Il est rare qu’une comédie québécoise parvienne jusqu’à la France. Entre les Xavier Dolan, Denis Côté ou encore Yves Christian Fournier, la Belle Province apporte plus de larmes que d’éclats de rire. Autant en profiter donc. D’autant plus que Starbuck compile deux atouts : une bonne idée de base, et, un traitement modeste mais crédible. L’histoire de David Wosniak, fils d’un boucher immigrant qui découvre, via l’action en justice menée contre lui, qu’il est le père de 533 enfants, tous nés de dons de sperme effectués quand il était jeune, pose des questions universelles : c’est quoi d’être père? Qu’est-ce que cela signifie ? Est-ce si facile ? Le cinéaste Ken Scott décide d’y répondre dans un déroulement atypique qui allie humour potache, absurdité et émotions. La surprise ? C’est que cela marche.
Starbuck, au final, est un vrai feel good movie. Un film qui fait du bien. A ses situations tirées par les cheveux et instantanés mielleux (il y en a beaucoup), il oppose certains contrastes bienvenus : la paternité, ce n’est pas rose tous les jours; avoir des enfants implique des sacrifices. Plus subtil qu’il en a l’air, le film est porté d’un bout à l’autre par Patrick Huard, superstar au Québec, aussi à l’aise dans le registre comique que dramatique. Autour de lui, des seconds rôles étudiés, qui s’ils demeurent parfois caricaturaux (la fille junkie, le fils bisexuel, l’handicapé, etc.), servent habilement de fil conducteur du récit : aimer, c’est prendre soin de quelqu’un d’autre que soi. Une belle mise en bouche québécoise avant le poignant Monsieur Lazhar, bientôt à l’affiche.