Les aliments bio contiennent comme on pouvait s’y attendre moins de pesticides et autres contaminants, mais la démonstration du bénéfice sanitaire de les consommer n’est pas encore démontré. Des chercheurs de l’université de Stanford, en Californie, sont parvenus à cette conclusion en analysant 17 études réalisées chez des humains et 223 études sur les niveaux de nutriments et de contaminants dans des aliments.
Publié dans le numéro du 4 septembre des Annals of Internal Medicine, cet article porte donc à la fois sur la composition comparée des aliments bio et des aliments conventionnels, pour laquelle la littérature médicale est plutôt abondante, et sur des effets bénéfiques chez les consommateurs, pour lesquels les études sont beaucoup plus rares (trois ont été analysées) et surtout ne portent que sur quelques années. Difficile, donc, de pouvoir juger sur le moyen ou long terme.
Du point de vue des nutriments – les éléments nutritifs –, l’analyse de Dena Bravata et ses collègues n’a pas trouvé de différences majeures entre les deux types d’aliments, par exemple sur la teneur en vitamine D, en protéines ou en lipides. Les produits bio se sont révélés contenir davantage de phosphore – mais les carences en phosphore sont peu répandues, objectent les auteurs – et quelques études montrent que le lait bio est plus riche en acides gras oméga-3, réputés avoir un effet protecteur sur le plan cardiovasculaire. Avantage également aux produits bio pour la teneur en phénols, censés contribuer à la prévention des cancers.
MOINS DE CONTAMINANTS DANS LES PRODUITS BIO
Les contaminants sont moins présents dans les aliments bio. Le risque de retrouver des pesticides dans des produits bio est de 30 % inférieur comparé aux aliments classique, sachant que les contaminations accidentelles par des pesticides sont possibles.
Certes, les mesures sur les aliments conventionnels figurant dans les études analysées restaient en deçà des valeurs limites autorisées, mais deux études chez des enfants consommant ou non des produits bio ont trouvé des valeurs de résidus de pesticides plus basses chez ceux étant au régime bio.
Enfin, le poulet et le porc bio exposent moins les consommateurs à des bactéries résistantes aux antibiotiques, même si le risque d’une contamination par une bactérie de type Escherichia coli n’est pas différent selon les deux types d’aliments.
Les auteurs de l’étude estiment cependant que, malgré des analyses approfondies de leur part, les différences observées ne sont pas significatives sur le plan clinique. Autrement dit, l’intérêt du point de vue de la santé de consommer des fruits et légumes, quel que soit leur mode de culture, l’emporterait sur les différences qui ont pu être objectivées.
LES AUTEURS SOULIGNENT LES LIMITES DE LEUR COMPILATION
« Certains pensent que la nourriture bio est toujours plus saine et plus riche sur le plan nutritif. Nous avons été surpris de ne pas parvenir à ce résultat », remarque Crystal Smith-Spangler, l’un des auteurs de l’étude.
Cette étude peut donc conforter les choix des consommateurs qui préfèrent payer plus cher des aliments ayant moins de contaminants, sans pour autant leur assurer qu’ils en tireront un réel bénéfice sanitaire. Toutefois, les auteurs soulignent les limites de leur compilation, notamment du fait de l’hétérogénéité des études rassemblées, avec des méthodes de test différentes, et l’absence d’études sur des longues périodes.
Il reste que l’on peut également questionner leur conclusion sur l’absence de bénéfice clinique sur la seule base de la validité des normes en vigueur pour les doses journalières admissibles, supposées définir une consommation sans risque sanitaire.
Paul Benkimoun