De ce point de vue son intervention de Dimanche soir est clairement
insuffisante. Certes elle lui a permis, enfin, d’aborder des perspectives à
moyen et long terme. Elle lui a permis de s’affirmer dans son rôle de grand
timonier de la France et de réaffirmer la gravité de la situation et la
nécessité de faire des efforts. Pour autant, elle ne sera probablement pas
suffisante pour rassurer pleinement. Car il ne suffit pas de fixer un cap mais
encore faut-il être crédible sur la manière d’y parvenir, à commencer par le
calendrier.
Qui peut croire qu’avec ce qui a été annoncé, et un taux de croissance
estimé par Hollande lui-même à un optimiste 0,8%, qu'il n'y aura que 2 années
difficiles, que 2 années suffiront pour « à la fois mettre en oeuvre
une politique pour l'emploi, pour la compétitivité et le redressement des
comptes publics » ?
Qui peut croire que dans de telles conditions, la courbe du chômage
s’infléchira significativement d’ici
un an ?
Qui peut croire qu’il suffit d’attendre 2014 pour pouvoir enfin avoir les moyens de « construire une société plus humaine, plus juste, plus harmonieuse » ?
Pour être crédible, il aurait également fallut être un peu plus précis qu’il
ne l’a été. Ou l’Etat va-t-il trouver les 10 milliards d’économies qu’il prend
à sa charge ? Comment l’Etat va-t-il trouver les 10 milliards qu’il va
réclamer aux grosses entreprises sans pénaliser leur activité en France ?
Quelle forme va prendre l’augmentation des prélèvements de 10 milliards sur les
ménages ?
Enfin, pour être crédible, il aurait du parler d'Europe, de politique
industrielle et d’une manière générale des moyens qu’il compte mettre en œuvre
pour engager la réindustrialisation de la France et rééquilibrer son commerce
extérieur. Or, sur ces points on a compris qu’il ne fallait compter que sur une
hypothétique baisse des charges des entreprises et sur la Banque Publique
d’investissement. Pas certain que ce soit suffisant !
La suite nous le dira, mais François Hollande n’a probablement pas encore réussi à rassurer les français qui en ressortiront avec l’impression que la réflexion n’est pas encore tout à fait aboutie, pour employer un doux euphémisme. A lui de nous prouver le contraire.