Il y a quelques jours, un comité d’indignés baptisé “jeunesse sans futur” a diffusé ce slogan teinté d’humour noir : si tu finis tes études en Espagne, tu as trois débouchés possibles : la route, la mer et le ciel.
Hier, c’est Félix Marquardt, Mokless et Mouloud Achour qui invitaient les jeunes à quitter la France dans une tribune publiée dans Libération. Le constat des auteurs a beau être lapidaire, il n’en est pas moins juste sur de nombreux aspects.
Oui, nous vivons dans une société qui craint sa jeunesse et ne lui accorde que peu de place.
Oui, nos représentants (politique, économique, syndicaux, etc.) sont essentiellement des hommes blancs de plus de 50 ans
Oui les jeunes ont les plus grandes difficultés à se loger et subissent des prix de l’immobilier dont l’augmentation est nettement plus forte que leurs salaires d’embauche.
Et oui, il est très difficile d’être pris au sérieux avant 50 ans. Ayant créé mon entreprise à 29 ans, je ne compte plus le nombre de fois ou des clients m’ont demandé mon âge lors d’un premier entretien.
Comme j’ai eu l’occasion de l’écrire précédemment, le contrat social traditionnel était simple et connu de tous: étudier pour obtenir un diplôme et accéder à un emploi lequel permettait de se loger et de mener une vie décente tout en finançant sa retraite.
Ce contrat social est mort : le diplôme ne garantit plus l’emploi et l’exercice d’un emploi n’assure en rien la capacité à se loger et à mener une vie décente. Quant à la retraite, les jeunes commencent à comprendre qu’ils cotiseront toute leur vie sans grand espoir de retour.
Un jeune étudiant en économie me disait récemment : à quoi ça me sert de galérer avec des années de stages et de CDD pour décrocher un job qui de toute façon ne me permettra pas de me loger décemment ? Et puis, même si je décroche un CDI, je devrais certainement consacrer une énorme partie de mon salaire pour financer les retraites des baby-boomers et leur dépendance. Alors non merci. Tchao (l’intéressé ayant un projet pour partir au Québec).
Alors oui, je comprends cette envie de départ et je croise d’ailleurs de plus en plus de jeunes qui me parlent de leur démarches pour s’installer en Chine, au Brésil ou au Québec. Mais en même temps, ce phénomène m’attriste. La France peut-elle se passer de l’élan créateur sa jeunesse ? Les jeunes qui réussiront à l’autre bout du monde auront-il l’envie de revenir ? J’en doute.