Je lus ce tantôt sur la Une du Monde avec une certaine ironie le titre de l’Edito Le contrat de génération, contre le mal français (5 sept. 2012). Ce n’est bien évidemment pas le sujet dont je me moquai. Les problèmes dont s’agit ne sont nullement risibles : jeunes et seniors payent de longue date le plus lourd tribu en matière de chômage. Ce ne sont pas mes amis d’Actu-chômage qui se battent sans relâche sur tous ces fronts qui viendront me contredire, bien au contraire.
Je ne dispose pas de données comparatives concernant les autres pays, notamment européens quant à l’emploi des seniors jusqu’à l’âge légal de la retraite. En revanche, il me fut souventes fois rapporté de l’étranger et particulièrement ceux où il n’existe pas de protection sociale, le cas de personnes occupant des jobs de misère à 80 ans passés, faute de bénéficier d’une retraite et il y a 4 ou 5 ans, je vis lors d’un reportage à la télévision des retraités portugais obligés de travailler parce que leur retraite était trop faible : à la mesure des petits salaires qu’ils avaient perçu pendant leur vie active. La vie y était alors moins chère mais ensuite tout fut faussé par le passage à l’euro et l’envolée des prix qui s’en suivit, là-bas comme ici.
Je suis par ailleurs entièrement d’accord avec le principe des "contrats de génération" qui au demeurant a déjà fait ses preuves, notamment sous le gouvernement Jospin, sous le nom de « tutorat » : sur la base du volontariat, un salarié suffisamment qualifié et expérimenté qui le souhaite alors qu’il pourrait partir en retraite en bénéficiant par exemple de « mesures d’âges ». De moins en moins utilisées de nos jours - Sarkozy les vilipenda suffisamment ! - alors que rares sont les employeurs désirant conserver les salariés les plus âgés : avec l’ancienneté et l’avancée dans la grille des salaires ils coûtent forcément plus cher. Seniors acceptant d’être en quelque sorte le « maître de stage » d’un apprenti (quelque fût son âge et cela concerne en général les jeunes de 18 à 25 ans) pour lui transmettre quelque chose d’inestimable : son savoir faire et ses tours de mains, s’agissant des métiers manuels. En général les formations ont lieu en alternance avec des périodes de cours et travaux pratiques dans les Centres de formation des apprentis de chaque métier ou les lycées professionnels et autres GRETA.
Mais s’agissant du « mal français » je ne sais si l’auteur de l’éditorial - toujours anonyme sauf quand le directeur de la rédaction du Monde prend la plume sur un sujet d’importance - en connaît l’origine exacte. Il se réfère peut-être au titre de l’ouvrage d’Alain Peyrefitte (1976) qui fustigeait la société figée de cette époque : bureaucratie tatillonne, centralisation, Etat dirigiste, etc. qui décourageait les entrepreneur.
Le sujet de son article s’y prête sans doute quand bien même les problèmes économiques et sociaux d’aujourd’hui auraient-ils changé. Mais de quelque manière que l’on prît « Le mal français » à son origine - la fin du XVe siècle et le règne de Charles VIII et à l’occasion des guerres qu’il mena en Italie (1494-1495 a une toute autre signification : la soldatesque française fut accusée d’avoir transmis des maladies vénériennes aux femmes italiennes. Syphilis, blennorragie (autrement appelée « chtouille » en argot) et autres et les Italiens parlèrent donc de « mal français ». Il y eut sans doute des contaminations mais il faudrait beaucoup de mauvaise foi pour supposer que les toutes les Italiennes en étaient auparavant indemmes : les maladies vénériennes sévissaient depuis la plus haute Antiquité !
Juste retour des choses, au XVIIe siècle l’homosexualité fut appelée « mal italien » notamment à la cour de Louis XIV. La princesse Palatine (Elisabeth-Charlotte de Bavière) - « Madame », épouse de « Monsieur » le frère du roi (Philippe d’Orléans, futur Régent) - connu pour ses « mignons » qu’il comblait de bienfaits n’avait pas de mots assez durs dans sa très intéressante correspondance où elle s’exprimait sans détour avec une rude, roborative et truculente franchise contre eux, notamment d’Effiat si ma mémoire ne me trahit pas.