Magazine Beaux Arts

Le mystère de la chambre noire (Choi)

Publié le 06 septembre 2012 par Marc Lenot
Le mystère de la chambre noire (Choi)

Choi, 02

Un bon interprète peut-il être compositeur ? Un bon acteur, auteur dramatique ? Un bon tireur — et Choi est sans doute le meilleur tireur parisien  — peut-il être photographe ?  Quand je tire des photos de Valérie Jouve, dit-il, je DEVIENS Valérie, et quand je tire des photos de Bettina Rheims, je SUIS Bettina. Alors, dans ce mimétisme, quelle place reste-t-il pour sa création propre ? Choi (Chung Chun) répond à cette question en n'étant pas 'photographe', en n'appuyant pas sur le déclencheur, en ne se préoccupant pas de diaphragme, de vitesse ou de focale, en ne se soumettant pas à la logique du dispositif photographique, mais en créant ses propres installations. Que leur résultat final visible à nos yeux, exposé à la MEP jusqu'au 4 novembre, soit une image sur du papier n'est pas le plus important. Ce qui compte, c'est le processus qu'il suit, et la magie fantomatique qui en résulte.

Le mystère de la chambre noire (Choi)

Choi, 01

Sur le processus, il ne faut pas tout dévoiler : une camera o(b)scura inversée pourrait-on dire. Dans une chambre noire, de la taille d'une pièce, une boîte, qui contient une puissante source de lumière et une 'installation", est percée d'un trou sténopéique d'où s'échappe la lumière qui va impressionner le papier sensible fixé sur la paroi opposée. Ladite installation est tout le secret de ces photos : du papier de soie froissé, huilé, roulé en boule, saupoudré d'ingrédients divers, et sur lequel ont été préalablement reproduits en négatif des motifs, des visages*. Impossible de savoir à l'avance à quoi ressemblera la photo finale, celle qu'il trouvera au centre du papier sensible, celle qui émergera soudain dans le révélateur, celle que nous voyons ici.

Le mystère de la chambre noire (Choi)

choi, 03

Et ces images sont superbes. Des monstres fantomatiques nous fixent, visages triplés, gueules cassées, loups-garous, masques noirs, faces striées, crânes déformés : ici un petit marquis XVIIIème, là une actrice connue peut-être. Des êtres hybrides, improbables, impensés, le mystère de la chambre noire.

Le mystère de la chambre noire (Choi)

Choi, 05

* Un grand merci à Choi pour la patience avec laquelle il a bien voulu expliquer ce dispositif au béotien en technique que je suis.

Le mystère de la chambre noire (Choi)

Choi, 04

Photos courtoisie de la MEP, (c) Choi


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Marc Lenot 482 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog