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L'évolution de la notion des AOC - AOP

Par Mauss

En page 10 du supplément de l'EXPRESS, Michel Bettane publie un article qui doit être lu par tous les amateurs. Il y évoque l'évolution de cette création du siècle dernier, la notion d'APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE, maintenant modifiée par nos sbires de Bruxelles (où il y a beaucoup de laitiers) en APPELLATION D'ORIGINE PROTEGEE.

Grosso modo, en le résumant maladroitement, on est dans le mur.

Sa longue expérience comme journaliste, dégustateur, et surtout promeneur permanent dans les vignobles d'ici et de là-bas, lui fait mettre le doigt sur les inepties qui se sont développées à partir d'un Etat qui n'a pas voulu contrôler la chose en passant le bébé à des organismes locaux, un péché majeur.

On se souvient des problèmes d'un Ostertag, d'un Deiss et tant d'autres dont les crus n'ont pas passé les fourches bizarres des agrégations.

Allons un peu plus loin. Si effectivement la loi ne peut simplement pas définir ce qu'est une typicité ou une conformité dans un vignoble, si l'évolution des choses appelle une plus grande liberté dans ce que devrait pouvoir réaliser un vigneron sur ses terres (à quel titre interdire à un languedocien de planter du riesling ? Le marché sanctionnera.), chacun sent qu'il doit y avoir des limites à une totale liberté.

En effet, si le système des AOC-AOP n'a plus guère de sens, faut-il encore rappeler ce qu'il a apporté à la viticulture française et européenne. Ne l'oublions jamais : ce système a été copié en Italie, en Espagne et les USA en veulent !

Une question : sans ce système créé au début du XXème siècle, la Bourgogne serait-elle ce qu'elle est aujourd'hui ? N'oublions pas qu'à l'époque, cette création des AOC avait pour but - si je ne me trompe - de combattre toutes les fraudes existantes, dont les fameux "ermitage" d'autres crus. Tous ces "climats" bourguignons qui fascinent le monde entier, la Corée en particulier où on apprend par coeur les noms des grands crus et des premiers crus, existeraient-ils de la même façon actuellement ?

Bordeaux, tout du moins dans le haut de gamme, se tourne de plus en plus vers la création de marques, comme le sont les Hermes, Vuitton, Bulgari et autres Versace. On évoquera encore longtemps quelques terroirs remarquables en rive gauche comme en rive droite, mais l'avenir n'est pas là.

Dans sa conclusion, Michel Bettane appelle de ses voeux "une réflexion collective" qui associerait les différents pros du vin (producteurs, oenologues, sommeliers, journalistes) pour proposer de nouvelles vues, de nouvelles règles qui n'auraient certes pas l'ardente obligation d'être immuables, mais devraient éclaircir un nouveau chemin qui ne nous ferait pas perdre ce qui a été créé et constitué par les anciens.

On ne peut qu'adhérer fortement à une telle idée tant il est impérieux de sauvegarder, alimenter, développer ce qui a fait et continue de faire du vin en Europe un produit de culture et d'histoire.

Pour sa prochaine édition en 2013, le WWS proposera une table ronde sur ce sujet qui touche aussi bien l'Allemagne, l'Autriche que nos pays latins.

Merci Michel pour cette page écrite avec clarté et sagesse. :-)


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