Et puis, silence … On passe à autres choses … comme dans la vie.
2011, dis-moi est-ce que tu as vu le printemps ? Une grande claque ce soir où je redécouvre Robi sur scène, y avait de la vie et de la mort, de la délicatesse et de l’amour, de la haine et le désir de tuer.
Un abonnement à ses concerts était nécessaire alors j’ai accepté l’appel au voyage et l’évasion me laissant charmer (encore une fois) par cette artiste qui chante sur un fil … fil tendu, fil fragile.
Ce qui m’a toujours fasciné chez Robi c’est l’humaine, cette citoyenne du monde sans identité fixe. Elle me rappelle souvent Lhasa et ce coté »chanteuse sans toit ni loi ». Robi ne peut s’épanouir que dans l’aventure et la liberté alors elle va jusqu’au bout de sa tristesse, de la réalité, de ce qui se passe en elle, de la passion qui brûle dans ses veines. Elle va jusqu’au bout !
© Frank Loriou
Ce qui me définit moi en terme d’identité, c’est l’absence d’identité ! Ce n’est pas d’avoir voyager et d’avoir tellement déménager … y a cette liberté d’être soi, d’être dégagé de ses origines et je me sens citoyenne du monde dans le sens où on est libre d’être qui on est au-delà de ses origines, de sa famille, de l’endroit d’où on vient et de ce qu’on attend de vous …
Aujourd’hui, Robi forme avec Jeff Hallam (qui aura été le décodeur de ses désirs inassouvis) un excellent duo que ça soit niveau composition ou arrangement. Comme dans un film, la collaboration entre ces deux OVNIS c’était écrit quelque part. Robi trouva auprès de Jeff une oreille attentive et une sensibilité musicale anglo-saxonne, ce qui a certainement permis à ses textes de s’épanouir et de donner vie aux chansons qui naissaient et grandissaient dans sa tête et son ventre.
Robi & Jeff Hallam par Frank Loriou
Avec Jeff, on s’est tellement bien compris qu’on avait décidé dans la semaine de travailler ensemble (sourire). On a enregistré l’album en février et il est sorti en octobre 2011.
J’ai travaillé pas mal de temps avec des compositeurs mais je n’arrivais pas à trouver un endroit à moi où je pourrai proposer des chansons un peu plus rock, plus violente, plus hybride… Les collaborations ont été passionnantes, humainement et artistiquement elles ont été très enrichissantes, mais je ne me reconnaissais pas dans ces projets. C’est très étrange, j’ai l’impression d’avoir vécu en sous-marin pendant des années.
Jeff a une culture anglo-saxonne plus riche que la mienne et il avait un regard très neuf sur la chanson, il ne me disait jamais « ah ce n’est pas possible » quand je lui proposais un morceau.
Donc dans cette aventure musicale, Chloé Robineau aka Robi nous a proposé avec Jeff un premier EP sorti en octobre 2011. Une véritable claque sonore avec des morceaux entêtants, rugueux, captivants et capiteux, qui nous emmènent dans un piège d’émotions. Oui Robi ensorcelle et étonne par la puissance de son chant, et cette voix qui est un doux rêve dont on ne ressort pas.
Un EP écrit et enregistré dans la plus grande discrétion, mais pourquoi garder cela secret ?
C’est un choix qui s’est imposé à nous sans réelle stratégie. J’avais enfin l’impression d’être au bon endroit avec la bonne personne et j’avais une peur terrible de faire rentrer du monde dans cette histoire parce que ça allait surement me perturber et m’empêcher d’avancer. J’étais tellement terrifiée que je me disais « va jusqu’au bout de cet univers, va jusqu’au bout du projet … et puis ça plaît ou ça ne plaît pas, au moins y aura pas eu d’interférence ! ».
C’est aussi une manière d’éviter les remises en question sans fin ?
C’est très difficile parce qu’à la fois c’est une bonne chose les critiques, faut savoir les entendre mais en même temps c’est un danger et c’est à soi de trouver l’équilibre par rapport à qui on est , qui on laisse entrer dans notre projet etc. Créer c’est choisir et si vous êtes finalement nombreux à choisir ben ça devient compliqué…
Robi a réussi à produire une musique qui lui ressemble et dont elle est très fière. Pour l’album, toujours la même équipe de winners ?
Toujours la même équipe (sourire), Jeff et moi on compose et on arrange, Jeff réalise aussi l’album. On est arrivé au studio avec un travail très avancé et Boris Boublil (claviers, guitare, percussions) nous a rejoint. Donc principalement on l’a fait à trois ! Soyez patient jusqu’à février 2013 pour la suite
Boris, Robi & Jeff par Frank Loriou
Ce qui charme aussi avec Robi, c’est qu’on a cette impression que ses références sont aussi littéraires que musicales.
Chloé Robineau fait certes de la musique (et non pas que de la chanson) mais y a la magie des mots, le voyage à travers sa plume, … Et c’est ainsi que l’artiste nous proposa « Elle a de qui tenir« , un hymne au métissage et à la famille !
Tu es bien informé (rires), en fait ce livre , au départ, c’était une chanson. Je n’avais pas pour vocation d’écrire pour les enfants, c’est un peu un hasard de rencontre.
J’ai toujours eu envie d’écrire, je pense que j’ai trois romans qui se sont arrêtés au premier chapitre entre 9 et 25 ans (rires). Honnêtement, je n’ai jamais réussi à passer au format long.
Robi c’est non seulement une magie sonore, mais un voyage à travers ses textes et ses photos. Parlons un peu du visuel et le beau travail du photographe Frank Loriou. Est-ce que dans un projet artistique le visuel est plus important que la musique ? Chacun sa discipline mais dans l’univers charmant de Robi, on sent vraiment cette alchimie entre l’artiste et son photographe, un échange qui soulève des vagues et prolonge ce voyage étoilé.
Robi live au Glazart – @ Franck Nardin
Mais est-ce que Robi est tentée par mélanger scéniquement photo et musique ?
On n’a jamais mis en oeuvre ce genre de projet mais c’est comme ça qu’on s’est rencontré Frank et moi (sourire). Par contre, c’est compliqué de mettre cela en place. Néanmoins c’est une idée qui nous trotte dans la tête depuis un moment et qui prendra forme un de ces jours … peut-être lors d’une résidence ?
Ne zappez pas les prochaines dates de Robi -par exemple celle au Kiosquorama le dimanche 9 septembre- :
Remerciements : Frank Loriou, Chloé Robineau
Crédit photo : Frank Loriou
Crédit Photo – Live à Glazart- : Frank Nardin