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Oncle Sam sur le derrière

Publié le 10 septembre 2012 par Copeau @Contrepoints

Le nombre d’Américains exclus du marché du travail atteint des sommets. Plus de 46 millions d’hommes et de femmes se nourrissent grâce aux bons alimentaires.
Par David Descôteaux, depuis Montréal, Québec.

Oncle Sam sur le derrière
Ça fait dur en Espagne. Un homme, dont la famille est sans emploi, a décidé de s’amputer un bras pour toucher 600 000 euros de son assurance. Un cas extrême d’un nouveau type de fraudes qui émerge depuis l’éclatement de la crise, relate le journal El Pais. Les fraudes par nécessité économique.

Aux États-Unis, on ne s’ampute pas les membres. Mais on les utilise de moins en moins. Le nombre d’emplois créés a encore déçu en août. Et le nombre d’Américains exclus du marché du travail — découragés ou parce qu’ils décident de retourner à l’école faute de trouver un emploi, par exemple — atteint des sommets. Le taux d’activité des Américains s’est enfoncé à 63,5%. Un creux depuis septembre 1981. En juin, plus de 46 millions d’hommes et de femmes se nourrissaient grâce aux bons alimentaires (food stamps). Un record, encore !

Que faire ?

Les prétendant à la présidence Mitt Romney et Barack Obama rivalisent de promesses pour créer des emplois. Pourtant, après avoir dépensé des centaines de billions de dollars, lancé des stimulus et des programmes de toute sorte depuis quatre ans, l’économie continue à végéter. On voit que les dépenses gouvernementales exercent un effet limité sur l’emploi (surtout qu’elles sont financées à crédit, et auront le malencontreux effet de détruire des emplois dans le futur, quand la facture — et les taxes — arrivera).

Alors on se tourne de plus en plus vers la planche à billets. Celle de la banque centrale (la Fed). Encore ici, les espoirs sont mal placés. Non seulement l’impact des « assouplissements monétaires » et des taux d’intérêt bas sur la croissance sont limités. Mais comme le rappelait cet été la Réserve fédérale de Dallas, une telle politique engendre plusieurs effets indésirables. Notamment, elle stimule de mauvais investissements (malinvestment) dans l’économie — qui résultent par exemple en une bulle immobilière —, et encourage le gouvernement à remettre à plus tard son ménage dans les finances publiques.

Mais surtout, la planche à billets redistribue la richesse à l’envers ! Et accroît les inégalités de richesse. Un but avoué du président de la Fed, Ben Bernanke, est de stimuler le marché boursier. Or en « imprimant » de l’argent pour maintenir élevé le prix des actifs financiers, on aide ceux qui en possèdent. Et c’est loin d’être la majorité des familles. La banque centrale d’Angleterre a admis elle-même, dans un rapport, que cette politique a surtout aidé le 10% des familles anglaises les plus riches… Ajoutons que les taux d’intérêt artificiellement bas amplifient le problème des régimes de retraite, en les empêchant d’obtenir des rendements suffisants.

Un long retour

La vraie guérison se produira quand les Américains auront fait le ménage dans leurs finances, et payé leurs dettes. Quand on a passé les 20 ou 30 dernières années à s’endetter, normal que le processus de désendettement prenne du temps. La dette des ménages américains est passée d’un sommet de 98% du PIB à 84%, notait récemment le Wall Street Journal. Ce dernier cite la firme de consultants McKinsey, qui prévoit que la phase de désendettement des Américains durera encore au minimum deux ans. Peut-être plus. Et une fois enclenchée, la reprise demeurera modeste. Comparée à l’économie dopée au crédit des dernières décennies.

Les beaux discours de Mitt Romney ou de Barack Obama ne changeront rien à cette réalité. Les Américains ont entamé une longue marche de retour à la maison. Et le mieux que les politiciens peuvent faire, c’est se tasser du chemin. Et nettoyer leur propre cour. Ou leurs déficits monstrueux (plus de 1000 milliards par année depuis 4 ans !) finiront par provoquer une crise plus grave encore.

Quant à nous, Canadiens, nous devrions prendre des notes, du haut de notre montagne de dettes. Un destin semblable pourrait nous attendre.

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