TF1: Hollande nous demande d'être réaliste

Publié le 10 septembre 2012 par Letombe

François Hollande était sur TF1, dimanche 9 septembre, quelques minutes avant 20 heures trente. Cravate bleue nuit, costume noir, il semblait ferme devant une Claire Chazal sans sourire.
« Le gouvernement n'a pas perdu son temps » s'est-il défendu. Sans doute, certainement, même si le microcosme médiatique pensait qu'une décennie se rattrapait en quelques jours pendant le mois d'août.
La véritable information du soir fut le calendrier:  « Je vais fixer un agenda du redressement: deux ans». Réapprendre le temps du réel après l'agitation inutile des 5 dernières années. Sur ce point là, nous pouvions être d'accord. Hollande précise: «  Deux ans pour l'emploi et le redressement des comptes publics ».
Claire Chazal s'impatiente. « Il faut accélérer ? J'accélère.» réplique-t-il maladroitement. Pourquoi accélérer ? Pour faire plaisir ?
« Le cap c'est le redressement de la France. » Tout le monde sera d'accord. La France est abîmée. Hollande promet grand: « Le financement de l'économie » via « la réforme bancaire, et la création de la BPI ».
Puis, au détour d'une question, une réponse évidente, comme pour clore quelques-unes de ces stupides polémiques.

«Je ne vais pas faire en 4 mois ce que mes prédécesseurs n'ont pas fait en 5 ou 10 ans.»

Et il complète: «  je suis en situation de combat ». Sur l'agenda social, il promet une loi si les partenaires sociaux ne se mettent pas d'accord d'ici Noël.

« Les salariés doivent être mieux protégés, les entreprises doivent être plus soutenues

Le gouvernement fera ses propositions (sur le financement de la protection sociale) au mois d'octobre, à la suite de la remise du rapport de Louis Gallois, l'ancien patron d'EADS. Hollande n'évacue pas les sujets épineux:  « La CSG fera partie de la discussion. Les prélèvements écologiques également. »
Et il promet: « Nous devons inverser la courbe du chômage d'ici un an », avec une prévision de croissance qu'il juge réaliste pour 2013: « inférieure à 1%, sans doute 0,8% ». Y-a-t-il un arbitrage à faire en faveur d'une politique de relance contre le redressement des comptes publics ? Non.

« J'ai dit pendant la campagne que je maîtriserai la dette. Il faut faire le sérieux budgétaire et la croissance. »

Et il cite le logement, la Banque publique d'investissement, ...
Il confirme l'ambition: 30 milliards d'euros d'efforts à trouver. Il annonce les grandes lignes, sans craindre la fureur de certains. De son temps, Nicolas Sarkozy n'avait jamais osé avant l'examen des projets de loi de finances. Il se cachait. Hollande prévient: 10 milliards d'euros par des économies budgétaires, puis la suppression de niches fiscales des grandes entreprises, pour 10 milliards également. Et 10 milliards d'impôts supplémentaires pour les ménages. Hollande n'avait pas peur. La mesure ne sera pas populaire. Il précise que la taxation exceptionnelle à 75% concernera aussi les sportifs. Et il annonce: « Nous allons créer un taux marginal de 45% pour les revenus de + de 150.000 euros
Sur les impôts, Hollande fit une autre précision: le barème de l'Impôt sur le revenu restera gelé, mais un système de décote sera créé pour les deux plus basses tranches, afin de ne pas léser les classes moyennes.
Sur l'affaire Bernard Arnault, le président rappelle quelques principes patriotiques: « Etre Français, c'est à la fois recevoir, et donner à son pays.» Mélenchon, plus tôt, était plus offensif, à juste titre. Le capital est apatride, rappelait le leader du Front de Gauche.
Sur la lutte contre la délinquance, Sarkozy « ne faisait pas ce qu'il fallait et sans la dignité qu'il convenait ». Claire Chazal ose une question sur les Roms. Hollande défend Valls. « Il y avait 15000 Roms. Ils ne sont pas arrivés en 4 mois ». Puis, Valls « a fait son devoir » en « appliquant les décisions de justice ». « Dignité et respect de la loi » résume-t-il. L'argument est court et ne calmera pas la polémique.
Sur l'horizon, Holland fixe le timing: « Mon cap, c'est un quinquennat. »


« Je sais où je vais. Je m'expliquerai régulièrement devant les Français. (...)


L'agenda du redressement, c'est 2014.»


C'était dit.
Nous pouvions être critiques.
Mais Hollande nous demandait d'être au moins réalistes.
Tiens, Claire Chazal avait oublié de parler du traité budgétaire.

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