Comment écrire un report de l’Astropolis alors que je devrais être en train d’écrire celui du Sunwaves ? Car c’est bien à l’un et non l’autre auquel je me suis rendu cet été, tout cela à cause d’un viol salement orchestré par l’administration et ses papiers d’identité, faisant de moi une sorte de Tobias Beecher du système. Il parait que ça n’arrive qu’une fois dans une vie et je veux bien le croire…
Un bon seum, voila ce que j’ai ressenti la veille de mon départ pour la Roumanie et les jours suivants le samedi de l’astro. Mais comme la fête se fait n’importe où, j’ai décidé de tenter l’inconnu, et c’est ainsi que je me suis retrouvé embarqué dans un TGV en partance pour le pays des mecs gentils, en route pour l’aventure bretonne !
L’Astropolis se déroule donc en trois jours et deux nuits. Une première le vendredi dans deux endroits différents pour l’Astroclub et la Bunker Palace avec d’un côté DJ Sneak, Ben Klock et Max Cooper en format club et de l’autre une grande salle locale où Modeselektor et compagnie régalent les kids. Rien de très underground. Néanmoins, on respire bien à Brest. Une ville des plus sympathiques, avec son Jack’s Burger, ses parvis d’église squattés par des punks à chien et autres mecs usés ainsi que son Leclerc pris d’assault par une horde de soifards en descente de la veille. La ville ressemble à une sorte de bad trip cool. On sent l’ennui chez les locaux, essayant mais n’arrivant pas. Comme à ce « Mix’n'boules » organisé dans un square auquel nous nous rendons chargé en bières histoire de faire passer l’après midi. De la UK funky pour le quatre heure où un public comprenant à peine ce qui se trame se détend dans tous les recoins accessibles (y compris dans le parc pour enfant, laissant l’équivalent d’un sol de crackhouse par terre) et où des jeunes viennent supporter leurs copains. On s’enjaille d’houblon chaud, trash un peu sur ce clown vert que je retrouverais dix heures plus tard en bad trip sur le site du festival, et recale ce cassos déguisé en Mario venu nous quémander du fric (à moins que ce soit autre chose?). La ville se chauffe peu à peu.
La navette à emprunter pour se rendre sur le lieu relève d’un grand moment de fraternité et de mixité sociale. Des nanas plus hype que la hype jauge du regard le bus alors qu’un trentenaire bien échauffé et arborant un tee-shirt rip off « Mr Picolage » les drague lourdement. Au même moment au fond du bus, une bande de trollers de première classe hurlent une chanson paîllarde alors qu’un malabar de la sécu tente de calmer le tout. Les billes grande ouvertes, je n’en perds pas une miette durant ces quinzes minutes de trajet… Je commence à adorer !
Nous arrivons enfin sur le lieu, sorte de grand forêt dans laquelle se trouve une clairière et où une multitude de stands en tous genres proposent des bonbecs, des tours d’auto-tamponneuse ou encore des goodies pour la beuh. Sur le chemin nous menant à cette sauterie ambulante, un mec en béquilles nous baragouine un dialecte fait d’alcool et de relents de français, et des bénévoles essayent de nous sensibiliser sur le recyclage à côté d’un mec en train de se soulager dans un champs de maïs. Un cadre dépaysant et bucolique, parfait pour se détendre et oublier où je devrais être. Le lieu est divisé en plusieurs scènes, en fonction du style. Outre la scène plus tek et une autre plus dub reggae, une énorme installation abrite le main floor alors que sa version plus étroite mais plus belle se niche dans les ruines du manoir. Le lieu s’appelle dailleurs le Manoir de Keroual, ça ne s’invente pas… Et en bon parisien qui se respecte j’ai l’impression d’être dans un autre pays.
Une ou deux heures s’écoulent à chiller, naviguer entre les scènes et surtout boire, pour finalement se poser devant le live d’Atari Teenage Riot. Je connaissais le groupe de réputation, autant dire tout de suite qu’elle est vraie. Les Crystal Castles auraient donc engagé un crack-head et pris 6g de speed? Echauffé, le set de Chris Liebing débute dans les ruines. Fidèle à lui même, il envoie comme à Barcelone, large bouche et grandes dents apparentes. C’est rigolo mais ça tourne un peu en rond finalement. Un gros kick, des snares, des phases violentes, le tout sous fond de spécialité locale… Qui font d’ailleurs honneurs à ce beau pays qu’est la Bretagne. Un shaman petit et trapu danse lentement une sorte de Tai Chi, alors qu’une petite hypette s’éclatant avec sa bande de cops me demande si le type qui joue est bien DJ Shadow, alors qu’il n’est même pas programmé du festival. La folie de la nuit me soumettra plus tard, attendant une bière servi dans un gobelet, à une discussion avec un mec m’affirmant qu’il trainait avec le soundsystem Epsilon.
Je continue ma balade dans le fest pour déboucher sous la tente tekk crachant du hardcore techno. C’est l’hallu totale, un son puissant et violent dégomme les oreilles d’une foule allant du mec chelou au rodeur de teuf, en passant par un spantex man. Une équipe de bourrins avec des masques d’animaux m’entourent et me prennent pour un dealer exigeant du speed. Récupéré par mon équipe, qui au passage n’en revient toujours pas du temps que je viens de passer devant ce bordel, le crapahutage continuera par des aléas ça et là (tiens il pleut?), de la fontaine à cidre jusqu’à la visite des toilettes tenus par des punks, pour finir sur le main floor vers 7h. Le set de Green Velvet a déjà commencé et l’homme à la crête fluo balance un mix de festival varié, de La Rock 01 de Vitalic à Mouth to Mouth de Audion. Ca me fait beaucoup rire, plus grand chose ne m’atteint.
Je commence à me détendre. Un peu trop peut être. Un trolleur et son pote me regardent bizarrement… Je phase. Puis l’un d’eux se rapproche pour me demander si je suis « PD ». A croire que je souris un peu trop à son goût, il n’aime apparemment pas ma façon de penser. D’ailleurs il me confessera qu’il y’a bien trop de PD dans le coin, avant de partir chauffer une survivante dix mètres plus loin. Tout le monde semble donc rassasié.
Le retour en navette, à 9h est tout aussi folklo. Deux mecs fument du shit dans le bus alors que d’autres parlent after et du live de birdy nam nam en buvant du whisky pur. A la gare, alors que je regarde une dernière fois la mer avant de prendre le train, une bande de mecs cool au rire gras s’extasient sur la course poursuite entre un kids de 14 ans et des keufs qui finissent de le perdre sur une route impraticable. Un autre groupe de jeunes me branche et me parle de trucs incompréhensibles alors qu’une de leurs copines barely legal me fait de l’oeil. Puis une pensée pour mes potes qui doivent chiller sur la plage du Sunwaves finira par m’achever. A croire que je commence à être vieux. En tout cas, on m’avait parlé de la Bretagne auparavant et le moins que l’on puisse dire c’est que leur réputation est bien tenue. Je ne sais toujours pas quoi penser. L’univers à sans doute voulu que j’aille en Mordor et m’a surement envoyé un signe, que j’ai encore bien du mal à capter…