Le mois dernier, j’ai visité le musée d’art moderne de Vienne, aka “mumok” (Museum moderner Kunst). La capitale autrichienne est truffée de musées et il ne suffirait certainement pas d’une vie pour faire le tour de toutes les collections et expositions, en renouvellement permanent. Néanmoins, par goût, c’est vers le mumok que j’ai filé directement.
J’y ai découvert l’artiste russe David Ter-Oganyan, invité pour une exposition temporaire (qui se termine demain… mais pourrait bien se déplacer, qui sait?). On entre dans une salle sombre, dont le seul éclairage provient des oeuvres projetées sur les murs. Elles se reflètent sur le sol laqué, créant une symétrie qui renforce la puissance des images.
Scènes de guerre, animaux, corps de femme, formes géométriques … les peintures (dessins ?) défilent sans cohérence apparente. Néanmoins, on devine rapidement sous le trait faussement naïf et enfantin de David Ter-Oganyan un sens de l’observation aiguisé. La succession d’images quasi-subliminales donne l’impression, quand on prend le temps de s’habituer au rythme décousu de leur projection, de voir défiler les clichés d’une société inconnue, qui ressemble pourtant étrangement à la nôtre.
Des messages politiques, des images de révolte, de guerre et de répression policière se glissent parfois parmi d’autres plus anodines. Cet enchaînement est semblable aux dizaines que nous expérimentons chaque jour : oh, un bébé chat avec un chapeau… tiens, 2 000 morts au Mali. Mais on ressent un malaise, comme face à nos propres contradictions sociales.
(C’était avant le procès, très médiatisé en France, mais le sujet des Pussy riot devait déjà être connu en Russie depuis longtemps)
Pour vous faire une meilleure idée de la chose, même si la vidéo ne rend absolument pas justice à l’envoûtante musique de Dowdy :
Que l’on aime ou non (mais le but est-il réellement d’aimer?), on ne ressort pas indemne du monde de Ter-Oganyan et sa cadence infernale.
J’espère qu’on reparlera rapidement de lui – de ses travaux, et pas d’un procès qui pourrait bien lui tomber sur le coin du nez s’il reste à Moscou… L’activisme y est mal rétribué ces derniers temps.