Le Journal du Pays-Basque 06/09/2012
La littérature basque se porte bien. Preuve en est : la parution du dernier roman de Kirmen Uribe, intitulé Bilbao-New York-Bilbao, chez la prestigieuse maison d’édition française Gallimard dans la collection Du Monde Entier, la principale collection de littérature étrangère des Editions Gallimard. Un événement pour l’écrivain, mais aussi “un excellent signe” pour l’ensemble de la littérature en langue basque. Pour saluer cette sortie, la librairie Elkar l’a invité ce samedi 8 septembre, à 17 h 30, pour présenter son roman.
“Pour moi c’est un véritable honneur de faire partie de la collection “Du Monde Entier”, au sein de laquelle je retrouve beaucoup des auteurs que j’admire comme Mc Ewan, Orhan Pamuk, ou Erri de Luca. On peut dire que je suis tombé entre de bonnes mains” s’est réjoui Kirmen Uribe.
La défense d’une tradition
Poète, journaliste et critique d’art, Kirmen est né en 1970 à Ondarroa. Il est considéré aujourd’hui comme l’un des auteurs les plus prometteurs de la dernière génération d’écrivains en langue basque. Une langue qu’il défend depuis toujours, très naturellement : “C’est ma langue. Cela ne me viendrait pas à l’esprit d’écrire dans une autre. L’euskera a une tradition littéraire de près de 500 ans, qui commence justement en Iparralde avec Bernat Etxepare. Ecrire en basque n’a jamais été plus compliqué pour moi. Au contraire. J’ai mes lecteurs, je suis traduit, et je suis invité à des festivals dans le monde entier. Tout ça grâce à la langue basque et à ceux qui ont lutté pour sa survie et son développement. Que puis je demander de plus ?”
Un hommage aux pêcheurs
Un de ses recueils de poèmes, Entre-temps, donne-moi la main, a été publié en France (Le Castor Astral, 2 006). Bilbao-New York-Bilbao, écrit originalement en euskera, est son premier roman. Il a reçu le Prix de la Critique au Pays Basque en 2008, puis le Prix National à Madrid en 2009 qui l’a révélé à Gallimard.
La nouvelle, structurée autour d’un vol entre Bilbao et New York, dégage une poésie qui puise à la fois dans l’Atlantique Nord, avec ses marins et ses légendes, et dans l’histoire millénaire du Pays Basque. Kirmen Uribe esquisse un pont entre ses deux mondes à travers les lettres, les journaux intimes, les courriers électroniques, les entretiens et même les fragments de dictionnaire avec lesquels il reconstitue ici la destinée de trois générations de sa famille. Une mosaïque de souvenirs et d’histoires, qui rend hommage à un monde en déclin -celui de la grande épopée des pêcheurs basques, du golf de Bizkaia- mais qui salue également le monde vers lequel nous allons. “Je parle de ma propre famille, une famille intrinsèquement liée à la mer, et de mes souvenirs d’enfance. Mais c’est aussi un roman pluriel, en forme de puzzle, où s’entrechoquent de nombreuses thématiques comme la mondialisation, l’évolution des schémas familiaux et de la place de l’homme, la nature, l’art ou l’amour, jusqu’à l’euskera” explique l’auteur.
Jusqu’à présent, le livre a été très bien accueilli, et l’on peut d’ores et déjà prédire que la vague Kirmen Uribe déferlera aussi dans les librairies françaises à l’occasion de cette nouvelle rentrée littéraire.