Didier Vaiser, le chevrier de la face sud de la Sainte Victoire

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages


Didier Vaiser

Avec sa barbe, son béret et son sac à dos, Didier Vaiser a tout du berger provençal, entouré de ses trois chiens au milieu du plateau de Saint-Antonin sur Bayon. Seul l’accent du chevrier vient trahir ses origines belges. Arrivé en décembre dernier sur le versant sud, le berger y a installé une "septantaine" de chèvres : “en tout bon belge qui se respecte, je voulais faire de la vache mais les chèvres c’est plus facile”. Didier pratique la transhumance inversée, il est descendu avec ses bêtes depuis Simiane-la-Rotonde dans les Alpes-de-Haute-Provence.

C’est l’équipe du Grand site Sainte-Victoire qui l’a mis en relation avec des propriétaires terriens de Saint-Antonin. Et son arrivée a eu un rôle très intéressant sur le versant sud : “sur les sites natura 2000, il faut laisser les chemins ouverts et les chèvres, c’est un moyen de les entretenir de manière écologique”. Le berger belge, qui est hébergé sur Rousset, s’est bien acclimaté à la Sainte-Victoire. Didier commence à faire les marchés de la région.

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L'insoutenable amour de la Nature

Le premier commentaire (je l'ai repris dans une note) laissé par Didier Vaiser à la Buvette "Le loup arrive. A grandes enjambées. Comme dans tant d'autres territoires. Et ... je m'en réjouis ! Je dois être fou !" a suscité une réaction incrédule et hostile d'un "Jean-Marc" anonyme.

"Le fait d'être un peu sceptique me fait douter sur la véracité d'un témoignage. Ce n'est pas en soit une preuve même s'il est bien écrit. Je peux, nous pouvons tous faire un témoignage analogue.Dans celui-ci, il n'y a aucun cadre aucune possibilité de vérifier. Je peux comprendre qu'il veuille rester dans l'anonymat mais pourquoi alors nous inviter à le rencontrer? Ou ? dans quelle étagère? Est-ce vraiment un retour d'expérience? Est-ce un simple discours de propagande?

Le fait que vous tous soyez animés dans cette même idéologie, que vous ne puissiez pas douter un seul instant me fait penser que ce la peut être un faux retour d'expérience. Votre aveuglement m'interpelle quelques part. Comme on dit dans le jargon populaire, ça pue un peu! non?"

Et bien NON, jean-Marc. le témoignage de Didier est vrai. C'est ton rejet de la Nature et de la cohabitation qui "pue"!

Pour Didier, "Il faudrait peut-être arrêter ce crier au loup et pointer les vrais responsables du manque de viabilité de nos exploitations :

  • l'ouverture des marchés aux importations importations intra- et extra-européennes de viande à bas prix (l'agneau néo-zélandais par exemple),
  • les dizaines de milliers de chiens errants (si pas centaines de milliers),
  • les tracasseries d'identification à fins de traçabilité (de plus en plus onéreuses et qui n'ont d'autre but que de tuer les petits éleveurs et de pousser en avant un système de plus en plus productiviste et industriel)
  • la spéculation immobilière,
  • le dictat des grands groupes (grandes surfaces, coop)".

Cette réaction ne surprend pas Didier : "Voilà bien beaucoup d'agitation parce que je prends une position par trop inhabituelle, voire gênante pour certains confrères, chasseurs ou autre "gestionnaire" de la nature!"

"La problématique du retour du loup et de son impact sur les systèmes d'élevage est évidemment infiniment plus complexe que ce qu'a pu le laisser croire mon premier commentaire.

Exemple : habituellement le loup ne s'attaque pas ou rarement à un troupeau constamment (24/24 7/7) sous la garde d'un berger. Voici une règle qui, par exemple, est allégrement violée sur les hauts plateaux du Vercors. Le brouillard fréquent semble lui donner une nouvelle assurance.

Il faudrait en réalité noircir des centaines de pages afin de pouvoir cerner un peu mieux le problème. Et s'intéresser aux pratiques des voisins directs (Italie, Espagne) mais aussi plus lointains.

Quelles que soient les solutions choisies, je pense pour ma part que l'abattage n'est jamais une solution. C'est le lamentable échec d'une espèce qui se croit supérieure ou toute puissante.

Je n'ai, il est vrai, encore jamais subi d'attaque de loup, mais bien de chiens errants. Si le loup devait toutefois se faire les dents sur une ou plusieurs de mes "poulettes" (comme je les appelle), il n'y aurait qu'un seul responsable : moi. Pour n'avoir pas mis en oeuvre les moyens nécessaires à leur protection. Mais je crains d'avoir toujours un coup de retard, d'être constamment dans l'adaptation à ses stratégies de prédation. Et je m'apprête à vivre avec."

Mais pas de la chasse

Pour Didier, "Il n'y a pas d'espèce gibier dans des pays où la nourriture n'est pas une ressource rare. On crève de trop de bouffe mais on continue à flinguer à tout va ! Allez comprendre." Gibier? A part celui de potence voilà bien une catégorie qu'il refuse à accepter. "Il y a autour de nous une faune et une flore qu'il faut respecter, mieux connaître et très rarement gérer. Et pas forcément avec force plombs."

Didier Vaiser croit à l'analyse de François Terasson et ressent cela comme une volonté délibérée d’éliminer tout ce qui n’est pas sous notre contrôle. "La civilisation Anti-Nature est réellement en marche".

Quand il aura du temps, Didier va écrire pour la Buvette, qui s'en réjouit...