Un dimanche d’août à Rock en Seine (Live Report)

Publié le 07 septembre 2012 par Splash My Sound @splashmysound

(Parc de Boulogne)

De Boulogne à St Cloud, il n’y a qu’un pas pour se rendre à Rock en Seine. Sous un soleil rougeoyant, les pommettes se plaisent & l’effusion naît peu à peu. D’un pas ferme et décidé, nous allons cueillir l’accréditation du jour, pupille collée sur la trotteuse qui file et appelle le concert des BRNS, les excitants belges déjà rencontrés à Europavox, les fruits d’une frustration sans nom alors que nous avions loupé le concert presque dans sa totalité. Cette fois, nous traversons à grandes enjambées le parc, de la grande scène jusqu’à la scène cascade où le mini-album Wounded vient d’être entamé sous l’astre explosif. Devant la scène, une peuplade de plus en plus dense, quelque chose d’apparemment incroyable à 14 :15, un dimanche où la majorité essore les surplus d’alcool grâce à la sueur vive. Sans surprise, l’envoûtement est total et instantané, de Dead Love au mirifique Our Lights, un fourmillement se fait sentir dans la foule qui s’échauffe de plaisir jusqu’à l’effusion des derniers morceaux.

Les transitions d’entre-concerts se ponctuent de pintes, d’une bière démesurément fraîche qui ravit les gosiers, anime les retrouvailles. De l’autre côté, c’est déjà Bombay Bicycle Club. La bande londonienne est dans la vague montante quand nous arrivons du côté de la régie et que le son nous attrape. La bière transpire tranquillement dans nos mains et nos cheveux blondissent, côtoient la paille sous les rayons. Un pied qui bouge, puis l’autre. Une main qui bataille régulièrement contre la jambe pour souligner le rythme. La brise d’une douce voix, celle de Suren Saram bataillant entre délicatesse et agressivité, entre voix et batterie.  En guise de dernier album, A Different Kind of Fix (2011) chez Islands Records. La pop est douce, agréable, mais, à tous égards, sans nulle mollesse. Avec distinction et finesse, l’équilibre est fait entre morceaux souverains et morceaux plus discrets. Shuffle fait dynamiter l’orange juice, la pulpe humaine s’agite. Pareil pour un Always Like This bien connu ou Lights Out, Words Gone qui, avec sa rythmique à la fois discrète et affirmée, ravage les pâturages de St Cloud. La recette d’un fondant moelleux au chocolat doublé d’une glace à la vanille.

Prochaine étape : les californiens de Family Of the Year. Et c’est très rapidement que nous nous apercevrons être restées sur leur premier album, Our Songbook, aux morceaux teintés d’innocences, à l’indéniable piquant. Désormais, ils ont sortis d’autres EP dont le dernier Diversity, ainsi qu’un dernier album Loma Vista. C’est une certaine fadeur qui nous interpellera, de malheureuses réminiscences des grands Fleet Foxes, le concept de joie dénué de sentiments pour une musique s’écoulant sous le manque de ricochets.

Si bien qu’on opte pour un retour à la bière, & à la grande scène, où va commencer le concert des Stuck In the Sound. Il serait inutile de décrire, parler et déglutir une enième fois sur la troupe qui t’arrache la plante des pieds, les empreintes digitales et l’aspect propret. Malgré un soleil découvrant sauvagement ton air pitoyable & des passages quelque peu brouillons te retournant le neurone, JOIE il y eut, et féroce ce fut !

Fin de concert, le pied traîne, la (presque) fatigue (presque) caniculaire nous emmène difficilement jusqu’aux devants de The Waterboys, les britanniques à la tête pensante dénommée Mike Scott. La bande se forma en 1983 et connu bien des remous depuis pour finalement arriver à St Cloud en ce dimanche d’août. A quelques mètres, sous un arbre, nous pouvons observer l’évolution scénique du groupe qui semble captiver son audience avec légèreté et tact, laissant les privilèges de la jeunesse à d’autres téméraires. Cependant, rien ne nous punaisera au sol et nous suivrons le flux se formant en direction des Dandy Warhols alors que nous avons déjà perdu plus de la moitié de nos amis, alors que nos vessies crient d’envie …

The Dandy Warhols…un grand sujet a priori. Des amis nous avaient susurré le caractère grandiose de la chose, nous nous attendions à ce genre de concert, de concert où la foule brasse autant d’énergie que le groupe même, nous nous attendions à la foudre d’un Zeus . Hélas, il n’en fut rien. Malgré un abandon partiel de leur dernier album, This Machine, à la grise mine, la puissance fut antithétiquement faible, digne de vieillards remontant sur les planches. Un groupe d’adolescents jouant pour la fête du lycée nous aurait davantage arraché les c******s. Le son n’aidant pas, rendant l’impression d’une musique monochrome, sans subtilités. Nous n’avons eu d’autres alternatives que de fuir, se réfugier aux toilettes du VIP, ou plus loin.

Blop, flop. Grandaddy nous mettra ensuite de charmante humeur & nous irons l’écouter allongées dans l’herbe.  La classe, le rythme, ce qu’il faut d’indie rock & un Jason Lytle visiblement heureux. Des américains comme on les aime qui nous serve sur un plateau leur musique, des grands classiques à tomber par terre et l’émotion de l’instant unique : A.M. 180 qui ravive les mémoires ; He’s Simple ou  He’s Dumb, He’s the Pilot, poignante au possible.

L’herbe nous chatouillant le nez  en sirotant des boissons, nous grignotons ensuite un sandwich, entre du Little Dragon et du Social Distortion, nous grignotons grignotons.

Car c’est le ravissement qui se prépare, l’énamoration est en route & nous n’en avons presque nul doute alors que s’approche le concert de Beach House, soit Victoria Legrand et Alex Scally. Trois albums passés, c’est avec Bloom (Sub Pop) qu’ils réapparaissent en 2012. D’une dream pop appréciée à un chant habité qui accompagna parfaitement la tombée de la nuit, l’apparition de la première étoile, du premier souffle de vent, sur cette scène protégée par de hauts murs en pierres. Le jeu de lumière est mystique allié à l’ombre des têtes se balançant de gauche à droite, les yeux rivés vers le ciel ou vers les profondeurs. « Elle fermait les yeux, absorbait cette gravité vocale pénétrée qu’elle était par une force ténébreuse. » L’instant semblait s’étirer, se rétrécir ensuite, pour ne laisser qu’un temps désincarné, l’enveloppe vide d’une réalité évincée. Myth, Wild à la voix d’une Vcitoria asexuée, ensorcelante. Troublemaker, boule de larmes en puissance. Les points de repère resteront donc vissés sur Bloom, savoureux en divers point et maléfiquement délicieux.

Et ailleurs, Green Day raisonne déjà. C’est donc l’heure du crime_ Et qui aurait pu croire alors que nous nous serions retrouvées quelques minutes plus tard à brailler sur Basket Case, Holiday ou que sais-je … Oui, parce que ça a terriblement envoyé, ce fut l’ effusion parisienne: du nourrisson pied bot au poney cul-de-jatte. American Idiot nous valut tout autant d’excitation que nos premiers blushs Yvves-Rocher et des cris retentirons « J’veux écouter du Green Day dans ma chambre toute ma vie ! ».

BAM. Et ce sera tout. Pour la suite, il y aura le VIP. Lieu sacro-saint.