Pourquoi la sélection est un vilain défaut ?

Publié le 07 septembre 2012 par Rsada @SolidShell

Les organisateurs de cette Université d'Eté du Medef ont bien fait les choses. Non contents de choisir le thème délicat d'intégrer, ils ont enfoncé le clou en proposant une conférence sur "Trop ou pas assez de sélection" histoire d'égayer les vieux jours des éternels égalitaristes insatisfaits !

Pari tenu ! Aux faibles d'esprit qui, comme moi, prônent encore et toujours une République qui s'adresse à tous ses enfants sans aucune distinction, vous pouvez vous rendormir ! Circulez il n'y a rien à voir...

Non, ne croyez pas que je m'enferme dans quelques propos revanchards. L'égalité de tous et pour tous est un leurre. Un leurre censé canaliser les ardeurs d'un Peuple qui depuis plus de 200 ans n'a jamais cesser de sentir la poudre.

Comment ne pas me sentir frustré d'entendre Marion Guillou, présidente du CA de Polytechnique qui reconnaît -à peine gênée- que son École ne connaît pas la parité avec moins de 20% de femmes élèves et ne sait pas conjuguer la diversité sociale au pluriel ! Encore pire, lorsque son pair-jumeau Bernard Ramanantsoa, directeur général d'HEC, confirme que la première sélection intervient par l'argent même si des efforts sont faits pour suivre des élèves modestes ! Toujours pire lorsque Laurent Batsch, président de l'Université Paris-Dauphine, atteste disposer d'une "autorisation spéciale" de sélection bien que son établissement soit public et financé sur les deniers de tous...

Quel malaise, bonjour tristesse ! A quoi bon nous faire croire encore qu'en France tous les hommes naissent libres et égaux en droits ! Ces intervenants ont dressé des constats -souvent affligeants- mais ont reconnus en des termes à peine voilés que l'ascenseur social est et restera pour longtemps encore cantonné au RDC !

Un instant de détente est proposé avec l'intervention de Daniel Costantini, ancien sélectionneur de l'équipe de France de Hand-Ball, tout juste auréolé de la médaille d'or au Jeux Olympiques de Londres glanée par ses Barjots devenus des Experts. Il avoue que sélectionner est un art savant. En sport plus qu'ailleurs. Et qu'à cet art, les sélectionneurs de handballeurs sont bien meilleurs que ceux des footballeurs ! Qui dira le contraire !

Le débat se poursuit et c'est encore une longue litanie de justifications grossières. Il est utile de sélectionner. Il faut dénicher les meilleurs. Nos élèves ont des défauts mais nous essayons de les préparer au mieux...etc. Le débat transpire de pensées presque dérangeantes. On cherche à déceler les formes d'intelligences. On dissèque. On s'enlise et on s'ennuie presque !

Et puis....une lueur...une lumière ! Une voix se désolidarise de cet ensemble convenu. Celle d'un adjoint au Maire de Roubaix, un certain Karim Amrouni, qui est venu nous dire que tout espoir n'est pas perdu. S'excusant presque de tenir tribune aux côtés d'un panel de "cerveaux" aussi prestigieux, il s'est lancé dans un exposé dont je ressent encore les vibrations.

Karim Amrouni parle de son arrivée en France vers l'âge de 15 ans, des difficultés à comprendre le fonctionnement de notre société, de la nécessité à maîtriser la langue pour entendre et être entendu. Il se lance ensuite dans une déclaration d'amour à la France et de reconnaissance de la grandeur de la République sans qui rien n'est possible ! Il appelle à valoriser ce qui fait sa force : la diversité de son Peuple. Il engage les uns et les autres à ne pas faire que constater mais à agir pour que l’Égalité de tous ne reste pas gravé aux frontons des mairies, mais qu'elle puisse s'appliquer sur le terrain et que tous les citoyens en ressentent la concrétisation dans les faits.

Il conclu sur une note plus grave. Une note malheureuse de notre temps. Il regrette que l’École ne dispose plus des moyens suffisants pour assumer la mission qui est la sienne. Il dit que lorsque dans un pays des jeunes en viennent à brûler leurs écoles, c'est quelque chose ne fonctionne vraiment plus ! La salle lui réserve un tonnerre d'applaudissements.

Il y a donc encore des raisons d'espérer. Il y a donc encore des raisons de se battre pour un idéal. Il y a donc encore des raisons de ne pas abandonner l'idée que l'utopie d'une société plus juste et plus égalitaire est possible. Il y a donc encore des raisons de croire en la France et dans la République, n'en déplaise à certains !

A la manière de Silvio Pellico : "Pour croire il faut vouloir croire".