Quand la France se réveillera en 2.0 et en TRES haut débit - n°6

Publié le 09 septembre 2012 par Anne Onyme

Je ne suis pas sûr que je vais arriver au bout de ce projet de livre ... Mais en attendant voilà le chapitre suivant ... Remarques ?

Voir l'introduction ici . Le chapitre 1 ici ... Le chapitre 2 ici ... Le chapitre 3 ici ... Le chapitre 4 ici

Vers une autre organisation de notre système économique…

L’Internet, comme les autres innovations capitales qu’on fait les Etres Humains au cours des âges, n’est pas neutre, disions-nous. Loin de là… Il tend en effet à reconfigurer non seulement tout notre système économique, mais aussi toutes nos organisations politiques, administratives, sociales, etc.. Et ce n’est semble-t-il, que le tout début… 

Voyions d’abord comment fonctionne notre système économique traditionnel, que nous appellerons le 1.0, à l’instar de la première version de Word (voir le chapitre introductif explicatif sur le 2.0). Donc avant l’arrivée de l’Internet. Quels ont été les outils utilisés pour le faire fonctionner jusqu’à présent ?..  Puis nous nous verrons comment l’Internet avec ses propres outils commence à chahuter le système 1.0. Quels sont les « bugs » du système 1.0 qu’il répare ? Quelles sont les nouvelles fonctionnalités qu’il apporte ? Au même titre que le passage de Word version 1.0 à Word 2.0 a permis de réparer les bugs de la version 1.0 et d’apporter de nouvelles fonctionnalités…

Mais le passage d’un système économique 1.0 vers le 2.0 ne plaît pas à certains…  Pourquoi ? Et comment font « ces certains «  pour s’adapter ? Ou encore, comment font-ils pour empêcher que cela se passe ?

 Le fonctionnement de notre système économique avant l’arrivée de l’Internet ..

 Rassurez-vous je ne fais pas vous faire un cours d’économie politique.. D’ailleurs, j’en suis bien incapable. Nous avons en France d’excellents économistes très distingués (ils sont tous très distingués dans notre pays). Ils vous exposeront cela mieux que je ne puisse le faire… Si vous n’avez pas compris quel est l’impact du cours de change Yen/Euro sur la production de pomme de terre en basse Normandie, alors il vous faut aller les voir… J’en connais certains.. Je peux vous donner quelques noms…

En ce qui me concerne, je vous propose simplement une brève observation du système…

 Offre, Demande, Intermédiation…

 L’Humanité a quitté déjà depuis un certains temps l’autarcie, où l’on fabriquait localement ce que l’on consommait localement.. La spécialisation s’est ensuite mise en place à mesure que les technologies de tout poil se développaient.. Et notre système économique d’aujourd’hui a atteint un degré de sophistication très développé… Mais il ne repose essentiellement que sur 3 piliers : l’offre, la demande et l’intermédiation.. 

Quelques mots sur chacun et sur leurs fonctions…

L’offre comprend toutes les organisations petites ou grandes, qui fabriquent des produits et des services, en un lieu bien déterminé du village planétaire. Produits que l’on retrouve une fois fabriqués à la sortie des usines, ou sur les devantures des échoppes d’artisans, etc .. Automobile, yaourt, ordinateur, pain, etc. Même chose pour les services… Une compagnie d’assurances à Niort par exemple concocte-t-elle un nouveau contrat d’assurances ? Une fois le bidule déterminé et packagé, le contrat attend en « sortie usine » si l’on peut dire pour être proposé ailleurs un peu partout en France…

 La demande comprend tous les consommateurs, vous comme moi. Qui, pour satisfaire leurs besoins, voudraient bien acheter  tel ou tel produit, tel ou tel service.. Mais il y un hic : nous n’habitons pas tous à côté des « sorties d’usine ».. Nous sommes répartis au gré du hasard des naissances ou d’évènement divers, dans différents bassins de population répartis sur toute la Planète… Offre et demande sont donc souvent disjoints sur un territoire donné… Par exemple, vous n’habitez pas forcément à côté de l’usine de Sony qui fabrique des téléviseurs… Et si vous êtes Madame Michu à Villiers le Mahieu, que vous avez entendu parler de la qualité des téléviseurs de ce fabricant, vous n’allez pas prendre un billet d’avion pour aller à Tokyo visiter le centre de présentation de Sony dans le quartier de Shinagawa. Pour y apprécier l’offre de ce fabricant, et éventuellement revenir avec l’un de ses téléviseurs que vous y auriez acheté. Non, nous n’allez pas faire cela… Vous allez simplement vous adresser au 3ème pilier qui compose le système… A savoir l’intermédiation…

L’intermédiation comporte donc tous ceux, individus ou entreprises, qui vont faire l’adéquation entre l’offre et la demande au niveau local… La valeur ajoutée du pilier intermédiation est donc de mettre en relation une offre qui se trouve on se sait où, et une demande qui se trouve on ne sait où… 

Voilà à quoi sert l’intermédiation… Voyons un peu comment se compose cette intermédiation, qui avec le temps est devenue dense, confuse et compliquée au yeux des consommateurs… 

 Comment appréhender le pôle intermédiation ?

Le secteur de l’intermédiation est devenu un fourre-tout absolument incroyable… 

En première analyse, on peut essayer de classifier ces intermédiaires en différentes catégories.. A mon sens, il y en a 5, a peu prés distincts : l’intermédiation commerce, l’intermédiation information, l’intermédiation financière, l’intermédiation des opérateurs de toute nature, et l’intermédiation démocratique à savoir les élus (qui ne sont que des intermédiaires, mais en France ils l’ont, pour certains, un peu oubliés).. Quelques mots sur chaque secteur…

 Le commerce entendu au sens large.. Nous vivons aujourd’hui dans un paysage économique mondialisé. La brève description qui suit est tout a fait valable pour un petit pays comme la France… Comment un produit qui est fabriqué dans un endroit du village planétaire peut-il être proposé à un consommateur qui vit de l’autre côté de la Planète, dans un autre endroit ? Grâce aux chaînes de valeur du commerce. Avec le temps, des chaînes de valeur sophistiquées se sont mis en place. Des centrales d’achat mondiales, continentales, nationales, locales, des magasins construits en dur à côté de chez vous, dans votre bassin de population.. A chaque niveau, chaque maillon de la chaîne couvre ses coûts et prend sa marge… Ce qui paraît tout a fait normal dans une économie capitaliste… Et entre chaque point d’échange, entre le lieu de fabrication et le lieu où se trouve le consommateur, le transport du produit va être assuré par toute une chaîne logistique très compliquée… Qui nécessite, pour celles qui sont les plus conséquentes et les plus « longues », une bonne centaine d’interventions humaines pour en gérer les flux d’information de livraison… Cette mécanique vous permet donc d’acheter localement quelque chose qui a été produit très loin… 

 L’information entendu au sens large.. Ce secteur comprend toutes les organisations qui vont rechercher de l’information, qui la fabrique en la mettant en forme sur un support, et qui la distribue pour irriguer le système économique dans son ensemble. On y trouve les médias traditionnels comme la presse papier, la radio et la télévision hertzienne, les éditeurs papier de tout poil .. On y trouve aussi le secteur de la publicité et celui de l’éducation.. Le journaliste est donc un intermédiaire… Les publicitaires 1.0 « à la solde » du secteur de l’offre et de certains intermédiaires vont fabriquer des messages pour mettre dans le tête de Madame Michu de Villiers le Mahieu que la lessive X lave plus blanc que le lessive Y.. Les personnels enseignants sont aussi des distributeurs de contenus, modulo la pédagogique .. Ce grand secteur dans son ensemble est financé pour partie par de la publicité traditionnelle non interactive… Cas de la télévision, de la radio… Ou alors il est financé par l’impôt (éducation). 

L’intermédiation de la finance entendue au sens large.. 2 grands groupes d’intermédiaires dans ce secteur, qui avec le temps, tendent à se rapprocher : la banque et l’assurance.. Quand vous achetez un livre à la FNAC, et que vous payez avec votre carte bancaire, c’est le secteur bancaire qui va dénouer le contrat commercial que vous avez passé avec la FNAC.. Comment fait-il ? Il a mis en place de part le Monde une mécanique très sophistiquée qui va conduire dans le cas de l’achat d’un livre par exemple, à débiter votre compte bancaire tenu dans la banque X. Par le crédit du compte de la FNAC tenu dans la banque Y (ou d’ailleurs dans la même banque X).. Montant crédité égal au montant débité moins un chouilla, calculé au % sur le montant… Tout cela pour déplacer quelques octets correspondant à de la « monnaie » entre ordinateurs… Il est probable que si l’on devait mettre en oeuvre « from scratch » un système de paiement sur l’Internet, le transfert de quelques octets d’un ordinateur à l’autre, ne coûterait pratiquement rien, toutes choses égales par ailleurs.. De plus, le coût de transfert serait certainement un coût fixe et non pas un % calculé sur le montant de l’achat.. 

Pour l’assurance, c’est à peu prés la même mécanique, mais là avec une gestion de risques, de n’importe quels risques ou presque.. Il est peu probable d’ailleurs que l’on puisse développer une activité humaine quelle qu’elle soit, sans en assurer le risque qu’elle présente. D’où l’importance de ce secteur … Les assurés payent à l’intermédiaire société d’assurance, une certaine somme (la prime), la société d’assurance gérant ensuite les risques déclarés.

Banques et assurances sont donc bien des intermédiaires… 

 Les opérateurs entendu au sens large.. Là aussi, 2 grandes catégories.. Les opérateurs de télécommunications d’une part, et les éditeurs traditionnels de logiciels comme Microsoft d’autre part… Quand vous téléphonez à quelqu’un en utilisant un réseau  de télécommunications filaire ou sans fil, l’opérateur que vous avez choisi, « intermédie » d’une certaine façon, votre voix pour la véhiculer à l’endroit et à la personne que vous avez appelé.. C’est bien une fonction d’intermédiation. C’est certes un peu tiré par les cheveux, mais si Homo Sapiens était doué de télépathie (ce qui arrivera peut-être un jour ?) nous n’aurions pas besoin de ces opérateurs  … 

Dans le cas de Microsoft et des autres éditeurs de logiciels traditionnels le problème est assez comparable.. Dans la mesure où de nouveaux venus, ayant une vision plus large que les éditeurs de logiciels traditionnels qui vendent à tout un chacun le même logiciel, de nouveaux venus donc proposent un logiciel en « multi-tenant » en mode Service as a Software (Saas) dans un Cloud.. Plutôt de d’acheter de multiple fois le même logiciel X, plutôt que de former les utilisateurs à son interface propriétaire, plutôt de d’acheter une maintenance annuelle, des sociétés comme Zoho, Google, Salesforce, etc..  propose une autre mécanique… Beaucoup moins lourde à mettre en place, et semble-t-il nettement moins coûteuse… Un seul logiciel en « central » que chacun utilise à sa convenance. Un logiciel toujours à jour, avec une interface d’utilisation beaucoup plus intuitive que celle des logiciels traditionnels. Nul besoin de formation, ni d’ailleurs de maintenance… 

 L’intermédiation démocratique .. Nous sommes en démocratie 1.0. Comme à l’époque où cela s’est mis en place, il n’y avait pas les technologies de communication d’aujourd’hui, les peuples qui ont pu accéder à ce type d’organisation, ont donc mis en oeuvre un palier d’intermédiation : les Elus .. Ils se reposaient sur eux pour gérer leur territoire, établir des lois, etc.. Les citoyens d’un territoire, d’une nation vont donc voter à intervalles réguliers pour tel ou tel personne, représentant tel ou tel parti… Lesquels partis sont toujours plus ou moins binaires : démocrates versus républicains, droite versus gauche. En gros, ceux qui ont de l’argent ou pensent en avoir, et en voudraient peut-être plus, ou en donner moins pour le service de l’impôt. Et ceux qui en ont beaucoup moins et qui en voudraient un peu plus, avec des services publics conséquents financés par l’impôt .. 

Il y a plusieurs catégories d’Elus… Pour certains leur rôle va être de fabriquer des lois qui vont devenir applicables sur le territoire (lois, remarquons-le, qui sont fonction en grande partie d’un état donné de la technologie). D’autres auront pour fonction de gérer le pays. Ils feront partie alors du Gouvernement : l’Exécutif. Dans cette catégorie on trouvera aussi ceux chargés de gérer une collectivité locale, petite ou grande, avec une forte imbrication en France les unes dans les autres… 

Ces Elus pour exercer leurs mandats, ont à leur disposition une Administration, ou plutôt des Administrations, composées de fonctionnaires. Fonctionnaires, qui à la différence des Elus, sont inamovibles, alors que les Elus reviennent devant le Peuple à chaque élection.. Elus et fonctionnaires sont au service des autres.. Donc ils sont des intermédiaires, naviguant au mieux dans le maelström des lobbies de tout poil appartenant aux 4 autres secteurs… 

Quelles les principales caractéristiques de cette intermédiation ? Quelles sont les technologies utilisées jusqu’à présent pour faire fonctionner notre système économique entre ces 3 piliers ? Comment décortiquer une chaîne de valeur entre l’offre et la demande ? Comment l’Internet et les nouveaux outils que se créent chaque jour désintermédient les intermédiaires 1.0 ? Comment ceux-ci essayent de se défendre ? 

Emperors 1.0 versus Barbarians 2.0… Une expression qui aurait bien plue à Ibn Kalhdoun, et à Jean Louis Gassée.. (d’ailleurs cette expression est de ce dernier).