Laissons Christophe Barbier, le patron de l'Express, recommander, en direct sur CANAL+, l'abandon d'une fraction des congés
payés. Ami de l'épouse de l'ancien monarque, Barbier s'interroge chaque
semaine sur les cocus de Hollande ou les raisons de Sarkozy.
Il cherche sa posture d'opposant prétendument réaliste au gouvernement Hollande. Si Mélenchon et le Front de Gauche avaient
été plus forts, il aurait sans doute pris le maquis quelque part en Suisse.
La crise est d'abord sociale, et, en sus du redressement des comptes publics, il faudra bien s'y atteler. Cette crise fait
des morts, provoque des désespoirs. Les quelques « goodies » de l'été (hausse du SMIC, suppression de la hausse de la TVA, baisse du prix des carburants, revalorisation de la prime de
rentrée scolaire) sont de vrais efforts, mais largement insuffisants. Quand un bénéficiaire
du RSA s'immole dans une CAF, on attend autre chose qu'une compassion nécessaire. C'était un symptôme, et pas des moindres, l'un des plus terribles, de l'état de désespérance sociale du
pays.
La Suisse, donc, est le pays le plus compétitif du monde d'après le Forum Economique Mondial. Suivent Singapour, la Finlande, la Suède, les Pays-Bas et l'Allemagne. La France, après une décennie ratée dont quatre années de crise, a
glissé hors du podium des 20 premières places ( 18ème position en 2011, 15ème place en 2010). Immédiatement, d'aucuns se sont précipités pour répéter leur antienne connue en faveur
d'une dérégulation du marché du travail.
Au passage, on notera que le fameux coût du travail des bons élèves européens de la classe est ... plus élevé qu'en France... Rappelons ce constat, explicité en février dernier par l'INSEE, pendant la
campagne présidentielle: « Un pays avec un coût de production élevé peut être plus compétitif qu'un autre avec un faible coût de production, si sa productivité est supérieure ». Dans le
même rapport, l'INSEE rétablissait quelques idées reçues et encore propagées: la France a un coût du travail similaire à celui de l'Allemagne. Et les pénibilités physiques sont tout autant
importantes que par le passé.
Mercredi, le gouvernement a justement livré un document d'orientation sur l’emploi et la compétitivité aux
partenaires sociaux. Le texte doit fixé le cadre des négociations entre patronat et syndicats. Les premiers s'inquièteront à peine que l'horrible terme de flexibilité ait été remplacé par
l'adaptabilité. La nuance pourrait faire peur. Elle fait peur, mais à gauche, pas à droite. Les licenciements boursiers ne sont pas évoqués, évacués d'un texte qui doit laisser place à la
concertation. Mais, d'après le Nouvel Obs,
les licenciés « conserveront leurs droits à la formation et leur mutuelle.» Encore heureux !!
Les seconds - les syndicats- seront heureux de lire que le gouvernement souhaite un renforcement du pouvoir des représentants
du personnel, une modération des cotisations patronales en fonction de la proportion de CDI. Sur le chômage partiel, le dispositif proposé est calqué sur le modèle allemand: baisse des salaires
et des horaires pour six mois maximum, 60% du salaire net de prise en charge publique; 50% des cotisations patronales financées par l'Etat).
La semaine dernière,
la loi sur les emplois d'avenir a été déposé à l'Assemblée. Ce mercredi, le contrat de génération a
été présenté en conseil des ministres. Le texte prévoit la négociation d'un accord collectif dans les entreprises de 300 salariés et plus, qui doit conditionner le maintien des allègements de
cotisations dites « bas salaires ». Et pour les autres (moins de 300 salariés), les contrats de génération bénéficieront d'une aide forfaitaire « pour le jeune recruté en CDI pendant 3 ans et
pour le salarié de 57 ans et plus jusqu'à l'âge de la retraite.» En France, rappelait le Monde, 30% des 15-24 ans seulement sont en activité, contre 48% en Allemagne et 34% en moyenne en
Europe (à 27). Les 55-64 ans ne sont que 41% en situation d'emploi, contre 60% en Allemagne. Et l'an dernier, les trois quarts des recrutements du privé
ont été ... des CDD. Pas étonnant que le chômage s'envole cette année !
Le logement est l'un des autres sujets sociaux par excellence. La multiplication des niches fiscales pour favoriser la
propriété bourgeoise n'auront rien fait pour réduire la pénurie de logements, et surtout abordables.
Mercredi, la ministre du Logement présente donc les grandes lignes d'un projet de loi sur l'habitat social.
Elle fixe la barre très haut, largement au-dessus de ce qu'elle
peut atteindre en un quinquennat: « 1.700.000 familles attendent un logement social. » A droite, on hurle. On attend que Christophe Barbier, celui de l'Express, s'inquiète de la dépense
publique. Quand le plafond du livret A a été relevé, Benoist Apparu (ex-secrétaire d'Etat au logement de Nicolas Sarkozy) dénonça l'inutilité de la mesure. L'UMP a mal pour les banquiers, c'était
touchant. Mais voici que Cécile Duflot complète le dispositif. Elle durcit une loi SRU que des communes comme celles du Président des Riches s'évertuent à trahir ou contourner depuis une
décennie.
Comme annoncé en début de semaine, le taux de logement sociaux sera relevé de 20 à 25% pour les communes de
plus de 3.500 habitants situées dans les agglomérations de plus de 50.000 habitants. Et les sanctions pécuniaires multipliées par cinq. L'Etat va même libérer plus facilement près de 2.000
d'hectares de terrains publics pour les communes en manque d'espace. Peut-on se réjouir ? Presque. Deux mille hectares, ce n'est pas grand chose. Mais De quels logements sociaux parle-t-on ? Et
le logement d'urgence ? La ministre promet qu'un maximum de 50%
des nouvelles constructions pourront être des PLS (logements sociaux intermédiaires). Elle ajoute que l'application de la loi ne sera pas uniforme. On verra en fonction des efforts déjà
accomplis.