Le gouvernement espagnol persiste à considérer Bankia comme une banque encore viable. Est-ce bien raisonnable ?
Un article d'Open Europe.
L’Espagne a annoncé ses plans pour le nettoyage de son secteur bancaire. Le projet de loi complet a été publié récemment, nous sommes toujours en train de l’analyser, et nous vous informerons des points les plus pertinents dès que nous aurons terminé. Mais il y a également des développements intéressants à propos du prêteur en difficulté BFA-Bankia.
Le gouvernement espagnol a annoncé il y a une semaine que la BFA-Bankia allait recevoir une “injection de capital immédiate” de la part du fonds de restructuration bancaire de l’Espagne (FROB). Cependant, l’Espagne a décidé de ne pas faire appel au versement anticipé d'une partie de son fonds de sauvetage des banques de 100 milliards d’euros. Ceci en dépit du fait que 30 milliards d’euros ont été mis de côté pour traiter les urgences, comme l’Eurogroupe l’a annoncé dans sa conférence de presse. Les fonds seront donc avancés par le FROB et seront éventuellement incorporés dans le plan de sauvetage des banques espagnoles quand ils seront complètement dépensés.
Cela soulève des questions intéressantes. Tout d'abord, pourquoi l’Espagne est-elle tellement attachée à éviter d’utiliser les 30 milliards d’euros conservés en réserve ? L’argent est typiquement là pour ce genre de situation. En fait, il était relativement évident que ce genre de situation allait se présenter. De plus, l’argent sera tout de même dépensé dans le plan de sauvetage. Par conséquent, nous pouvons penser que le gouvernement espagnol est soucieux d'éviter une sorte de stigmatisation négative – même si cela semble un peu étrange car le plan de sauvetage est déjà confirmé. Il convient de garder à l'esprit les contraintes du financement par le FESF par rapport au MES (que nous avons détaillées ici) : il est donc possible que l’Espagne et la zone euro aient décidé d’attendre que le MES soit complètement opérationnel avant d’utiliser les fonds.
À la lecture du communiqué de presse, il est clair qu’il s’agit d’une restructuration de la BFA-Bankia, ce qui signifie que la banque est encore considérée comme viable. C’est proprement scandaleux pour plusieurs raisons :
- Les emprunts toxiques détenus par Bankia ont augmenté de 44% (de 7,7% à 11%) dans les six derniers mois.
- Le groupe vient d’annoncer une perte de 4,5 milliards d’euros, contre un léger bénéfice l’an passé.
- Au cours des six derniers mois, le groupe bancaire a perdu la somme incroyable de 37,6 milliards d’euros dans les dépôts bancaires de ses clients, une baisse énorme de 28%.
Pour beaucoup, il paraît évident que Bankia n’est plus viable depuis quelques temps. Les derniers plans du gouvernement pour traiter le secteur bancaire prévoient une « résolution ordonnée » des banques insolvables et un modèle pour liquider les actifs et fermer les institutions en faillite. On ne comprend pas pourquoi ce n’est pas appliqué ici, à part peut-être pour protéger les particuliers ayant investi dans cette banque. Mais au bout du compte, investir des fonds publics dans une institution défaillante fera plus de mal que de bien pour tout le monde.
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Sur le web.
Traduction : Nicolas B. pour Contrepoints.