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L’utilité de la chimie de synthèse : l’exemple de l’aspirine

Publié le 09 septembre 2012 par Copeau @Contrepoints

La propagande écologiste détourne le sens des mots, pour conférer à la chimie de synthèse une connotation exclusivement négative, tandis que son utilité est totalement niée.

Par Anton Suwalki.

L’utilité de la chimie de synthèse : l’exemple de l’aspirine
Du fait de la propagande qui nous assaille au quotidien, il est devenu presque banal de considérer les industries chimiques et pharmaceutiques comme des entreprises par nature criminelles. Marie-Monique Robin, avec son sens de la nuance hors du commun, parle de « marchands de mort » : « les pesticides, je le rappelle, sont fabriqués pour tuer, au minimum, des végétaux ou des insectes », précise-t-elle. Comme si notre propre survie ne dépendait pas de notre capacité à tuer des agents pathogènes, pour nous ou pour nos cultures ! Comme si, les produits utilisés en agriculture biologique n’avaient pas également une action biocide, n’étaient pas des pesticides, certes généralement moins efficaces, mais destinés eux aussi à tuer. La propagande écologiste détourne le sens des mots, pour conférer à la chimie de synthèse une connotation exclusivement négative, et l’associer à la mort, tandis que les produits naturels, même lorsqu’ils tuent, sont associés au bien et à la vie. L’utilité de la chimie de synthèse, produire des substances et des molécules d’intérêt, est totalement niée.

Pour les croyants qui célèbrent la prodigalité de Gaïa, l’ultime aberration serait de produire par synthèse des substances qui existent déjà dans la nature. D’où le commerce folklorique de vitamine C « 100% naturelle » extraite de l’Acérola (Acérola bio de préférence, bien sûr), ou même d’écorce de quinquina (dont on extrait la quinine, un antipaludéen), ou de saule pilée ou en infusion pour remplacer l’aspirine dont celle-ci est issue. Pourquoi enrichir des laboratoires pharmaceutiques qui se contentent de copier un produit disponible dans la nature ?

L’exemple de l’aspirine suffit à réfuter le faux bon sens et la vraie mauvaise foi qui se dissimulent derrière cet argument.

Le principe actif de l’aspirine a été découvert en 1825 dans l’écorce de saule blanc par un pharmacien italien, Francesco Fontana, qui l’a baptisé salicine. Puis, la salicine donnera naissance à l’acide salicylique, et enfin à l’acide acétylsalicylique, l’aspirine produite par un procédé de synthèse. Cette dernière est plus efficace, et plus facilement assimilable par l’organisme. L’apport de la chimie de synthèse, c’est aussi de proposer une version gastro-résistante de l’aspirine (la « PH8 »), dont les comprimés ne sont pas dissouts au niveau de l’estomac, mais dans l’intestin. Avis aux amateurs d’écorce pilée de saule, souffrant d’ulcères ou de maux d’estomac.

Laissons un  instant de côté la question de l’efficacité respective des produits, et considérons qu’avec 40.000 tonnes vendues chaque année, l’aspirine est le médicament le plus consommé dans le monde. Il est donc intéressant de savoir s’il serait concevable de satisfaire les besoins en utilisant comme matière première la substance naturelle.

On peut extraire de l’écorce d’un saule qui a atteint sa taille maximale de quoi produire 2,6 kg [1] d’aspirine. Il faudrait donc plus de 15.000.000 d’arbres pour produire les 40.000 tonnes nécessaires annuellement. Un saule occupe une surface au sol de l’ordre de 20 m2. On devrait donc abattre environ 300.000.000 de m2 de saulaies, soit 30.000 hectares, ce qui signifie en fait disposer de 600.000 ha pour avoir chaque année une quantité d’arbres ayant atteint un développement suffisant. 600.000 ha, c’est quand même beaucoup pour une seule molécule qu’on peut produire facilement et à très bas coût autrement. Et songeons que les plantations de saule dans le monde ne couvrent que 175.000 ha !

La chimie de synthèse est non seulement utile pour élaborer de nouvelles molécules, mais elle se justifie aussi pour reproduire des substances qui existent dans la nature, en particulier lorsque leur extraction est compliquée et coûteuse, ou lorsque leur disponibilité est insuffisante pour couvrir nos besoins. Voilà pourquoi ceux qui vantent leur médicaments d’origine 100% naturelle, même lorsqu’il ne s’agit pas de poudre de perlimpinpin, resteront dans un commerce de niche.

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Sur le web.

Note :

  1. Donnée fournie dans de vieilles annales de Chimie du bac S.

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