L'insolence des riches

Publié le 09 septembre 2012 par Jplegrand

Le pouvoir de l'argent n'est pas combattu par le gouvernement

Il semble acquis que le gouvernement français n'a pas l'intention de combattre le pouvoir de l'argent. Il a beau se nommer "socialiste", aucune mesure d'envergure pour rompre avec le capitalisme n'est prise et  les riches peuvent continuer à dominer la société française avec des lois qui sont taillées sur mesure pour leur domination.

Selon le Parisien, l'ex-candidat du Front de gauche à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon a estimé dimanche que "les riches" qui, comme le patron de l'empire du luxe LVMH, Bernard Arnault, veulent s'installer à l'étranger, étaient des "parasites".
"C'est très vexant ce qu'il fait. J'ai regardé son argumentaire: il dit que c'est parce qu'il va faire des +placements sensibles+", a déclaré M. Mélenchon au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro.


"C'est humiliant pour nous Français, pour nous Européens. La liberté de circulation des capitaux est totale en Europe (...) C'est humiliant pour les Belges. Qu'est-ce que c'est que ce Belge de circonstance qui va avoir une nationalité uniquement pour faire de l'argent ? Moi, je serais belge, ça me vexerait à mort", a dénoncé le coprésident du Parti de gauche.
"Quand on a 40 milliards d'euros de fortune, comme c'est le cas de ce monsieur (...), est-ce que vous ne croyez pas qu'il y a une limite ?", s'est interrogé l'eurodéputé.
"Chez nous, nous avons l'habitude de ça. Les riches, les importants, les puissants n'ont d'autre patrie que l'argent. Ils n'aiment pas leur patrie", a-t-il lâché. "Ca suffit. Ces gens sont des parasites, voilà ce qu'ils sont. Et donc, dans l'éco-socialisme auquel nous aspirons, ils n'ont pas leur place".
"Donc s'il s'en va, au revoir. Mais sa fortune et ses moyens, ils appartiennent à ceux qui les ont produits par leurs efforts", a-t-il prévenu.

Voilà un discours qui a le mérite de la clarté. Certes un tel discours ne change pas les choses à lui seul mais il montre effectivement que les riches en général n'ont pas de patrie autre que celle de l'argent, de son accumulation, de sa spéculation, de sa rentabilité. Toute la société est sous l'emprise de cette mécanique destructrice du capitalisme car l'argent dans le stade actuel du système est devenu l'instrument suprême de la domination d'une classe ultra-minoritaire et violente sur l'immense majorité des êtres humains de la planète. Une violence qu'ils exercent par le commerce de la guerre, les répressions anti-populaires, la destruction des services publics et sociaux, la haine de ceux qui refusent le monde fondé sur leur système, l'idéologie permanente de leurs médias corrompus qui distillent des visions négatives de l'être humain, favorisent les divisions et combattent l'union  pacifique  et démocratique des peuples exploités.

Les Français ne se font aucune illusion sur François Hollande qui a été élu surtout parce que nos concitoyens voulaient en finir avec Sarkozy. Ils n'ont aucune illusion mais ils exigent  puisqu'il est le dirigeant exécutif de la nation,qu' il réagisse face à l'insolence des grands capitalistes et à leur parasitisme. Or il n'en est rien. Et les citoyens l' expriment  lorsqu'ils disent à 57% que François Hollande ne répartit pas équitablement les efforts demandés entre tous les français.  Si Hollande veut que cela change il va falloir qu'il secoue le cocotier des injustices et surtout qu'il s'attaque aux grands capitalistes qui jouent contre la France  la spéculation et le paiement d'une dette qu'ils ont créée. Mais cela va être très difficile pour Hollande car en soutenant le Pacte budgétaire européen, il s'est lié les pieds et les poignets à ceux de Merkel et tous deux se font les avocats d'un système irrémédiablement condamné, d'une période qui inéluctablement va s'achever et qui pourrait donner aux peuples des  intentions de plus en plus assurées de penser autrement le fonctionnement du monde, voire des volontés d'en finir avec le système et toute sa classe politique. Car ce qui  travaille dans la société française mais aussi en Grèce, en Espagne , en Italie, loin des sphères savantes de la grande bourgeoisie et de la société bien pensante, c'est une accumulation de colère qui pourrait exploser partout et pas seulement dans les quartiers populaires.

Cette explosion sociale sera vaine si elle ne se donne pas les moyens de la conquête politique et démocratique du pouvoir et des pouvoirs à tous les échelons de la société. Les expériences de nos frères latino-américains méritent vraiment d'être étudiées car elles puisent dans leur universalisme et leurs particularités des éléments très instructifs pour le combat révolutionnaire des autres peuples. Les premières tentatives du Front de gauche de représenter l'embryon de ce courant démocratique sont intéressantes, mais il y a encore un énorme chemin à parcourir.

Quand je disais que nous entrons dans une période pré-révolutionnaire, voire révolutionnaire, certains en doutaient. Ils sont de plus en plus nombreux à penser pourtant que c'est certainement ce qui se passe. Mais les transitions de société se font par des accumulations d'événements pas toujours perceptibles ou parfois au contraire par des ruptures brutales ou même très surprenantes. L'essentiel pour que la rupture serve les intérêts populaires, c'est que le peuple puisse s'éduquer politiquement, culturellement, professionnellement,  qu'il se méfie des manipulateurs politiques en les repérant et en les isolant, qu'il s'éduque à la lumière des expériences des autres peuples et puisse s'auto-organiser dans sa diversité dans tous les lieux de vie pour décider de devenir le décideur par l'exercice de sa souveraineté.

C'est un projet nécessaire et qui sera celui qui nous permettra d'échapper à la  barbarie que l'on veut nous imposer et que les puissants  exercent déjà dans de multiples endroits de la planète en sacrifiant dans leurs guerres criminelles et leurs destructions massives des solidarités conquises de hautes luttes,  des millions d'êtres humains.