il reste si peu efficace!