L’expression « Développement Durable » est de nos jours extrêmement banalisée alors que beaucoup de confusion règne quant à sa signification exacte. Pour la majorité des personnes, cette expression fait référence à l’écologie, au respect de la nature , de la faune et la flore et véhicule en général une image de « soixantardisme » et pas toujours positive, en particulier en raison de ses représentants « officiels ». Or en fait l’écologie n’est qu’une des composantes du développement durable qui revêt deux autres aspects tout aussi fondamentaux.
La notion de développement durable n’est pas en effet synonyme d’environnement ou d’écologie. Le Développement Durable a été défini dans le rapport Brundtland en 1987 comme étant le « développement qui répond aux besoins des générations actuelles sans compromettre ceux des générations futures ».
Parler de développement Durable c’est donc parler avant tout de Développement Humain. C’est bien l’Homme et les Sociétés qui se situent au coeur de la problématique. Il s’agit de savoir comment aider les Hommes a mieux vivre aujourd’hui et à mieux vivre demain.
Le schéma suivant montre bien cette définition du Développement durable qui repose sur trois piliers: l’économique, le social et l’environnement (ou écologie), à quoi il faut ajouter la dimension culturelle.
On voit bien que l’écologie à qui font souvent référence les personnes qui parlent ou entendent parler de Développement durable n’est qu’un des aspects, trop mis souvent en avant au regard des deux autres tout aussi importants.
Le concept de Développement Durable n’est pas aussi récent qu’on pourrait le croire cependant et est apparu dans la nécessite de renouveler les forêts au Moyen-Age . En France on a exhumé un texte du XIV ème siècle , une ordonnance prise par Philippe VI de Valois ( dit « le roi trouvé » par les seigneurs français qui ne voulaient pas d’Edouard III d’Angleterre comme roi de France, ce qui déclenchera la Guerre de Cent Ans ») où on parle d’exploitation « soutenable ». En Espagne et en Allemagne ont été également élaborées à l’époque des législations visant à assurer l’exploitation et le renouvellement des forêts.
Malheureusement le Développement Durable peine justement à se développer et ne se fait connaître essentiellement que par son pilier écologie, les piliers social et économique peinant à s’ériger sur le cloaque des crises et des conflits et butant sur le plafond de verre mis en place par le système financier.
Les lobbies industriels et les multinationales affirment que la production de richesses ne peut se faire sans la destruction d’une partie des ressources naturelles (en fait ce sera la totalité) et de la pollution qui en résulte. Les générations futures seront censées profiter quand même de bonnes conditions de vie en raison des progrès techniques qui en résulteront (0, 0003l d’essence aux 100 Km?). C’est ainsi qu’ici disparaît le pilier écologique. Par ailleurs il y a une confusion entre développement et croissance, alors qu’on sait désormais que dans un monde fini (où les ressources ont une limite, qui est leur disparition pure et simple), il ne peut avoir une croissance infinie d’autant que les limites risquent de venir plus vite que prévu, comme l’a montré une étude norvégienne selon laquelle les ressources de l’Arctique seront très difficilement exploitables malgré la fonte des glaces.
Par ailleurs quid du pilier social quand on sait qu’à fin d’assurer un maximum de profits, les salaires sont réduits au maximum voire inexistants , que l’écart entre les riches et les pauvres ne cesse de se creuser et que de crises en crises économiques – en fait financières- la paupérisation ne fait que s’accroître y compris dans nos sociétés (mini-jobs en Allemagne, temps partiels, multiplication des CDD, retraités qui reviennent sur le marché du travail, augmentation d’année en année des personnes ayant besoin de l’aide d’associations caritatives, augmentation du nombre de personnes qui renoncent à se soigner faute de pouvoir se payer une mutuelle,…)
Quant au pilier économique, il ne sert que de moyen de transport à la finance mondiale détenue par l’olligarchie des Banques et des multinationales. L’argent virtuel est omniprésent, des céréales sont vendues et revendues 20 fois avant d’être prêtes à consommer, des stocks sont crées afin de faire monter le cours des matières premières (Mital par ex)….
La dimension culturelle s’efface par l’adoption par les pays émergents de notre système de développement avec tout ce que cela implique au niveau de la Culture, des modes de vie, des loisirs et de la consommation et qui crée des résistances de plus en plus violentes qui s’expriment souvent par l’intermédiaire des religions.
Le Développement Durable a du mal donc à se mettre en place par un manque de volonté politique tant les changements qu’il suppose sont importants.
Le Développement Durable fait partie intégrante de la pensée de Noam Chomsky, Stiglitz et autres qui dénoncent depuis longtemps la main mise du profit et du marché sur toute activité humaine (et depuis quelque temps sur la nature elle même avec la » brevetisation » du vivant). Tout est irrémédiablement lié et le Développement Durable pris dans son acception complète ne peut être que la solution pour et de demain. (10)