Éditeur : du Rouergue - Date de parution : Août 2012 - 283 belles pages !
Dans les landes bretonnes, ils sont une petite trentaine à vivre dans un village qui ne figure sur aucune carte. Un lieu où l’on ne meurt pas et où l’on ne vieillit pas. Mais quand un homme est retrouvé mort aux abords du No Death's Land, leshabitants voient rejaillir leurs craintes les plus profondes.
Tous les habitants du village y sont arrivés pour abolir le temps ou pour des raisons moins avouables. Un village coupé du temps vivant en autarcie totale soumis à des règles très strictes établies par Jason le maire. L’immortalité requiert des sacrifices et certains des habitants au bout de quelques années décident d’affronter à nouveau le monde et donc de revenir mortel. Tom est le seul enfant du village, il vit avec Basile et Emma ses parents adoptifs. Agé de huit ans pour le restant de ses jours, c’est lui qui a découvert le cadavre. Une question se pose : comment cet homme est-il arrivé aux frontières du village ? Ce cadavre ressuscite la peur de la mort, fait renaître chez certains des habitants le souvenir des rites funéraires. Tom lui enquête sur des faits étranges dont il n’a dit mot à personne. Il a trouvé dans le périmètre du village des petitsanimaux crucifiés. Ce qui veut dire que quelqu’un des leurs est un meurtrier. Un tirage au sort est effectué pour savoir qui enterrera le défunt hors du village. La main de Tom tire le papier où est inscrit le nom de son père. Mais franchir les limites du village c'est permettre à l’Ankou ( la Grande Faucheuse) d’effectuer sa besogne.
Chaque livre de Fabienne Juhel est un réel plaisir ( A l'angle du renard, les bois dormants, les hommes sirènes) et celui ne déroge pas à cette règle ! Il y a toujours cette écriture ensorcelante, magique par sa touche poétique et par les descriptions de la nature. Ce livre est une immersion dans un univers hors du temps où chacun devra prendre ses responsabilités face à la mort. Et cette auteure que j'affectionne nous renvoie à nos propres questionnements. L’humour de Tom ou l’intervention de l’Ankou en tant que personnage sont des points lumineux dans ce beau roman !
L'éternité n'était plus supportable pour ces postulants à la vie éternelle que ne l'était l'idée de leur propre mort.La lassitude et le dégoût faisaient alors leur chemin dans le réseau des veines bleues de ces hommes et de ces femmes. Un jour de soleil ou de grand vent qui donne des envies de changement, un jour où l'on rêve de revoir la mer et de manger une glace, d'embrasser une fille et d'aller au cinéma. Des moments uniques, des moments comptés qui donnent du prix à la vie. Alors, ils comprenaient enfin que le problème n'était pas la mort mais le temps, le temps hideux qui défigure les amants. Ce jour-là, le dégoût triomphait de la peur.
Le billet de Constance