THOM BROWNEParis – Dimanche dernier – 18h30, au son d’"Il était une fois dans l’ouest (l’homme à l’harmonica)" d’Ennio Morricone, quatres étranges satyres d’argent traversent le vert gazon du jardin de la maison de la Chimie. Une douce inquiétude saisit les journalistes et acheteurs interloqués, venus de loin pour applaudir les créations de l’ingénieux styliste.Après une courte visite auprès des invités, les créatures mythologiques prennent place aux quatres coins de la verdoyante pelouse, assurant ainsi la protection de ce que cet endroit allait contenir.
Quarante paires de chaussures argentées, installées proprement attendent leurs propriétaires.A l’état "embryonnaire", les mannequins entrent un par un dans la cour et entament une longue procession. Enveloppés d’un tube de textile métallisé, ils avancent cachés des yeux de tous, s’installent dans leurs souliers et dévoilent l’incroyable collection du talentueux Thom.Petites vestes avec ou sans manches brodées de paillettes dont les effets font ressortir de joyeuses baleines ou de rouges écrevisses, bermudas en patchwork de madras multicolores, costumes 3 pièces en carreaux dépareillés, manteaux aux manches courtes, composent savamment, efficacement et joyeusement les formidables propositions de Thom Browne pour l’été 2013.
Thom Browne Printemps-Eté 2013
Humour et proportions inhabituelles (étriqué, raccourci…) forment sa signature. Thom Browne "le grand" est considéré comme l’un des créateurs masculins les plus influents du moment. Les japonais raffolent de son style !Si vous croisez un homme dans la rue portant un pantalon qui finit bas mollet, c’est du pur Thom Browne (ou inspiré de), ou bien tout simplement votre programme de lavage était mal choisi ! (rire)L’homme porte un impeccable costume gris relevé d’une pochette blanche 1950 sur une chemise au col souple et pointu, cravate unie étroitement noué : un siècle d’élégance masculine condensé sur un seul homme. Le plus chic réside dans ce côté imperceptiblement fatigué de l’ensemble, comme ses chaussures dont le cuir vieilli s’embellit avec le temps. Un style transformant le personnage en un mélange de star hollywoodienne 1960 et de gamin déluré, raie de côté-épi, pieds nus dans de gros souliers. Avec son regard pétillant, il a d’ailleurs une jolie et bonne gueule d’acteur, son premier métier, vite abandonné. Il se rattrape aujourd’hui en organisant des présentations de mode baignées de lumière comme des plateaux de cinéma, dont il est à la fois scénariste, réalisateur et habilleur.Thom Browne Printemps-Eté 2013
Né à Allentown, Pennsylvanie, en 1965, il grandit dans une grande famille catholique. Ses parents possèdent une personnalité affirmée, obstinée. Ils poussent leurs sept bambins à se dépasser par le sport et les études, mais sans les forcer à suivre une direction. Il en garde uneimpérissable confiance en lui. Mais il est le seul avec sa petite sœur, oncologiste, à n’avoir pas suivi le destin d’hommes de loi de ses frères.En 1997, le comédien désabusé se reconvertit dans la mode. Seulement après quelques années, Thom Browne se lance seul en rajeunissant le traditionnel costume-cravate tout en confiant sa fabrication à de bons et vrais tailleurs. "Car rien n’est plus à la mode que ce qui est vraiment bien fait". Les débuts sont laborieux, comme tout à chacun. Et puis ça marche !Le ricain catho en culottes courtes est bien décidé de ne rien changer. Son travail ne relève pas de la tendance.Joli pied de nez à tous les imbéciles-copieurs des grandes chaînes de prêt-à-porter qui se contentent de l’imiter. Ils s’épuiseront de médiocrité...
S’il avait un seul conseil vestimentaire à donner aux hommes ? "Prenez simplement conscience de ce qui vous va. Ne vous inquiétez pas de ce que les autres pensent. Soyez sincère et honnête avec vous-mêmes".
Une pure collection comme je les aime !!!Magnifique.The Reporter Demain, Haute-Couture avec Iris Van Herpen