Rencontrés dans les années 70, ces hommes et ces femmes évoquent leurs problèmes, leurs peurs et les joies de leur travail. La plupart ont eu des boulots avec des conditions difficiles. Leur travail était la face cachée du rêve américain dont seule une partie des Américains en jouissaient durant l'après-guerre, tandis que d'autres trimaient sans jamais profiter du fruit de leur labeur.
De nombreuses professions sont présentées et certains propos des interviewés, qui pour la plupart n'ont pas été très longtemps à l'école, valent plus que les réflexions d'autoproclamé intellectuels. C'est sans doute en n'ayant pas eu un parcours formaté par les enceintes scolaires qu'ils ont pu avoir cette largesse d'esprit et de bon sens :
Bill Talcott, syndicaliste et ouvrier dans les mines :
Jack Spiegel, syndicaliste dans l'industrie de la chaussure :J'ai de la peine tous ceux qui ne font pas ce qu'ils veulent faire. Leur vie est un enfer. Pour moi, tout le monde devrait quitter son boulot pour faire ce qu'il veut. On n'a qu'une vie, pourquoi la gâcher à faire quelque chose que l'on déteste ?
Ces entretiens sont des témoignages pleins de réflexions de la part des travailleurs. La monotonie des tâches, la pression des patrons et leur condescendance rendent les tâches bien plus difficiles qu'elles ne devraient l'être.Si le gouvernement ne prend pas des mesures pour imposer ceux qui envoient leur argent à l'étranger, qui y construisent des usines et prennent le travail des gens d'ici, eh bien c'en est fini de l'industrie américaine de la chaussure. Ceux qui ont la soixantaine prendront leur retraite. Ça va être plus difficile pour les autres." Aujourd'hui, les grandes marques de textile sous-traitent la fabrication en Asie du Sud-est et ne s'occupent que de la partie marketing et communication.
Ce sont les "sans voix" à qui Terkel a donné la parole. Des voix qui ont des remarques intéressantes, mais jugées à l'époque, et encore aujourd'hui, peu dignes d'être prises en compte à cause du manque d'éducation de leurs auteurs, les "petites gens".