Ce que fait Monsieur Bernanke est typique des économistes. Sans le prouver, il dit que les différents Quantitative Easing ont certainement eu des effets sur l’économie, qu'ils ont sûrement été bénéfiques, et donc qu’il faut continuer.
Par Charles Gave.
Publié en collaboration avec l'Institut des libertés.
Bien des lecteurs se souviennent d’avoir vu dans leur enfance Fantasia, le dessin animé de Walt Disney dans lequel Mickey, pendant une absence de son maître, s’essayait à la sorcellerie, avec des résultats fâcheux…
Remplacez le maître par les marchés et Mickey par les banquiers centraux aux USA et en Europe et vous avez une illustration quasiment parfaite de ce qui est en train de se produire dans le monde développé. Pour illustrer mon propos, je vais simplement faire une analyse de ce que le Gouverneur de la banque centrale aux États-Unis a dit dans son discours récent, et qui est tout simplement atterrant.
Je vais simplement effectuer ce qu’autrefois on appelait une «analyse logique» en disséquant le discours que vient de prononcer à Jackson Hole ce phare de la pensée humaine, et les résultats parleront d’eux-mêmes, du moins je l’espère.
Toute la première partie du discours consiste à affirmer que les précédents QE (Quantitative Easing, c’est-à-dire achats d’obligations à l’émission par la banque centrale US, financés par la planche à billets) n’ont eu aucune influence négative sur l’économie US, qu’il n’y a eu ni inflation ni « mal-investissement » comme le craignaient les détracteurs de cette politique.
À mon avis, voila qui est déjà discutable, dans la mesure ou ces «QE» ont à chaque fois coïncidé avec des baisses du dollar et des hausses du pétrole rendant la situation de nombre de pays en dehors des USA beaucoup plus fragile, mais soit, pour la clarté de l’analyse, admettons que ces manipulations monétaires n’aient pas eu d’effets nocifs sur l’économie américaine pour l’instant.
Une fois ce point «démontré» que nous dit monsieur Bernanke, ou plutôt que ne nous dit-il pas ?
- Il ne nous explique à aucun moment comment ces différents QE ont aidé l’économie US dans le passé et il ne présente aucune théorie sur les mécanismes économiques ou financiers qui auraient été les courroies de transmission entre ses actions et l’économie.
- Ce que nous dit Bernanke est beaucoup plus simple : il affirme selon le bon vieux principe d’autorité "je suis un spécialiste, faites moi confiance…" la chose suivante : l’économie US a des problèmes de croissance et donc des problèmes de chômage, il faut donc faire quelque chose et en dehors d’imprimer de l’argent, moi, Bernanke, je ne peux penser à rien d’autre qui marche.
Pour un logicien, voila un argument totalement ridicule, fort bien résumé par la formule d’Einstein, « Être fou, c’est faire toujours la même chose en espérant des résultats différents à chaque fois. »
Ce que fait Monsieur Bernanke est typique des économistes. Il dit (sans le prouver) que les différents QE ont certainement eu des effets sur l’économie et que comme ces effets n’ont pas été à l’évidence désastreux, ils ont sûrement été bénéfiques, et donc qu’il faut continuer…Voilà un très beau raisonnement circulaire s’il en fut, qui aurait valu un zéro pointé à n’importe quel étudiant en classe de philosophie du temps de ma jeunesse où les mauvaises notes existaient encore…
Que voilà en effet une belle série de Non Sequitur pour parler encore une fois comme un logicien, c’est-à-dire comme un homme sans cœur et sans morale. Monsieur Bernanke est sans nul doute bon en math, mais à l’évidence il est nul en logique. Et l’ennui, bien sûr, est que l’économie est une branche de la logique et non des mathématiques.
Notre homme pense qu’il conduit une locomotive alors qu’il a été mis a la tète d’une navette spatiale, et il utilise avec beaucoup de conviction le manuel pour conduire une locomotive…
On est émerveillé par tant de compétence….
Quelques exemples de ces fautes de logique, tirés de son discours
- Le fait que les différents QE n’aient pas eu encore d’effets désastreux sur l’économie américaine ne veut pas dire que cela ne va pas arriver, comme l’a très bien expliqué Bastiat il y a près de deux cents ans (Ce qui se voit et ce qui ne se voit pas) ou Milton Friedman après lui.
- Ensuite, Bernanke écarte d’un revers de la main l’idée fort respectable que si l’économie US ne va pas bien c’est peut être tout simplement à cause de sa politique monétaire débile : comment voulez-vous en effet que le capitalisme fonctionne si le coût du capital est à zéro ? Voilà qui empêche bien sûr toute destruction des entreprises qui ne gagnent pas le coût du capital, favorise la hausse du poids de l’État dans l’économie et donc freine la création dans la mesure où le capital et le travail nécessaires ne sont pas libérés, et donc tue toute création destructrice, seul vrai moteur du capitalisme.
- Bernanke écarte aussi l’idée qu’il est tout à fait possible que les QE ne fassent ni bien ni mal, mais par contre donnent l’impression aux politiques que puisque quelqu’un s’occupe du problème, ils n’ont pas à s’en occuper. En effet pourquoi prendre des mesures difficiles pour régler le problème des déficits budgétaires si la banque centrale achète toute la dette émise ? On peut demander beaucoup de choses aux politiciens, mais pas d’être suicidaires. Et le fait que le problème ne soit pas réglé au fond probablement déprime consommateurs et producteurs également et par là empêche toute croissance.
Bref, il ressort de l’analyse du texte de monsieur Bernanke que cet homme présente tous les signes cliniques de la folie (des grandeurs) et qu’il n’aurait jamais dû quitter l’université ou tout ce qu’il pouvait faire était de corrompre l’intelligence de quelques étudiants sans grand caractère, ce qui est sans doute moins grave que de foutre l’économie mondiale en l’air, comme la Fed l’a si bien fait depuis 10 ans.
Ayant lu son discours, je n’ai pas le moindre doute que monsieur Bernanke va commettre un nouveau QE et je n’ai pas le moindre doute non plus que la prochaine élection US va avoir lieu sur un thème très simple : faut-il laisser le pouvoir à la cléricature qui l’a confisqué ou faut-il le rendre au peuple ?
Ou en termes simples faut-il préférer Monsieur Obama, le chef suprême de cette cléricature dite des « oints du Seigneur », supportée par tous les enseignants, les universitaires ou les syndicats de fonctionnaires, tous payés par des impôts ou le Tea party, qui représente en gros ceux qui payent les impôts et qui mettent les mains dans le cambouis ?
Déjà monsieur Romney a annoncé que s’il était élu, il essaierait de se séparer de Monsieur Bernanke.
Voila qui me donnerait envie de voter pour Romney si j’étais citoyen américain tant il est vrai que l’indépendance accordée aux banquiers centraux en a fait des espèces de planificateurs prétendants à l’omniscience, imbus d’eux-mêmes, que personne ne contrôle et qui vont d’erreurs colossales en erreurs colossales (voir l’euro par exemple) .
Le pouvoir rend fou, le pouvoir sans aucun contrôle rend complètement fou.
Voila qui est amplement prouvé par ce qui est en train d’arriver aux banquiers centraux, aux USA et avant ça bien sûr chez nous, en Europe. Pour le bien de la démocratie américaine et du reste du monde, il me semble préférable que ceux qui payent les impôts enlèvent le pouvoir à ceux qui les dépensent (tout en méprisant ceux qui les payent, bien entendu, tant cette cléricature déteste « l’argent sale, l’argent qui corrompt tout comme le disait si bien l’inénarrable monsieur Mitterrand » Heureux citoyens Américains qui ont tous les quatre ans la possibilité de virer les incompétents qui les gouvernent et les exploitent.
Il y a hélas longtemps que nous n’avons plus cette possibilité en Europe.
Mais ceci est un autre débat…
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