Communiqué de l'ASPAS
L’ASPAS dépose un référé suspension et un recours pour excès de pouvoir contre l’arrêté préfectoral autorisant les « prélèvements » de requins au sein de la Réserve Naturelle Marine de La Réunion, soutenant ainsi l’action déjà engagée par Sea Shepherd et l’Association citoyenne de Saint-Pierre. De nombreux scientifiques s’élèvent contre cette décision administrative trop hâtive, inefficace et dangereuse. Les associations rappellent que toutes les mesures de protection des nageurs n’ont pas été prises.
En 18 mois, 9 accidents impliquant des requins, dont 3 mortels, ont été recensés sur les côtes de la Réunion. Le dernier accident du 5 août a rendu la situation explosive sur l’île. Aussi, sous la pression de certains surfeurs, et de pêcheurs désirant en réalité reprendre la chasse sous-marine dans la réserve, la préfecture a pris à la hâte le 13 août, un arrêté autorisant la pêche aux requins bouledogues et tigres.
Cependant, cette mesure prise surtout dans le but de calmer les esprits, n’est pas la solution pour limiter les accidents.
Notons d’ailleurs, qu’aucune précision n’a été donnée sur le nombre de captures, ni sur la durée d’application de cet arrêté, ni sur les méthodes de pêches employées, les lieux de prélèvement, ou bien encore sur la mise en place de contrôles pour ne pas que d’autres espèces de requins récifaux ne soient capturées.
Les requins bouledogues et tigres qui seraient principalement à l’origine des accidents, sont classés depuis 2009 comme des espèces quasi-menacées sur la liste rouge de l’UICN. Mais la situation actuelle pourrait laisser craindre un changement de statut.
En réalité, la « pêche scientifique » revendiquée par la préfecture est un prétexte pour envisager la commercialisation de leur chair. Pourtant le Préfet est parfaitement au courant des risques inhérents à leur consommation car un arrêté préfectoral du 24 décembre 2009 en interdit la vente à cause du risque grave de ciguatéra.
À la Réunion, il semble que les requins soient attirés par les proies vivant dans la réserve marine, car ils se rendent dans les derniers endroits où la biodiversité est préservée. En effet, ce sont des témoins de la stérilisation des mers due à la surpêche. Or, c’est bien elle qui menace l’Homme, pas le squale. Prédateur au sommet de la chaine alimentaire, irremplaçable nettoyeur des mers, il est indispensable aux écosystèmes marins.
Enfin n’oublions pas, que dans toute discipline sportive pratiquée dans un milieu naturel, le risque zéro n’existe pas. Les accidents qui frappent les surfeurs sont principalement causés par la planche, les collisions entre surfeurs ou avec les rochers, ainsi que les noyades. Les attaques de requins restent elles, exceptionnelles, et pourraient être limitées par de simples règles de sécurité : éviter les eaux profondes ou troubles, ne pas surfer seul, éviter de se baigner à l’aube ou au crépuscule, etc.
Mais jusqu’ici, ces principes de bon sens n’ont pas toujours été appliqués…