Split w/ Dirty Beaches, Ela Orleans, US Girl & Slim Twig – Statement (2012, Clan Destine Records)
Publié le 07 septembre 2012 par Hartzine
Outre l’intérêt artistique défendu et le partage des frais de pressage et de distribution, la pratique du split constitue l’un des moyens les plus efficaces pour un groupe d’élargir son audience, notamment en emportant l’adhésion d’un public déjà acquis à la cause de l’autre formation prenant part à l’objet. Extrêmement répandu dans le milieu de la musique indépendante, ce procédé y est d’autant plus courant que les artistes ne signent que très rarement des contrats les liant pour une longue durée. Plus qu’un impératif économique, le split est un pari sur la cohérence d’univers musicaux, pari le plus souvent assumé par les labels eux-mêmes. On peut citer les récents exemples de Best Coast et Jeans Wilder sur Atelier Ciseaux (lire), d’Happy New Year et Nite Fields sur Lost Race Records (lire), de Rape Faction et Chevalier Avant Garde sur Skrot Up (lire), ou encore de Cough Cool et Johnny Hawaii sur Hands In The Dark et La Station Radar (lire). Dans cette litanie hautement recommandable, le label Clan Destine Records (lire) n’est pas en reste et repousse même encore plus loin les frontière de l’exercice, convoquant pas moins de quatre artistes dans les sillons de Statement, split LP paru le 7 août dernier. Si chacun d’entre eux ne possède pas la même présence médiatique, notamment de part et d’autre de l’Atlantique, tous épousent une certaine vision de la création artistique – DIY et radicale – se confondant, par-delà leurs horizons musicaux, à leur amitié franche et communicative. Ainsi Clan Destine Records ne joue pas ici la carte de l’étalonnage de l’un par rapport à l’autre, mais bien celle de la réunion de famille avec d’une part les inséparables Ela Orleans et Dirty Beaches - déjà auteurs d’un split l’année passée sur La Station Radar (lire) – et d’autre part Slim Twig et U.S. Girls, tenanciers à quatre mains du label Calico Corp. Quatre amis se prêtant au jeu de rapiécer leurs bandes et leur poésie sonore le temps d’un intime patchwork en clair-obscur : la verve pop et cinématographique de Max Turnbull (Slim Twig), prenant des airs de théâtre hanté sur Bar Roque et Hidden, s’emballe magnifiquement sur Mary Jane, préparant le terrain à la longue plage instrumentale entonnée par Alex Zhang Hungtai, Neon Gods & Funeral Strippers, confinant à un hypnotique mantra où crame sa guitare sur d’éparses rythmiques. Se détachant à point nommé de l’amoncellement terrestre et plombé de Dirty Beaches, l’onirisme altier d’Ela Orleans prend la mesure et s’enorgueillit d’un pur moment de magie, où les morceaux dénués de chants (Odyssey, 19 Out Of 20 feat. Ted Hughes) impriment la trame d’une ambiance surnaturelle et hors du temps, alors transcendée par The Season et Good Night, élégiaques phantasmes savamment texturés comptant parmi les plus belles chansons de la Polonaise à ce jour. La marche est haute – peut-être trop – pour U.S. Girls qui clôt l’odyssée Statement de cinq vignettes, à la production crade et lo-fi, témoignant plus de ses premières amours (Bits And Pieces, 911 Song, Chicago War) que de ses aspirations pop actuelles, notamment avec un imminent LP, GEM, à paraître via Fat Cat Records. Slim Baby (Long Distance Dub) surnage néanmoins, clôturant, sans compter l’inutile Cairo, ce très estimable split LP édité à seulement cinq cents exemplaires.
Lire le portrait et l’interview d’Ela Orleans.
Lire le portrait et l’interview de Dirty Beaches.
Lire le portrait et l’interview de Slim Twig.
Audio
Vidéo
Tracklist
Split w/ Dirty Beaches, Ela Orleans, US Girl & Slim Twig – Statement (2012, Clan Destine Records)
Slim Twig
01. Bar Roque
02. Mary Jane
03. Hidden
Dirty Beaches
04. Neon Gods And Funeral Strippers
Ela Orleans
05. Odyssey
06. The Season
07. 19 Out Of 20 feat Ted Hughes
08. Good Night
US Girls
09. Bits And Pieces
10. 911 Song
11. Chicago War
12. Slim Baby (Long Distance Dub)
13. Cairo