Vive l'ignorance

Publié le 06 septembre 2012 par Boprat
Source : contrebande.org
Par Elisée Personne (pseudo)

J'élargirai le propos au-delà de la jeunesse...
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Extraits
  • Dans Le meilleur des mondes, Huxley expliquait que le bonheur vient facilement : il suffit d’être conditionné.
  • Les Américains sont, selon lui, déjà en train d’opérer cet accouplement monstrueux du réel et de l’illusion, qui les empêche de simplement penser leur propre existence. 
  • Nous appelons « vivre » toute traversée de l’existence par la consommation et pour la consommation ; ainsi soit-il.
  • Mais la situation actuelle est bien plus préoccupante que du temps de Huxley ou d’Orwell : ces deux-là avaient écrit des romans, alors que nous, nous vivons désormais dans leurs romans !
  • Jusqu’aux années 1970, la contestation était au moins reconnue comme la mouche du coche, l’aiguillon essentiel et indispensable à la réflexion, aux nécessaires remises en cause, et au progrès. Pour que la contestation puisse s’exercer, il n’était besoin que de s’exprimer, et le reste fonctionnait : tout le monde comprenait les enjeux et se faisait son opinion. 
  • Le système n’est sans doute pas aux abois. Après tout, la chute de Rome a duré quatre longs siècles. 
  • Contre la répression, nous ne connaissons, dans l’histoire récente de l’humanité, qu’un seul antidote qui permette de dépasser la bêtise, le triomphe de la force, de la violence, des armées, des mercenaires : la culture et la connaissance.
  • Qu’avons-nous tenté contre cette évolution ? À l’école, nous nous sommes satisfaits d’un ersatz de culture politique à ronger, l’éducation civique, devenue au fil du temps un enseignement apolitique pour ne pas dire antipolitique, car comment ne pas être dégoûté de la politique lorsqu’on se rend compte, au fil des leçons, que les lois ne sont faites que pour être transgressées par les puissants et pour réprimer les faibles à plein tarif ? Nous n’avons rien fait pour hâter la prise de conscience politique des jeunes, ce qui n’avait rien à voir avec l’adhésion à un parti. Nous avons tous, de l’extrême droite à l’extrême gauche, laissé la jeunesse en déshérence, l’avons privée de politique pour ne surtout pas risquer une prise de conscience trop précoce. Résultat : il n’y a de prise de conscience que des grandes idées (l’antiracisme, la fraternité…), ce qui est très bien, mais jamais des moyens divers à mettre en œuvre pour les réaliser.
  • Autant dire que l’impuissance politique a été organisée. Car on peut réclamer à cor et à cri l’égalité, la liberté et la fraternité, mais si l’on n’a aucune idée concrète de la manière de les réaliser ou même de la façon de mener le combat, alors non seulement « on a dans la bouche un cadavre », selon l’expression des années 1960, mais surtout on enterre l’idée même de mener un combat politique, pour le remplacer par de l’humanisme creux, de l’associationnisme ou de la militance dans le cadre de la société civile. 
  • L’apolitisme et le culte de l’efficacité pavent le chemin de l’enfer dictatorial des bonnes intentions de la société civile.
  • Repolitiser la jeunesse, cela signifie lui donner de la pensée politique à débattre, de la réflexion à décortiquer, des idées à faire circuler. Ce n’est pas faire adhérer à telle ou telle doctrine. Au contraire, le meilleur moyen pour éviter l’endoctrinement sectaire est de montrer l’éventail des idées et de les soumettre à la discussion et à la critique