"[...] rien de la douleur des autres ne me touchait. J'étais absolument incapable de compassion. Je me protégeais de l'agression que je pressentais toujours dans le malheur, la souffrance et la mort, en me construisant une thébaïde d'indifférence. J'étais moi aussi toujours seul et sans doute n'avais-je encore jamais aimé quiconque sincèrement. Mon ingratitude face à la vie ne me pesait en rien. Je cultivais une passion morbide et sale pour ma cousine, je développais mes clichés dans la cave autrichienne d'un ancien nazi, je filmais des visages qui me ramenaient à mon propre bonheur sans qu'aucun de leurs rictus ne m'atteignît. J'évoluais sur l'océan constrasté que créait mon heureuse indifférence, surnageant au-dessus d'un monde à l'agonie. Et je n'en recueillais pas même une éclaboussure."
Orphelin, Zak est receuilli par son oncle et sa tante. Il passe son adolescence en leur compagnie en Autriche, alors que l'allemagne se relève difficilement de l'après-guerre. Il est à ce moment-là amoureux de sa cousine Ilse, une jeune-fille attirée par la philosophie. Mais elle lui présente son amant, un poète d'origine juive, rescapé de l'holocauste, Lenz, un jeune-homme plein d'avenir que Zak n'aura de cesse de détester en silence. La relation amoureuse entre les deux amants, Lenz et Ilse, sera aussi tumultueuse et riche, que destructrice. Zak restera malgré tout fidèle à ses sentiments pour sa talentueuse cousine, se révélera dans l'art photographique, et nous emmènera en quête de ses démons jusque dans les quartiers littéraires de Paris...
Forte de ma lecture récente d'Aral, je me suis mise à fouiller dans ma PAL à la recherche d'un autre titre de l'auteure et j'ai trouvé celui-ci, que j'avais déniché en bouquinerie il y a quelques temps. J'ai cependant été beaucoup moins séduite par cette lecture, sincèrement. Pourtant, l'écriture de Cécile Ladjali y est toujours aussi belle et irrésistible.
J'ai simplement été moins touchée par le thème et les personnages. Dans ce roman, se mêlent romantisme, histoire de la littérature et ambiance gothique. De nombreuses allusions et références m'ont clairement échappées, et voilà ce qui m'a sans doute déplu aussi, en plus de l'antipathie profonde que j'ai ressenti tout du long pour le narrateur. Dans ses sources, Cécile Ladjali évoque une allusion forte et des extraits empruntés à l'oeuvre d'Ingeborg Bachmann et de Paul Celan, et comme je ne les connais pas du tout...
Une lecture qui a, malgré mes réserves, encore une fois la qualité de brosser l'histoire avec un grand H en même temps que les petites histoires de ses protagonistes de papier.
Editions Actes Sud - 18.30€ - Août 2009
Mango a trop détesté Zak et est restée en retrait du couple - Lilly recommandait chaudement lors de la rentrée littéraire 2009 - une impression en demi-teinte pour Stephie qui souligne malgré tout la qualité de l'écriture - ...