Desmon Tutu et les criminels de guerre

Publié le 08 septembre 2012 par Eldon

Crédit photo : Skoll World Forum – cc

Desmont Tutu, prix Nobel de la paix et ancien archevêque, a refusé de participer dernièrement à une Conférence Internationale en raison de la présence de Tony Blair, l’ancien premier ministre britannique.

Desmon Tutu s’en explique longuement dans une tribune qu’il a signé dans « The Observer » (en anglais).

Desmon Tutu reproche à Tony Blair l’intervention du Royaume-Uni à la guerre d’Irak et son appui inconditionnel à la politique expansionniste de Georges Bush en rappelant les motifs avancés pour déclencher cette guerre et ses conséquences (plus de 100 000 morts, un Etat exsangue soumis aux conflits internes, des millions de personnes déplacées, un gouvernement fantoche et corrompu, une région et un Monde déstabilisés).

Desmon Tutu n’hésite pas à qualifier les deux anciens dirigeants de criminels de guerre et exiger leur comparution devant la Cour Pénale Internationale.

Tony Blair, entre deux conférences à 200 000 euros, a eu le temps de répliquer « Répéter ces vieux bobards selon lesquels nous aurions mentis sur les rapports de nos agences de renseignement est complètement faux comme chacune des enquêtes, menées par des organismes indépendants, l’ont montré [...]. Par ailleurs, déclarer que le massacre de centaines de milliers de personnes n’est pas un motif moral suffisant pour intervenir et le renverser est pour le moins bizarre »(The Office of Tony Blair).

Un crime de guerre est une violation des lois et coutumes de guerre d’une gravité particulière.

Les crimes de guerre sont définis par des accords internationaux et en particulier dans le Statut de Rome (les 59 alinéas de l’article 8.1), régissant les compétences de la Cour Pénale Internationale (CPI), comme des violations graves des Conventions de Genève. Ceci inclut les cas où une des parties en conflit s’en prend volontairement à des objectifs (aussi bien humains que matériels) non militaires. Un objectif non-militaire comprend les civils, les prisonniers de guerres et les blessés.

En 1945, le procès de Nuremberg, chargé après la Seconde Guerre mondiale de juger les criminels et organisations nazis, définissait ainsi le crime de guerre, dans la Charte de Londres :« Assassinat, mauvais traitements ou déportation pour des travaux forcés, ou pour tout autre but, des populations civiles dans les territoires occupés, assassinat ou mauvais traitements des prisonniers de guerre ou des personnes en mer, exécution des otages, pillages de biens publics ou privés, destruction sans motif des villes et des villages, ou dévastation que ne justifient pas les exigences militaires. »

Quand on connaît le mensonge – les armes de destruction massive que possédait prétendument  Saddam Husseim -armé pendant des années par les Etats-Unis et les grandes puissances dont la France- sur lequel repose le déclenchement de  la Guerre d’Irak (encore un « média-mensonge »), on ne peut pas ne pas leur exiger des comptes, même s’ils ont été démocratiquement élus.

Manipulation des masses , politique internationale sans foi ni loi à la solde des lobbies militaro-industriels et financiers qui s’enrichissent grâce aux guerres (voir ce qui s’est encore passé au Paraguay dernièrement et dont aucun média n’a parlé, bien sûr), immunité internationale assurée par un vote démocratique et des institutions à la solde,  sont des pratiques qu’il faut condamner et poursuivre  et Desmon Tutu est parfaitement fondé dans ses affirmations.

Ça fait bien longtemps que Noam Chomsky affirme que Les Etats-Unis devraient être poursuivis pour crime contre l’Humanité et que si on appliquait les critères du procès de Nuremberg, bon nombre de dirigeants d’Etats Démocratiques seraient condamnés. (Guerre du Vietnam, politique en Amérique du Sud, Guantanamo, Irak, Françafrique, Appartheid en Afrique du Sud, Afghanistan, Madagascar,….).

Hélas ça n’est pas pour demain.

Source: Jol Press

Pour aspect juridique de la comparution de Tony et Georges à la CPI: Actualités du Droit

Contre l’impunité (en anglais): End Impunity

Sur l’ intervention en Afghanistan: texte de Noam Chomsky (3)