Ce que l'on reproche à Hollande

Publié le 09 septembre 2012 par Bernard Girard
Au delà du Hollande bashing, de l'agitation chronique des journalistes politiques qui aiment que cela change tous les jours, et du marketing de la presse hebdomadaire qui pousse les éditorialistes à des excés (il faut bien vendre du papier) les reproches que l'on fait à Hollande (et, accessoirement à Ayrault) sont de deux types :
- il ne fixerait pas le cap, soit qu'il manque de vision, soit qu'il n'a pas le courage de nous dire où il va. Ce qui serait exactement le contraire de Sarkozy qui savait, nous dit-on aujourd'hui, où il allait (du coté d'une américanisation de la société française et de la dérégulation),
- il négocierait trop, multiplie les commissions, délègue au dialogue social quand il faudrait prendre des décisions plus rapides. A force de chercher le consensus, il pourrait se retrouver dans la situation d'Obama.
Ces critiques sont étranges : Hollande n'a jamais caché son ambition de réduire les déficits. C'est l'objectif majeur qu'il s'est fixé, un peu comme Jacques Delors s'était, en 1983, donné pour objectif de réduire l'inflation. Il pense, comme beaucoup d'autres que c'est nécessaire, que c'est à cette condition seulement que l'Europe peut continuer de se développer et la France retrouver le chemin de la croissance. Il a dit et redt que cela va demander des efforts qui ne pourront être obtenus qu'en faisant appel à des méthodes de type social démocrate qui associent les parties prenantes aux décisions, seule manière de s'assurer 1) que les décisions prises sont justes, qu'elles tiennent compte des intérêts de chacun et, 2) qu'elles ont des chances d'être mises en oeuvre rapidement et sans conflit majeur. L'inconvénient est que cela prend du temps. C'est un handicap qui pourrait effectivement le mettre dans la position d'Obama s'il ne disposait d'une majorité durable au Parlement.
Ces choix sont clairs et à l'opposé de ceux de Sarkozy. Ils sont critiquables. On peut penser que la réduction des déficits en période de crise grave n'est pas l'urgence, qu'il ne sert à rien de saigner un patient anémique. On peut également douter de l'efficacité d'un dialogue social entre des organisations aussi faibles que le Medef ou les syndicats. Mais ils me semblent avoir le mérite de la clarté.