Avant d’entamer cette critique, un petit avertissement : cet article contient de nombreux spoilers sur le déroulement du film, et il est donc très forcement conseillé de ne le lire qu’après avoir vu celui-ci…
Dire que ce troisième opus de la saga du Dark Knight était attendu avec impatience est un euphémisme. Après un solide premier épisode et un second opus tutoyant le chef d’œuvre, nul doute que Christopher Nolan était attendu au tournant pour la conclusion de cette trilogie d’ores et déjà rentrée dans l’histoire du cinéma (et pas seulement à cause de la mort tragique d’Heath Ledger). Ultime épisode oblige, la conclusion de cette saga se devait d’être épique et de boucler en beauté l’histoire du Chevalier Noir. Au final, si The Dark Knight Rises n’atteint pas les cimes de son prédécesseur, il faut bien avouer qu’il remplit quasiment totalement son contrat.
L’impressionnant prologue filmé en Ecosse introduit la nouvelle Némésis que va devoir affronter le Caped Crusader : Bane, un mercenaire brutal et supérieurement intelligent. Son but ? Marcher sur les traces de Ra’s Al Ghul en détruisant Gotham City. Un adversaire de taille pour un Batman n’ayant jusqu’à présent jamais affronté d’ennemi aussi puissant physiquement. Surtout que Bruce Wayne apparaît ici fortement diminué, vivant en reclus dans son manoir depuis 8 ans, ressassant inlassablement la mort de Rachel. Et pour pouvoir vaincre cet ennemi implacable, Batman va devoir réapprendre la peur et littéralement renaître de ses cendres.
Premier constat, The Dark Knight Rises est long et foisonnant. Trop diront certains. Il est vrai que la longue introduction présentant les enjeux pourra rebuter plus d’un spectateur, et que le grand nombre de personnages pourra prêter à confusion. On sent que Nolan a tenté avec cette ultime histoire de réaliser un grand film épique, de donner plus d’ampleur aux aventures de son personnage, quitte à en faire un peu trop. Mais cette longue introduction se révèle finalement essentielle, notamment parce qu’elle permet de préparer l’évolution psychologique de Bruce Wayne / Batman. Certes, le film est loin d’être exempt de défauts, et ceux-ci sont souvent pointés du doigt comme rédhibitoire. Le scénario, bien qu’ambitieux, est bourré de trous et de raccourcis. On pourra citer par exemple le super plan de Bane paraissant bien mal préparé et reposer beaucoup trop sur la chance pour être crédible, ou encore Bruce Wayne qui se remet sur pieds en deux mois au fond d’une prison insalubre alors qu’il s’est fait briser la colonne vertébrale. La réalisation de Nolan lors des scènes d’action est toujours aussi peu inspirée, réduisant fortement l’impact de celles-ci. Le premier affrontement Batman-Bane, pourtant d’une grande violence, est filmé de façon totalement plate, et n’est sauvé que par l’évident déséquilibre entre les deux adversaires. On regrettera enfin une Marion Cotillard à côté de la plaque lors de sa grande tirade finale, offrant une scène de mort à la limite du nanar.
Mais bon dieu, à côté de ça il faut vraiment être de mauvais poil pour ne pas prendre son pied devant le spectacle offert ! Oui, le film aurait pu être cent fois mieux techniquement, mais là où Nolan ne se plante pas, c’est dans l’essentiel : l’émotion dégagée par son long-métrage. Mis à part Cotillard (qui est tout de même plutôt convaincante la plupart du temps), tous les acteurs rivalisent d’excellence, tout particulièrement Christian Bale, plus que jamais habité par son personnage, et Michael Caine dont le personnage d’Alfred finit par rompre les digues de la retenue et s’exprimer sans détour au cours de plusieurs scènes d’une tristesse infinie. Tom Hardy est imposant dans le rôle de Bane, apportant au personnage sa stature impressionnante et son charisme tranquille. Dommage que l’ultime révélation du film le transforme en faire-valoir suivant juste les ordres de Talia Al Ghul… Même Anne Hathaway campe une Catwoman plutôt crédible, certes loin de la sensualité dangereuse de Michelle Pfeiffer, mais suffisamment convaincante pour faire taire les mauvaises langues.
Nolan rythme parfaitement son film, prenant le temps de décrire la spirale infernale conduisant jusqu’à l’affrontement direct entre Batman et Bane, au cours duquel le Dark Knight se fait étaler et littéralement briser dans un plan iconique en diable. Vient ensuite la lente convalescence et la renaissance du héros, enfin prêt à devenir celui que tout le monde attend. Les scènes montrant Bruce Wayne assistant impuissant à la prise de pouvoir de Bane, puis se remettant sur pieds au prix d’un effort surhumain avant d’enfin réussir à s’extraire du puits dans lequel il a été jeté comptent parmi les plus fortes de toute la trilogie et provoqueront immanquablement un frisson de bonheur chez tout cinéphile. Difficile de se retenir de scander avec les autres prisonniers lorsque Wayne tente à plusieurs reprises d’escalader le puit, puis de hurler de joie lorsque le héros surpuissant revient à Gotham récupérer SA ville.
Alors oui, The Dark Knight Rises souffre de gros défauts, non, ce n’est pas le chef d’œuvre tant espéré, mais franchement pourquoi faire la fine bouche devant un spectacle aussi jubilatoire, qui offre autant de moments de bravoure et conclut le parcours émotionnel et psychologique de son héros avec un tel brio ?
Note : 8.5/10
USA, 2012
Réalisation : Christopher Nolan
Scénario : Chrstopher Nolan, Jonathan Nolan, David S. Goyer
Avec : Christian Bale, Tom Hardy, Anne Hathaway, Marion Cotillard, Michael Caine, Morgan Freeman, Gary Oldman, Joseph Gordon-Levitt, Cillian Murphy, Matthew Modine