- Numériquement, le Catéchisme de l’Église Catholique compte 132 mentions de “fraternité/fraternel”, quand la charité et l’amour en compte pour 628. On ne se compliquera pas trop les méninges de tels détails, mais ils restent à notre sens significatifs.
- La fraternité démarre par une filiation, à moins de poser dans un refus filial que nous traiterons plus bas. Je pose conséquemment donc voilà la question logique : Fils de qui ? Fils de quoi ?
-La première des obligations étant le suivi de la raison, la fraternité nous oblige à suivre la filiation naturelle, c’est à dire par l’observation posée de la nature et de Dieu.
- Dans cette perspective, la famille prend tout son sens. Et le ferment de la famille, c’est bien la charité, qui prime sur la fraternité. La charité, qui est le seul réel Commandement et pour laquelle le Christ a chamboulé non seulement les règles personnelles mais aussi les règles civilo-religieuses (préceptes pharisiens). On relira avec intérêt le CEC sur le sujet. “La fraternité ne fait pas tout, camarade !” aurait dit le père du Fils Prodigue au renégat…
- La fraternité des expériences fondatrices et fortement fédératrices (armes, pélerinages, …) peut parfois passer pour un semblant de valeur fondamentale. Cependant, la vérité de l’expérience prouve que cette fraternité est de fait soit la charité (oubli de soi-même, don, amour) soit un un simple liant d’un refus de l’autre qui n’est pas “du groupe”.
- La charité, ce goût pour l’autre, dans la vérité de la raison et de la Révélation (c’est à dire du rejet du péché et de l’amour du pécheur), provient au final de Dieu Créateur et Rédempteur.
- Au vu des discussions politique en cours, on peut se poser la question : “dans un monde sans Dieu et/ou sans charité, qu’est-ce que la fraternité ?”. A mon humble avis, la fraternité sans charité devient à quelque chose près une relation marchande (une situation temporaire de marché évolutif). On est frère en le Mos Majorum, en la loi commune du moment, et on tourne en rond dans un open space non dirigé, incertain et vain, juste limité par les autres.
- Enfin, le distinguo entre charité indoor et une fraternité outdoor me paraît être une autre version de la coupure diabolique (division) entre deux sphères intimes. Il y aurait l’homme amoureux à la maison, et l’homme “raisonnable” juste fraternel mais ne pouvant supporter tout, dans la vie communautaire ? Est-ce cela que le réel nous fait voir ? Non, le réel montre que l’homme cherche l’unité, et seule cette unité fondée sur la charité accomplit. Cette position de distinction charité/fraternité refuse la réunification de l’homme par la Résurrection du Christ. Car cette Résurrection, abolissant les règles humaines pour ne conserver qu’un noyau fondamental -la révélation trinitaire, le fond de l’être est amour-, est si forte qu’elle nous oblige à annoncer cette charité de Dieu, à temps et contre-temps, dans la liberté de l’Esprit, avec les mots qu’Il donne quand il le faut. Cette libération qu’apporte l’amour inconditionnel et total du Christ me rend l’humilité facile et forte à la fois, et obligatoire le partage de ce bonheur immense.
- Bref, fraternité oui, mais la vraie vérité, c’est la charité ! Haut les coeurs !
Pour conclure en toute discrétion, je reprendrais St Paul, un indépendantiste des systèmes comme on en a peu vu :
J’aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante.
J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien.
J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien.
L’amour prend patience ;
l’amour rend service ;
l’amour ne jalouse pas ;
il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ;
il ne fait rien de malhonnête ;
il ne cherche pas son intérêt ;
il ne s’emporte pas ;
il n’entretient pas de rancune ;
il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ;
il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout.
L’amour ne passera jamais.