On le sait depuis janvier : le réseau de lecteurs Copia, qui vient de connaître une mise à jour graphique (site web et application iPad) s’est implanté au Brésil, en partenariat avec un acteur local (Submarino, sorte de Virgin brésilien, concurrent de la chaîne Saraiva). Mais c’est au cours de la biennale des livres de Sao Paulo que l’entreprise a souhaité communiquer sur le sujet, par l’intermédiaire du PDG du groupe DMC qui détient Copia. Andrew Lowinger a donc classiquement insisté sur l’importance d’une adaptation du monde éducatif aux “nouvelles technologies” à laquelle son réseau apporterait une solution, récemment testée dans 10 universités américaines.
À l’origine pourtant, Copia ne s’adressait pas majoritairement aux universitaires. Comment donc expliquer cette réorientation ? On peut d’abord l’observer chez d’autres acteurs du livre numérique, spécialisés dans les réseaux et plus précisément dans l’annotation. SubText et HighLighter, par exemple, ont dernièrement proposé des pages dédiées aux étudiants et aux professeurs. C’est une réorientation naturelle, de la part d’acteurs qui se sont empiriquement rendu compte, alors que des tas d’études existaient déjà, que l’apposition d’une marque en regard d’un objet (textuel, ici) était une pratique des “travailleurs du savoir” (vérifiable historiquement aussi), étrangère en partie à ce qu’on appelle grossièrement le “grand public”. En d’autres termes : encore aujourd’hui, de nombreuses start-up, qui baignent dans l’idéologie du Web dit 2.0, sont convaincues que le “faire produire” aux utilisateurs est gagné d’avance, peu importe le domaine abordé, pour peu qu’on y ajoute un peu de “nouvelles technologies” et de “nouveaux médias” (il reste cependant à faire l’archéologie de cette circulation idéologique et de son implantation). D’où les changements progressifs de cap.
Ensuite, le Brésil est devenu un nouvel “eldorado” (ou peut-être un mirage) pour l’eBook - prise en compte des pouvoirs publics, congrès internationaux, évolution des systèmes de gestion, accroissement significatif du nombre de fichiers vendus/proposés à la vente, adhésions à l’IDPF, etc. - notamment perceptible dans les “batailles” que se mènent les grands groupes. D’un côté, en effet, Amazon-Google-Apple-Kobo; de l’autre, des acteurs qu’on oublie trop souvent alors qu’ils réalisent la quasi-totalité du CA du livre numérique : les éditeurs/industriels (industrieurs) universitaires. Copia pourrait ainsi s’appuyer sur Pearson, qui a dernièrement racheté SEB (principal fournisseur de matériels éducatifs au Brésil), ou peut-être sur Saraiva qui fournit à la plateforme de manuels Minha Biblioteca l’essentiel de ses contenus, pour proposer aux étudiants des fonctions “sociales” dans un pays où la distribution de manuels au format numérique va probablement (et juteusement) devenir obligatoire.