Ron Paul est l’exemple type de l’anti-politicien. Il dit des vérités démodées, il éduque son public plutôt que de le flatter et se bat pour des principes, même si le monde entier demeure contre lui.
Par Llewellyn H. Rockwell, Jr, depuis les États-Unis.
Traduction Baptiste Favrot et Nikita Pottier, article publié en collaboration avec l'Institut Coppet.
Ron Paul à son bureau
Parmi les souvenirs de la campagne présidentielle de 2012, l’un des plus palpitants restera ces foules immenses venues pour voir Ron Paul. Ses concurrents, pendant ce temps, n’étaient même pas capables de remplir la moitié d’un Starbucks. Lorsque j’ai travaillé comme chef de cabinet de Ron à la fin des années 1970 et au début des années 1980, je ne pouvais imaginer une telle chose.
Qu’est-ce qui a pu séduire tous ces supporters de Ron Paul ? Il n’a pas soudoyé ses partisans en leur proposant une bonne planque dans l’État fédéral. Il n’a pas fait passer de loi bidon. En fait, il n’a rien fait de ce que l’on pourrait attendre d’un politicien. Ce que ses partisans apprécient chez Ron Paul n’a rien à voir avec le monde de la politique.
Ron Paul est l’exemple type de l’anti-politicien. Il dit des vérités démodées, il éduque son public plutôt que de le flatter et se bat pour des principes, même si le monde entier demeure contre lui.
Certains affirment « j’aime Ron Paul, sauf sa politique étrangère ». Mais sa politique étrangère reflète la meilleure et la plus héroïque des facettes de sa pensée. La paix constitue l’élément central du programme du Dr. Paul, il ne s’agit certainement pas d’un élément superflu et annexe de ce dernier. Il ne voudra et ne pourra jamais l’abandonner.
C’est un thème que Ron aurait pu passer sous silence s’il s’était uniquement soucié de sa réussite personnelle. Mais il a refusé. Peu importe le nombre de fois où il a été prié de se taire à propos de la guerre et de l’impérialisme, ces thèmes sont restés au centre de ses discours et de ses interviews.
Il est évident que Ron Paul mérite le prix Nobel de la paix. Dans un monde juste, il aurait aussi remporté la médaille de la liberté ainsi que tout les honneurs auxquels un homme de son rang peut prétendre.
Mais l’histoire est jonchée de politiciens oubliés qui ont gagné des tas de récompenses distribuées par d’autres politiciens. Ce qui importe à Ron Paul, plus que tous les honneurs et toutes les cérémonies du monde, c’est vous tous et votre engagement envers les idées immortelles qu’il a défendues toute sa vie.
C’est le franc-parler de Ron Paul et son désir d’éduquer le public qui doit inspirer notre action pour le futur.
Ce n’est pas une coïncidence si partout, les gouvernements veulent contrôler l’éducation des enfants. L’éducation fournie par l’État est censée prouver le bien fondé de ce dernier et son souci de notre bien-être. La réalité est moins flatteuse. Si la propagande gouvernementale peut prendre racine alors même que les enfants grandissent, ces derniers ne constitueront pas une menace envers l’appareil étatique. Ils s’attacheront des chaînes à leurs propres chevilles.
H.L. Mencken a dit un jour que l’État ne veut pas uniquement vous faire obéir. Il veut faire en sorte que vous ayez envie de lui obéir. Et c’est une chose que les écoles publiques font très bien.
Un théoricien politique depuis longtemps oublié, Étienne de la Boétie, se demandait pourquoi les hommes acceptaient un régime oppressif. Après tout, les gouvernés sont bien plus nombreux que la petite majorité des gouvernants. Ainsi, les gouvernés pourraient mettre fin à tout cela si seulement ils en avaient la volonté. Et pourtant, ils ne le font que très rarement.
De la Boétie en concluait que l’unique chance de survie de tout régime résidait dans le consentement du peuple. Ce consentement pourrait aller de l’appui enthousiaste à la résignation stoïque. Mais si ce dernier venait à disparaître alors la survie du régime serait menacée.
C’est donc pour cela que l’éducation, la vraie, constitue une menace pour n’importe quel régime. Si l’État perd son monopole de la pensée, il perd la clé même de sa survie.
L’État est en train de perdre cette emprise. Il semble que les médias traditionnels, qui n’ont cessé d’être les valets du gouvernement, sont menacés par des voix indépendantes qui s’élèvent sur le net. Je crois que plus un jeune de moins de 25 ans ne prend la peine de lire un journal.
Les médias et la classe politique ont uni leurs forces pour s’assurer que vous n’entendiez jamais parler de Ron Paul. Comme cela s’est révélé impossible, ils l’ont calomnié et ils ont affirmé que personne ne serait assez fou pour aller écouter Ron plutôt que Tim Pawlenty ou Mitt Romney.
Tout cela s’est retourné contre eux. Plus ils s’inquiétaient au sujet de Ron, plus les gens se tournaient vers lui. Ils étaient curieux de découvrir ce que la classe dominante voulait leur cacher par tous les moyens.
Notre défi est le plus radical jamais lancé à l’État. Nous ne sommes pas en train d’essayer de rendre l’État plus efficace, ou de montrer comment celui-ci pourrait ponctionner plus de revenus, ou encore changer son modèle de redistribution des richesses. Nous ne sommes pas en train de dire que telle subvention serait meilleure qu’une autre, ou que telle taxe permettrait d’améliorer le système. Nous rejetons l’existence même de ce système.
Et nous ne nous opposons pas aux guerres menées par l’État sous prétexte qu’elles seront contre-productives ou parce qu’elles seront trop coûteuses. Nous nous y opposons car le crime de masse, basé sur des mensonges ne sera jamais moralement acceptable.
Ainsi, nous ne mendions pas les miettes à la table impériale et nous ne cherchons pas à y siéger. Nous voulons renverser cette table.
Nous avons énormément de travail à accomplir. D’innombrables américains sont persuadés que c’est dans leur intérêt d’être pillés et commandés par une élite dominante qui finalement ne se préoccupe aucunement de leur bien-être mais cherche uniquement à accroître son pouvoir et sa richesse à leurs dépens.
L’institution la plus meurtrière et antisociale de l’histoire s’en est sorti en se décrivant comme la source même de la civilisation. A partir du moment où ils mettent les pieds dans une école publique, les américains apprennent que l’État serait là pour les sauver de la pauvreté, des médicaments douteux, et des crises. Ils apprennent que l’État serait là pour donner un coups de pouce à l’économie lorsque celle-ci bat de l’aile et qu’il nous protègerait contre les méchants ici et là. Ce point de vue se voit renforcé à son tour par la couverture médiatique, que ce soit la presse écrite ou la télévision.
Si le public est dupé, comme le dirait Murray Rothbard, libre à nous de le ramener à la réalité. Nous devons mettre à bas le masque innocent de l’État.
Telle est la tâche qui vous attend, qui attend chacun de nous ici et maintenant.
Commencez par vous-même. Apprenez tout ce que vous pouvez apprendre au sujet d’une société libre. Lisez les grands auteurs, tels que Frédéric Bastiat, Ludwig von Mises et Murray Rothbard. En vous plongeant dans la littérature de la liberté, partagez ce que vous être en train de lire et d’apprendre. Démarrez un blog, créez une chaîne Youtube. Organisez un club de lecture. Mais quoi que vous fassiez, apprenez et diffusez ce que vous êtes en train d’apprendre et ne vous arrêtez jamais.
Si c’est par la propagande que les gens acceptent inconsidérément les affirmations de l’État, c’est par l’éducation que les hommes doivent être ramenés à la raison.
Avec ses médias complaisants sur le déclin, l’État va avoir de plus en plus de mal à faire accepter ses affirmations et à persuader les hommes d’avaler ses mensonges et sa propagande.
Vous avez sans doute déjà entendu le dicton : la plume est plus forte que l’épée. Considérez l’épée comme l’État et la plume comme chacun d’entre vous. Chacun, à sa façon, diffusant les idées de liberté.
Souvenez-vous de la perspicacité d’Étienne de la Boétie : tout gouvernement repose sur le consentement du peuple et à partir du moment où le peuple retire ce consentement, tout régime est condamné.
C’est pour cela qu’ils craignent Ron Paul, c’est pour cela qu’ils vous craignent et c’est pour cela que malgré les horreurs que nous lisons tout les jours, pouvons oser regarder l’avenir avec espoir.
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