Ce soir au festival de Deauville avait lieu l'avant-première de "Lawless" ("Des Hommes sans loi", sortie le 12 septembre), en compétition au dernier festival de Cannes, film de John Hillcoat, découvert avec le somptueux "The Proposition". Plus classique, moins sombre, "Lawless", tiré d'une histoire vraie, raconte l'histoire de trois frères, trafiquants notoires en Virginie dans l'Amérique de la prohibition. Casting nickel (Tom Hardy, Shia Labeouf, Gary Oldman), image superbe, haute qualité. En revanche, l'avant-première de la veille, "Blackbird" (sortie 21 novembre), était consternante : ce film aussi niais qu'hyperviolent, tricotant une histoire d'amour improbable sur fond de tueries dans la neige, blanc et rouge tout le long du film, le frère et la soeur incestueux au sortir d'un casse, la voiture explosant on ne sait comment, le type bute deux policiers à bout portant cependant qu'un boxer sorti de prison tue son entraîneur par accident, et tout ce beau monde en cavale va se mélanger...
Et l'avant-veille lundi, l'avant-première du film de Pascal Laugier "The Secret" ; déjà auteur de "Saint Ange", le réalisateur conserve son tropisme pour le fantastique et l'enfance volée, ici, des enfants disparaissent dans une petite ville, la veuve d'un médecin, infirmière, voit son fils enlevé à son tour. Plusieurs rebondissements pas indispensables car le bon côté du film, c'est son atmosphère, pas ses coups de théâtre, et une fin moralisatrice controversée.
Hormis Pascal Laugier venir présenter son film "The Secret" lundi soir (je suis arrivée dimanche soir pour "Killer Joe" en présence de William Friedkin), deux films qui viennent de sortir ce mercredi 5 septembre, l'absence des équipes de films lors des soirées d'avant-premières, et surtout des acteurs (pour des films comme "Blackbird" avec Eric Bana, "Lawless" avec Tom Hardy, Gary Oldman, Jessica Chastain, etc...), commence à se faire sentir. Après l'ouverture du festival vendredi dernier avec un hommage à Harvey Keitel, Il faudra attendre le dernier WE pour un hommage à Liam Neeson et un autre à Salma Hayek. S'il n'y avait la multiplication de ces hommages, exception faite de Rachel Weisz et Jeremy Renner présents pour l'AP du dernier Jason Bourne samedi dernier, les stars ne viennent plus à Deauville présenter leurs films qu'au compte-goutte ; les temps ont bien changé quand on pense à la pléiade de stars de l'édition 2008, la dernière sous le partenariat Canal Plus (2008 avec Brad Pitt, George Clooney, Matt Damon, Ben et Casey Affleck, Michael Douglas...) Précédant "Lawless", on a assisté à un hommage à l'acteur réalisateur Melvin Van Peebels, icône de la Black Expoitation dans les années 70, ce qui donnait envie de le connaître davantage, un choix de ses films passe au cinéma du Casino et au Morny. Malgré tout, le public est au rendez-vous et, même en semaine, les salles sont bien remplies.
Lors de l'inauguration sur les Planches de la cabine de Melvin Van Peebles par le maire de Deauville, une dame âgée (ci-dessus) refuse obstinément de quitter la cabine qu'elle loue à l'année, mais l'organisation du festival va finir par obtenir son départ, en revanche, il est prévu qu'une fillette (ci-dessous) vienne faire dédicacer sa photo...
Ce que j'ai vu de la compétition (je ferai du rattrapage samedi et dimanche) me paraît assez fade ("Gimme the loot", "Booster", "California solo", deux petits films gentillets, le troisième nettement plus abouti, le quatrième, "Francine", sifflé hier matin) ; une compétition qui pour la première fois comporte deux films français transfuges de Cannes ("Wrong" de Quentin Dupieux, Semaine de la critique, et "The We and the I" de Michel Gondry, Quinzaine des réalisateurs). On attend beaucoup demain de "God bless America" et vendredi de "Compliance". Découvert à Cannes dans Un Certain regard, la compétition a inclus un film magnifique "Les Bêtes du sud sauvage" qui aura sûrement un prix quoi qu'il arrive. Donc, pour conclure, le meilleur moment que j'ai passé pour l'instant, c'est en allant revoir sur grand écran "To live and die in LA" (1985) de Friedkin au Morny et "Killer Joe" du même réalisateur vaut le détour. On regrette les horaires matinaux ou peu pratiques des docs de l'oncle Sam car c'est une section très intéressante qui vaudrait un festival en soi, j'ai pu voir "The Queen of Versailles", passionnant récit de l'ascension et la chute d'un couple de milliardaires, en phase avec la crise (la critique du film bientôt).
A signaler une merveille dans le cadre de la carte blanche à Agnès B "Reflets dans un oeil d'or" de John Huston avec Liz Taylor et Marlon Brando qui repasse au cinéma le Morny jeudi soir à 23h.