Me voilà de retour, mes adieux n’étaient en fin de compte que le prélude à une « année sabbatique », l’envie d’écrire s’est finalement révélée la plus forte.
Je reprends donc la publication de ce blog mais à un rythme moins soutenu puisque désormais les parutions seront bimensuelles, le premier et le troisième vendredi du mois.
Pour cette reprise je vous propose de rentrer au Louvre par la Colonnade, située à l’arrière du musée, ce qui permet de traverse la cour carrée pour aboutir à la Pyramide.
Avec ce tableau intitulé « Vue de la Colonnade du Louvre » daté des années 1761 – 1764 nous revenons quelques siècles en arrière.
Cette façade majestueuse avait été décidée par Louis XIV en 1665 et confiée à l’architecte Claude Perrault, mais comme beaucoup de projets architecturaux de l’époque tout s’arrête avec le départ du roi et de la cour à Versailles. Comme je l’avais déjà raconté dans cet article, le Louvre connaît alors une longue période de décrépitude qui le laisse dans un triste état au milieu du XVIIIe siècle, le palais est d’ailleurs complètement enclavé dans le quartier dont certaines maisons jouxtent ses murs. C’est alors que des artistes et des intellectuels se mobilisent pour réhabiliter le Louvre et les premiers projets de « muséum » voient le jour. En 1757 le Directeur des bâtiments du roi (fonction qui peut s’apparenter à celle d’un ministre de la culture) décide de dégager la Colonnade en faisant abattre les maisons mitoyennes. L’opération prend du temps car il faut négocier avec les propriétaires dont le marquis de Rouillé qui possédait deux bâtiments.
Le tableau est l’œuvre de Pierre-Antoine Demachy (1723 – 1807) un peintre professeur de perspective à l’académie. Il fait ressortir le contraste entre la grandeur majestueuse de la Colonnade éclairée par le soleil et les ruines dans l’ombre, la scène est animée par les silhouettes des passants et des travailleurs du chantier.
La monarchie finissante n’a ni le temps ni les moyens de créer le musée qui voit le jour en 1793 durant la Révolution Française. Les débuts de ce musée républicain sont modestes puisqu’il n’occupe qu’une partie de la Grande Galerie pour y exposer les tableaux saisis dans les collections royales. C’est Napoléon Ier qui lui donne une véritable impulsion en faisant évacuer par la force tous les occupants illégitime et crée un grand musée européen alimenté par ses prises de guerre ; le fronton de la Colonnade est d’ailleurs achevé sous le premier empire.
Quelques années plus tard, lors de la révolution de 1830, le Louvre est pris d’assaut par les insurgés et les victimes sont enterrées à cet endroit. Le chien de l’un d’entre eux, inconsolable, reste sur la tombe de son maître. Prénommé « Médor » il donnera son nom à des générations de chiens. La dernière transformation de la Colonnade date du XXe siècle, ce sont les fossés creusés à l’initiative d’André Malraux, alors ministre de la culture.
Le prochain article paraîtra le 21 septembre et sera consacré à l’ouverture du nouveau département des arts de l’Islam.