Bande dessinée - 64 pages
Editions Delcourt - janvier 2012
Jean, toxicomane depuis longtemps - de longues années sans être clean une seule journée - se rend au Château des ruisseaux, dans l'Aisne, pour y suivre une thérapie de groupe. Eau de Cologne, livres, musique, mousse à raser, tout cela est interdit pour éviter les rechutes et l'isolement. Les histoires d'amour aussi sont vues d'un mauvais oeil. Chaque individu doit être entièrement concentré sur le travail qu'il a à faire pour tenir chaque jour sans consommer à nouveau. tenir à tout prix, au moins jusqu'au soir. Et tant pis si la jeune Marie, arrivée en même temps que Jean, semble elle aussi amoureuse....Le Château des ruisseaux, c'est un huis-clos documentaire d'immersion en terre de sevrage. Un thème rarement abordé, avec de plus ici des témoignages indirects de personnes qui ont vraiment constitué, à une époque, un groupe en thérapie dans ce centre. En fin d'ouvrage, on lit le devenir des protagonistes suite à leur séjour : peu s'en sortent durablement, mais le peu qui guérit représente une victoire incommensurable sur l'addiction ravageuse.Avec les dessins fins, sobres, on lit les tensions, les réflexions, les regards. Et puis, jour après jour, on apprend la discipline du centre, les entretiens avec l'équipe médicale ou les entretiens collectifs. raconter sa déchéance, parvenir à croire, quand les crises le terrassent, qu'il existe un jour possible sans y retoucher. Et comment l'arrivée d'un nouveau patient, arrogant, flambeur, séducteur, peut devenir un élément perturbateur, alors que la visite d'un toxicomane sevré depuis des années représente l'espoir d'un parrain qui saura soutenir Jean une fois la cure achevée. Le scenario est très bien mené, la conclusion est intelligente. L'album est réussi, avec courage.
Interview de Vincent Bernière, qui n'oublie pas le château des ruisseaux - BoDoïL'avis de Colimasson - Colimasson perd son temps