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Ave, gratia plena, en votre Nativité

Publié le 08 septembre 2012 par Tchekfou @Vivien_hoch

Par l’amour singulier qu’il portait à Marie, Dieu avait figurée de mille manières dans l’ancienne loi; et s’il y eut des ombres infinies pour représenter Notre-Seigneur, il y, eut aussi des figures sans nombre pour exprimer la très-sainte Vierge, cette tige bénie, qui devait le produire : Dieu se plaisant à voir sans cesse présentes ces saintes images, pour apaiser sa colère et attendre la venue de son cher Fils.

Pour retirer les hommes de l’état malheureux où le péché les avait réduits, le Fils devait mourir pour eux; et Dieu voulait, comme nous l’avons déjà dit, qu’il s’unît à la chair d’Adam, devenue passible et mortelle, sans en prendre la malignité; c’est-à-dire, qu’il portât, quoique pur et innocent, toutes les marques et les peines du péché compatibles avec la sainteté de sa personne divine, comme d’être sujet à la faim, à la (25) soif, à la douleur, à la mort. Pour cela, il avait décrété que son Fils prendrait chair dans une fille d’Adam, la bienheureuse Marie, en apparence pécheresse et semblable aux pécheurs, et pourtant pure et sans tache; car cette Vierge admirable est à la fois, selon le langage mystérieux de l’Écriture, noire et belle : noire dans l’apparence du péché; belle dans l’innocence et la pureté de sa nature, quoique de la descendance d’Adam.
Dieu voulant donc produire la mère de son Fils dans l’état de sainteté le plus parfait où ait été élevée une créature, se répand en elle, au moment même où elle est conçue, et, par un privilège spécial, la préserve de la malignité de la chair et du crime d’origine.

Ainsi, dès sa conception, Marie est pour les personnes de la très-sainte Trinité le premier objet de solide contentement qu’elles aient encore aperçu au monde, l’unique sujet de leur amoureuse complaisance depuis Adam, puisque toutes les autres créatures étaient souillées par le péché, et qu’elle seule a paru sans offense. Il n’y a, en effet, selon la foi, que la très-sainte Vierge, qui, naissant d’Adam par la voie commune, n’ait point été comprise dans sa malédiction. Car Notre-Seigneur n’était point compris dans le nombre de ceux qui naissent d’Adam, selon la génération ordinaire, devant naître par l’opération du Saint-Esprit, et être redevable de sa conception au même Esprit qui régénère les âmes par le baptême.

La corruption d’Adam, que le corps communique à l’âme, dès qu’il est uni à elle, est un certain venin répandu dans tous nos membres,, qui nous , incline et nous sollicite au péché, en nous éloignant de Dieu et nous appliquant à l’amour de nous-mêmes. De là l’amour des créatures qu’Adam innocent avait reçu, afin de les rapporter à Dieu, mais qui, étant demeuré en nous après la perte de la grâce et ayant perdu sa rectitude, s’est changé en amour-propre détestable, abominable, sacrilège qui rapporte tout à soi, qui fait que les mouvements de l’âme appelés passions ne s’agitent d’ordinaire que pour nous-mêmes, et qui nous incline à tout péché. Au moment de la conception de Marie, Dieu la préserve de cette malignité. Il sanctifie sa chair, afin que tous ses sens et ses mouvements, ou passions, ne tendent directement qu’à Dieu seul et ne regardent que lui en toutes choses. En vertu de cette sanctification, sa haine aura pour objet tout péché; son désir, la gloire de Dieu; sa crainte, tout ce qui peut déplaire à Dieu et contredire à ses desseins; sa joie sera de posséder Dieu et de le voir honoré; son espérance, de se voir un jour pleinement consommée dans sa gloire.

Par le P. Olier, en la Nativité de la sainte Vierge


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