Marlysa, T4 : Bragal - Jean-Charles Gaudin & Jean-Pierre Danard

Par Belzaran


Titre : Marlysa, T4 : Bragal
Scénariste : Jean-Charles Gaudin
Dessinateur : Jean-Pierre Danard
Parution : Juin 2002


« Bragal » est le quatrième tome de la série « Marlysa ». Il s’agit de l’avant-dernier opus du premier cycle de cette saga du neuvième art. Sa parution date d’une dizaine d’années. Edité chez « Soleil », cet ouvrage est vendu pour un prix proche de quatorze euros. Le scénario est le fruit du travail de Jean-Charles Gaudin. Jean-Pierre Danard se charge des dessins. Quant aux couleurs, elles sont confiées à Nolwenn Lebreton. La couverture nous présente notre héroïne avec son célèbre masque, un couteau dans la main droite. Elle semble être en mission et se trouve dans ce qui parait être un palais. Il ne reste plus qu’à se plonger dans la lecture pour en savoir davantage…

La quatrième de couverture nous offre le résumé suivant : « Un bébé abandonné par une étrange créature. Sur son visage : un terrible secret que recouvre un masque. Sous le masque : celle qui deviendra la belle et fougueuse Marlysa. En quête de ses origines, Marlysa traverse l’océan des brumes pour affronter « L’autre Côté » à la sinistre réputation. Tatrin, Cilia, Ossian et Stirius l’accompagnent dans ce périple dangereux qui va bouleverser leur destin et créer la légende de Marlysa, la femme au masque. 

« Marlysa » répond aux codes classiques de la fantasy. Elle est l’élue. Sa mission consiste grossièrement à sauver le monde. Son statut lui est inconnu à sa naissance. Il se révèle à elle au cours des épreuves que met la vie sur son chemin. Il va sans dire qu’elle est accompagné d’amis fidèles qui ne pas en elle uniquement sa célébrité. De plus, Marlysa est liée au grand méchant sans le savoir a priori. Bref, on est dans le cliché. Cela n’est pas dommageable s’ils sont exploités avec tact et assumés. J’avais trouvé que le troisième tome devenait un petit peu brouillon dans sa narration. Cela parasitait un petit peu l’ampleur prise par l’intrigue qui offrait le caractère de messie à l’héroïne avec les enjeux qui en découlent. J’espérais donc que ce quatrième opus gommerait ces défauts tout en conservant la densité du propos. 

Concernant la densité, je suis très vite rassuré. Cela n’arrête pas ! Les événements s’enchainent à un rythme effréné sur tous les fronts. Aucun personnage n’a droit au repos. Tout le monde est sur le pont. Les batailles et les poursuites se succèdent. Cette hyperactivité a tendance à générer une sensation de fouillis gênante. J’ai l’impression de retrouver les défauts du précédent album. On n’a jamais le temps de souffler. Tout s’enchaine trop vite. On a tendance parfois à s’y perdre. Alors que la lecture devrait être simple et agréable, on est en permanence en train de s’adapter à un nouvel univers, un nouveau contexte, une nouvelle problématique sans passer par une phase transitoire. C’est dommage. 

Cette densité de mouvements et d’événements fait que la narration manque de relief. On a du mal à discerner les différences d’importantes entre les différents moments. L’album a du mal à se varier l’intensité des scènes. Certains combats sont fondamentaux quand d’autres sont plus anecdotiques. Pourtant tous sont traités de la même manière. C’est dommage. Cet album se conclue par une dernière page très forte. Elle aurait pu être mise davantage en valeur si l’auteur avait davantage travailler la montée en puissance vers ce moment-là. Le dosage narratif manque de subtilité. 

Cette effervescence de scènes fait finalement passer les personnages au second plan. On ne retrouve plus la sympathie qu’on avait à retrouver le groupe d’amis qui accompagnait Marlysa. Les chamailleries de Cilia et Ossian, le romantisme de Tatrin, le charisme et l’humour de Stirius… Tout cela disparait au profit de bataille et de course poursuite. C’est dommage car les protagonistes jouaient un rôle important dans le plaisir qu’on prenait à se plonger dans l’ouvrage. Je suis également déçu par le rôle occupé par Bragal. Ce dernier donne son nom à l’album. On peut donc supposer qu’il va jouer un rôle important dans l’histoire. Certes il aide énormément Marlysa mais le personnage ne prend pas vraiment la place qu’on pouvait espérer. Son côté « grand guerrier solitaire et plein de secrets » est parfois un petit peu « too much ». 

Les dessins de Jean-Pierre Danard ont les mêmes qualités et les mêmes défauts que le scénario. Ils sont très denses. Les cases ne souffrent d’aucun vide et aucune page ne donne lieu à un remplissage fainéant. Les couleurs sont vives, les mouvements dynamiques. En lisant cet ouvrage, nos pupilles sont mises à rude épreuve. A contrario cet excès manque de subtilité. Certaines cases sont surchargées et noient les personnages dans les décors secondaires. Bref, Danard à l’image de Gaudin donnent l’impression dans cet album de carburer un petit peu trop à l’adrénaline. Quelques variations au niveau de l’intensité n’auraient sûrement pas fait de mal à l’ensemble.

En conclusion, « Bragal » a confirmé les défauts apparus dans « L’autre côté ». Malgré tout, l’album se laisse lire avec plaisir tant les auteurs donnent l’impression de s’être investi pleinement dans ce projet. Cela rejailli dans la lecteur et a tendance à nous faire oublier les quelques bémols que contient l’album. Je lirai donc avec plaisir le cinquième tome de cette série. D’autant plus que ce dernier conclut le premier cycle. Mais cela est une autre histoire… 

par Eric the Tiger

Note : 11/20