Il n’y aurait pas de penseur, avec la pose obligée, s’il n’y
avait un fleuve, une rivière, un cours d’eau.
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Jeter à l’eau
Lissant le temps comme on étire ou caresse
glissant le temps comme on chante sans fin
la rivière ouvre sur l’ouvert à longs coups de rush
ininterrompu jusqu’au vertige à travers moi
lame de jour qui me fouille et m’envahit de frais
un souffle énorme sans voix me pousse sa lenteur
au fond des yeux lavés par la lumière liquide
respirée à cœur en me disant tu perds ta vie
fous-la au fleuve avec les fantômes et la fatigue
couche-la folle au fil de l’eau qui va toujours
je demande au flux peignant les herbes et le regard
qu’on m’en aille ! emportez-moi ! plus rien
Pont du Nord ou pont de Nantes ou pont d’Avignon,
le bal dessus la mort dessous, c’est la fête à l’aplomb du noir qui passe, être
puni pour ça, tomber, tomber à l’eau, la rivière est un lit pour les pucelles
et les rieuses, celles qui dansent et celles qui chantent sans écouter la loi
qui range ni sans entendre la fin venir.
Vendeuvre
sur Barse Entre
deux Eaux
Ludovic Janvier, Des rivières plein la
voix, promenade, L’Arbalète) (Gallimard, 2004, pp. 146 & 226/227
Ludovic Janvier dans Poezibao :
bio-bibliographie,
extrait
1, extrait
2, extrait
3, extrait
4, ext.
5,