[Critique] THE SECRET

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : The Tall Man

Note:
Origines : États-Unis/Canada
Réalisateur : Pascal Laugier
Distribution : Jessica Biel, Stephen McHattie, William B. Davis, Jodelle Ferland, Samantha Ferris, Katherine Ramdeen, Colleen Wheeler, Teach Grant, Eve Harlow…
Genre : Épouvante/Drame/Thriller
Date de sortie : 5 septembre 2012

Le Pitch :
À Cold Rock, une petite cité minière isolée ravagée par la crise, des enfants disparaissent. À en croire les bruits qui courent, ce serait le Tall Man, une espèce de croque-mitaine, qui viendrait les enlever. Julia, une jeune infirmière veuve, mère du petit David, reçoit une nuit la visite du Tall Man qui tente de s’emparer de son enfant…

La Critique :
Quand il parle de son dernier film, Pascal Laugier cite à tour de bras, des références prestigieuses, comme David Fincher et Stephen King. À l’entendre, The Secret est un pur film d’angoisse, un « Panic Room à l’extérieur », avec des personnages réalistes à la Stephen King, avec de l’action et du suspens. De bien nobles intentions qui débouchent malgré tout sur un film super boiteux.

Non pas que The Secret soit un gros navet malodorant. Loin s’en faut, car il y a quelques bonnes choses à sauver. The Secret brille ainsi par son ambiance, il est vrai assez proche de celles qui habitent quelques-uns des grands livres de Stephen King. Prenant pied au milieu de la forêt, dans une petite bourgade touchée de plein fouet par la crise, le film rappelle aussi dans un certain sens Twin Peaks de David Lynch. Conférant, et ce dès les premières images, un vrai cachet à The Secret, l’environnement à la fois sauvage et anxiogène (voire mortifère), suffit à coller la chair de poule lors de quelques séquences plutôt bien senties.
Car Laugier sait tenir une caméra. Sa réalisation est soignée, parfois percutante et toujours lisible. Laugier ballade son objectif avec la fougue d’un mec qui croit en son sujet. Il capte avec une attention particulière les détails qui fourmillent, tels les bruissements des feuilles et les murmures qui entourent les habitations paumées du petit village de Cold Rock.
Le soucis n’est pas là. Il n’est pas non plus dans le casting, très pertinent. À commencer par Jessica Biel. Débarrassée de tout artifice, la belle démontre une nouvelle fois d’un talent brut flagrant. Dommage que ce soit, encore une fois (après Points de rupture alias Powder Blue) à l’occasion d’un long-métrage pour le moins bancal. Elle aussi est complètement investie dans son job. Elle court, se ramasse, crie, pleure et se bat avec une hargne qui habite constamment le film. Elle contribue d’ailleurs à sauver les meubles. Tout comme le toujours excellent Stephen McHattie (Pontypool), lui qui arriverait, avec son charisme de malade et sa voix si caractéristique, à rendre passionnante une lecture publique de l’annuaire.
Non, ce ne sont pas les acteurs, ni la réalisation qui plombent The Secret. La faute est imputable au scénario, et donc, à Pascal Laugier, puisque c’est lui qui l’a écrit.
Auteur et réalisateur de la purge faussement subversive et surtout carrément crétine Martyrs, Laugier nous revient avec un script qui sent bon le gros soufflet. Car sous ses apparences de banal film de croque-mitaine, The Secret cache de grosses surprises. Des surprises qu’il est certes difficile de voir venir, mais qui, au final, s’avèrent assez foireuses dans l’ensemble.
On sent cette volonté de choquer de la part de Laugier. Avec Martyrs, le réalisateur français avait choqué par l’image et par le biais d’un dénouement con comme la pluie. Ici, c’est juste le dénouement qui est en carton. Le reste témoigne juste d’un désir d’emmener le spectateur sur des pistes faites de faux-semblants. On ne sait pas trop où l’on va, c’est excitant car rare et une fois arrivé, c’est la déception qui pointe le bout de son nez.
Il aurait été alors préférable que Pascal Laugier se contente de mettre au placard ses prétentions scénaristiques, pour se concentrer sur une histoire simple. Avec son savoir-faire, The Secret aurait pu être super efficace. Basé sur l’effet de surprise, il s’avère non seulement décevant, mais en plus totalement superficiel, tant les ressorts de l’intrigue ne semblent reposer que sur une idée en carton qui se casse la gueule dès qu’elle est pleinement dévoilée.

Voulu comme une œuvre poétique, mélancolique, étrange et effrayante, The Secret n’est au final qu’un film bancal de plus. Pas dénué de qualités pour autant, surtout si on s’en tient à sa forme, le dernier long-métrage de Pascal Laugier surprend surtout par sa naïveté.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Forecast Pictures