Eiffel en interview

Publié le 09 septembre 2012 par Lordsofrock @LORDS_OF_ROCK

INTERVIEW – Romain Humeau était de passage en Suisse pour faire la promo du dernier album d’Eiffel FOULE MONSTRE, fraichement sorti. Nous ne pouvions pas rater l’occasion de lui poser quelques questions sur ce disque et de prendre de ses nouvelles. Entretien.

Lords of Rock : Comment ça va depuis la dernière fois, content de faire un peu de promo en Suisse ?

Romain Humeau : Je suis content que des personnes veuillent tchatcher avec nous pour savoir comment on fait les choses, bien sûr, et notamment en Suisse car finalement ça fait un bon moment qu’on n’a pas eu de promo ici. Et sinon, on ne s’est pas vu depuis 4-5 jours avec le groupe, depuis que le disque est sorti, on s’est parlé par téléphone. Moi j’essaie de ne pas trop penser à la sortie de l’album, je fais d’autres trucs. J’ai fait une nuit blanche et j’ai enregistré d’autres choses… je suis parti ce matin de Bordeaux après avoir enregistré des trucs toute la nuit. La sortie d’un disque c’est un moment toujours particuliers et le risque c’est de s’accrocher qu’à ça, savoir si il marche etc… et c’est bien de faire d’autres choses, notamment de la musique. Et puis aussi être avec Estelle et notre fille, c’est la rentrée scolaire, c’est hyper important.

En écoutant l’album j’ai senti beaucoup de teintes électro, notamment au niveau rythmique, surtout dans les premières chansons. Qu’est-ce qui vous a poussé à partir dans cette voie ?

L’envie de mettre des choses qu’on a toujours aimé, ce n’est pas nouveau chez nous d’écouter les Beastie Boys, Wu Tang Clan, Cibo Matto et puis dernièrement LCD Soundsystem, Gorillaz, on a toujours aimé ça, Depeche Mode aussi. Et lorsqu’on a vu que l’album précédant A TOUT MOMENT marchait plutôt bien, on s’est dit qu’il ne fallait pas refaire le même truc. Il y avait cette envie là, d’utiliser des machines, mais attention pas pour faire de l’électro-rock, je ne suis pas un grand fan, c’est pas mon truc. Ce que j’aime bien, c’est faire des emprunts. Emprunter à telle musique, une sonorité. Ca peut être des trucs à la musique arabe ou alors une boum machine. Et cette volonté est devenu plus accrue pendant la tournée d’A TOUT MOMENT. J’avais écrit quelques chansons, certaines que j’ai jeté par la suite et je me suis dit on va forcer l’aspect un peu gadget du son pour qu’il y ait un contre poids avec les textes qui sont parfois tendus ou triste. Et on n’est pas que des « rocker bordelais », oui on aime le rock, mais aussi la pop, le folk et d’autres trucs et on avait envie de rigoler avec ça. C’est un disque pop, mais on aime bien aussi quand ça part en couille et que ça crie.

Qui sont les personnage de cette « Foule Monstre » , quel est le concept de ce titre d’album ?

Il n’y a pas de concept. Il y a une idée sous-jacente derrière, mais sans concept. Il y a des rappels dans l’album, c’est un mot qui revient souvent.

Aussi en lien avec la pochette…

Et avec la pochette bien-sûr. J’ai entendu une fois un philosophe à la télévision qui disait que le foule peut être parfois monstrueuse. Je cherche souvent les expressions communes que les gens utilisent et j’essaie d’y trouver leurs racines. Et en l’occurrence pour celle-ci, il y a foule monstre c’est il y a beaucoup de monde. Et je trouve dingue qu’on utilise le mot monstre, et c’est l’ambiguïté car les masses, les attroupements de gens, ça donne des choses merveilleuses et puis des choses horribles. Et pourtant, toi, moi, chacun, faisons partie de cette masse là, l’humanité. Et quand tu chantes la vie en société, je trouve pas mal de pouvoir évoquer cette expression de masse, de foule et de la décrire comme très belle et parfois horrible.

Les deux titres qui m’ont marqué c’est "Libre" pour son côté psyché, un peu fou et la dernière de l’album "Puerta del Angel" pour le mélange des langues et des genres.

"Puerta del Angel" ça me fait plaisir, car c’est un peu l’essai de l’album. C’est inspiré de musique comme celles de Gilberto Gil, de musique chaudes, de bossa avec tout petit soupçon de flamenco, que j’adore. C’est une porte musicale avec deux couplets et après on part dans une mesure asymétrique et les guitares électriques arrivent, mais pas rock n’roll. C’est le morceau qui est le plus inspiré par Radiohead. Je ne suis pas un grand dingue de Radiohead, mais il y a des trucs que je trouve très réussi chez eux. Des fois c’est un peu trop Luthérien, un peu froid, mais il y a des belles choses dans les inventions et ça c’est un emprunt à ce qu’on a pu entendre chez Radiohead.

Radiohead plutôt récent et électro ou les premiers albums plus rock ?

Milieu de carrière, après OK COMPUTER. Des disques comme AMNESIAC, KID A. J’aime beaucoup le morceau "Pyramid Song", qui joue d’ailleurs sur un mode hispanisant.

Il y a de nombreux featuring, dont celui avec Bertrand Cantat, ce n’est plus une surprise. C’est une longue amitié ?

Elle n’est pas si longue que ça, on s’est rencontré sur DES VISAGES DES FIGURES. On n’a pas arrêté de se voir durant toute cette période. Et la musique c’est vraiment un détail, on est lié par des choses plus importantes que la musique. Lorsqu’il est venu sur A TOUT MOMENT les gens ont cru que c’était une histoire de maison de disque. Il fait les chœurs sur le titre "A Tout Moment la Rue", à l’époque Bertrand ne pouvait pas parler et on avait essayé de faire une chanson à deux, comme ça. C’était trop tôt pour lui, c’était en 2008. Et on s’est dit pour plus tard. Et pour "Lust of Power" j’avais écris deux couplets, le premier et le troisième, il y avait donc un place pour lui. Et ce que je trouve intéressant, c’est que pour le refrain on disparaisse et ce sont les fameuses Mysterious Nansouty’s Girls qui chantent. Je parle de Bertrand comme je pourrais parler de mon frère qui joue du basson. Je ne sacralise pas, c’est quelqu’un de bien, un très bel artiste, mon frère aussi, Joe Doherty aussi. Et ce que j’aime bien dans cette chanson, c’est qu’elle emmène plein de gens, dont Bertrand, dont ces filles qui ne veulent pas dire leur nom, il y a Joe Doherty, il y a un emprunt à la musique de John Coltrane dans le passage du saxophone. Il y a plein de trucs, il y a l’idée de la soif de pouvoir et on dit tous ce qu’on en pense, même les filles qui chantent dessus.

Il faut tout de même une oreille attentive pour se dire « ha tiens c’est Bertrand », vos voix se ressemblent quelque peu…

On nous dit souvent ça, mais j’ai pas l’impression qu’on a des voix proches… Je trouve qu’il a une voix avec plus de timbre que moi, plus éraillée aussi.

Ce titre m’a énormément fait penser à "Je m’en irai Toujours" que l’on retrouve sur ton album solo L’ETERNITE DE L’INSTANT, principalement au niveau des couplets.

Totalement, c’est une partie de ce morceau, c’est une redite volontaire. J’ai beaucoup aimé faire ce disque solo en 2005 et le public l’a apprécié. On m’en parle souvent, j’ai eu envie de le faire, j’ai envie d’en faire d’autres. C’est dommage qu’il n’a pas rencontré plus d’auditeurs. Et je me suis dit que j’allais réutiliser cette harmonie assez particulière pour "Lust of Power". Les deux premiers accords c’est un rapport de triton, c’est un intervalle qui était interdit au Moyen-Age, c’est assez symbolique. Le début c’est le même avec les trois accords et la rythmique mais c’est produit totalement différemment et après ça se barre ailleurs. Cette chanson est très influencée par "Viva la Woman" de Cibo Matto, dans le son avec des nanas qui chantent… On voulait faire une chanson un peu rap, avec de l’humour, mais on n’est pas des rapeurs… Un côté "Hey Bulldog" des Beatles. Une chanson qui ne soit pas trop violente. Violente rythmiquement, mais pas que ça gueule.

La tournée débute prochainement, elle est gigantesque avec énormément de dates. Est-ce que c’est toujours un plaisir d’être sur scène ou c’est aussi une façon de faire la promo du dernier album ?

On est musicien et quand t’es musicien de pop, de rock, tu fais des disques et des tournées. Moi j’aime ça, il n’y a pas de soucis. Il s’avère de plus en plus que les tournées peuvent promouvoir les disques, c’est vrai. Après il va falloir tenir, il y a beaucoup de dates, les salles sont plus grandes. Notre répertoire maintenant c’est environ 110 chansons et il faut faire des choix. On a sélectionné 35 titres, on ne les jouera pas tous les soirs.

Rendez-vous donc le 27 octobre au Pont-Rouge de Monthey !

Chronique de l’album FOULE MONSTRE


Ecrit par Anthony Golay - Le 09 sep 2012


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