Août à Paris - 4 : Chris Killip

Par Plumesolidaire

Le BAL

Chris Killip What happened Great-Britain 1970-1990

Jusqu'au 19 août (c'est fini !)

Source : Le BAL

Le BAL est installé près de la Place de Clichy, dans une ancienne salle de bal.

On y accède aisément par l’Impasse de la Défense.

En face du BAL, un jardin public d’aménagement récent, offre ombre et calme pour la poursuite de la lecture de votre livre.

L’exposition s’étend sur deux niveaux dans ce lieu digne des installations des musées contemporains.

Les photographies de Chris Killip ont fait écho dans mon esprit, à l’actualité de la grève des mineurs de Marikana en Afrique du Sud. Ce qui frappe dans ses images, c’est l’état d’abandon aussi bien des hommes, qui semblent vivre dans les années 30, que de leur environnement.

En France, la culture institutionnelle de la mémoire – écomusée, site reconnu par l’UNESCO comme le bassin minier par exemple -, reconnaît une identité économique et culturelle qui préserve une certaine fierté aux héritiers locaux de cette histoire.

Partant, il est permis de se poser la question de savoir si elle ne constitue pas au moins en partie un forme de quitus pour l’action publique, blanchissant en quelque sorte la conscience citoyenne et détournant l’attention des médias.

Elle invite néanmoins, à regarder derrière le paravent de l’histoire muséiphiée, la réalité du devenir des paysages de la désindustrialisation qui frappe notre pays et du destin des populations de ces sites.

Plume Solidaire

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De l'île de Man où il est né en 1946, au nord de l'Angleterre, Chris Killip enregistre "ce qui s'est passé" : la désindustrialisation, la disparition de la culture et des modes de vie traditionnels en Angleterre. 

Ses sujets seront les oubliés, les marginalisés, les laissés pour compte de la modernité. Il entre par empathie dans la vie de ceux qui demeurent dans l'ombre de l'histoire" (LE BAL)

Chris Killip nous donne l'occasion de nous poser la question de l'essence de la photographie dite "documentaire" : doit-on croire en la réalité captée par l'image, ou au contraire doit-on poser par principe son manque de réalité?

Pour Killip, être photographe, c'est à la fois s'engager dans le monde que l'on photographie et aussi s'engager dans l'acte même de le représenter. 

C'est "un drame qui se joue entre les faits visibles et les faits de la vie".

"Une bonne photographie dit que tout ce qui se passe en réalité est invisible".

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Photographe majeur de la scène britannique, Chris Killip, dès le début des années soixante-dix, a ouvert à la photographie documentaire de nouvelles perspectives, dont l’influence demeure aujourd’hui perceptible dans le travail de photographes contemporains tels que Martin Parr, Tom Wood ou Paul Graham.

 Né à Douglas, sur l’île de Man en 1946, Chris Killip commence la photographie à dix-sept ans et devient l’assistant à Londres d’un célèbre photographe publicitaire. Inspiré par le travail des Américains Paul Strand et Walker Evans, et des Européens Bill Brandt, August Sander et Robert Frank, il revient en 1969 sur l’île de Man, dont le nouveau statut de paradis fiscal bouleverse la culture et les modes de vie ancestraux.

Il capture alors les visages, les paysages, pleins d’âpreté et de grâce, à l’image d’un monde apparemment immuable, sur le point de basculer. 

Membre fondateur de la Side Gallery à Newcastle upon Tyne en 1976, Chris Killip va s’immerger pendant vingt ans dans des communautés du nord de l’Angleterre : Huddersfield, Lynemouth, Skinningrove.

Faisant corps avec cette région, ses paysages, sa topographie, ses habitants, il devient le chroniqueur de la désindustrialisation et de la confrontation, souvent très brutale, d’une classe ouvrière britannique avec une politique économique hostile.

Avec obstination, Chris Killip se jette dans son temps, un temps instable, chaotique.

« Un temps détraqué, celui des ruptures de la modernité. Un temps qui ne se contente plus de passer mais dont la nature même change. Le temps de Chris Killip sera l’Histoire telle qu’elle est vécue de l’intérieur, et non telle qu’elle est écrite. Celle des oubliés, des laissés pour compte de la modernité. » (David Campany)