Le canton du Valais a vraiment des mœurs politiques particulières. On peut même imaginer y élire au gouvernement et avec fierté un commandant de police qui a sciemment piqué une pierre d’importance archéologique et dont justement le comportement en Turquie va faire l’objet d’un jugement pénal.
Ce même commandant qui pour l’instant se défend et communique aussi bien que le ferait une vache espagnole en présence d’un indigène habitant d’un mazot haut perché et ne parlant que haut-valaisan.
Même le longiligne et serpentinesque Darbellay est entré en jeu pour s’offusquer qu’on puisse se poser des questions. Varone est le Kandidat idéal, et fermez vos gueules, assène-t-il en substance, en sa qualité de chrétien, démocrate et penseur subtil et profond.
Son compatriote Couchepin, autre spécimen assez rare mais qui fut quand même conseiller fédéral, a pour une fois fait preuve d’une certaine clarté tant dans le fond que dans la forme et l’expression. Cette candidature doit être retirée en cas de condamnation a-t-il osé affirmer, sous l’ire bruyante des indigènes réunis pour l’écouter.
Personne ne doute ici que la Turquie ait de bonnes raisons de ne pas considérer le commandant Varone comme une oie blanche. Mais l’imaginer au pouvoir flanqué d’une jolie condamnation pour vol ne choque pas le valaisan standard, qui plus est PLR et saviésan.
Car dans le Vieux Pays, tous les autres sont des cons et n’ont qu’à fermer leur gueule sur un sujet de politique intérieure. Ce ne sont pas « ces cons de Turcs voleurs et fainéants qui vont encore nous dicter ce qu’on doit faire » constitue en gros la substantifique partie du raisonnement à front bas du valaisan moyen.
Pas étonnant qu’avec de telles subtilités, le Valais ne produise que des politiciens de deuxième ou troisième zone et mène une action publique totalement en décalage avec ce que l’on peut considérer comme une certaine idée de la Suisse confédérale.